Ă©paississementmuqueux polypoĂŻde du sinus maxillaire droit; mĂ©tĂ©o agricole manigod; dĂ©congeler poulet cookeo. piĂšces 4l trophy; moyenne en prĂ©pa mpsi; ŰȘÙŰłÙ۱ ŰÙÙ
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LaRépublique du Zimbabwe est un pays d'Afrique australe, enclavé. Ce pays d'un peu plus de 15 millions d'habitants est entouré de la Zambie, de l'Afrique du Sud, du Botswana et
Lesespaces verts, un investissement rentable pour les villes. Augmenter de 10% la densité des espaces verts en ville pourrait permettre
Vay Tiá»n Nhanh. Les pays en anglais Voici une liste qui te permettra de trouver facilement les noms de tous les pays, de leurs habitants gentilĂ©s ainsi que les adjectifs qui leur correspondent en anglais. La plupart du temps, lâadjectif et le gentilĂ© sont semblables. Les adjectifs sâĂ©crivent toujours avec une majuscule. Notes * Terme employĂ© pour dĂ©signer la population indigĂšne. ** On ne peut pas employer un adjectif se terminant en -ese/-sh/-ch/-ss pour dĂ©signer un habitant du pays. Pour construire le gentilĂ©, on utilise donc la tournure adjectif + person/man/woman. Exemple There is a Vietnamese woman in my English y a une femme vietnamienne dans mon cours dâanglais. Mais il est possible dâemployer lâadjectif au pluriel collectif accompagnĂ© de lâarticle the pour dĂ©signer les habitants du pays en gĂ©nĂ©ral. Exemple Food and family are very important to the Vietnamiens accordent beaucoup dâimportance Ă la nourriture et Ă la famille.
Le Zimbabwe SI VOUS vous reportez Ă la carte qui figure au dĂ©but de cet Annuaire, vous apercevrez dans la partie sud du continent africain un petit pays enfermĂ© dans les terres câest le Zimbabwe anciennement la RhodĂ©sie du Sud et la RhodĂ©sie. Il sâĂ©tend entre deux fleuves, le Limpopo et le ZambĂšze. Au nord se trouve la Zambie, Ă lâest le Mozambique, au sud lâAfrique du Sud et Ă lâouest le Botswana. Le Zimbabwe doit son nom Ă plusieurs ensembles de ruines de pierre. La plupart dâentre eux avaient Ă©tĂ© bĂątis Ă lâorigine sans mortier, par des constructeurs trĂšs ingĂ©nieux Ă lâĂ©vidence. Le nom Zimbabwe signifierait âlieu de pierreâ ou âmaisons vĂ©nĂ©rĂ©esâ. Certains lui ont aussi donnĂ© le sens de âcour ou vaste lieu dâun chefâ. Quelle quâen soit la signification exacte, il a de toute façon un rapport Ă©troit avec des constructions imposantes en pierre, vestiges dâune sociĂ©tĂ© autrefois brillante. Câest aujourdâhui le nom officiel pour dĂ©signer la nation tout entiĂšre. La situation politique du pays a Ă©tĂ© le plus souvent trĂšs calme. Il y a toutefois eu une exception, et elle est de taille En effet, au cours des annĂ©es 1970 le Zimbabwe a connu une guerre meurtriĂšre qui a durĂ© presque une dĂ©cennie. Lâenjeu du conflit le pouvoir majoritaire. Depuis le dĂ©but des annĂ©es 1920 jusquâen 1965, le pays Ă©tait une colonie britannique autonome dirigĂ©e par une minoritĂ© blanche. Cependant, Ă cause du refus de la Grande-Bretagne de continuer dâaccorder lâindĂ©pendance Ă cette colonie si la majoritĂ© ne prenait pas le pouvoir, le gouvernement a dĂ©clarĂ© unilatĂ©ralement son indĂ©pendance en 1965. Des graines de mĂ©contentement ont donc commencĂ© Ă germer, et elles se sont dĂ©veloppĂ©es au point que lâopposition au pouvoir minoritaire a dĂ©gĂ©nĂ©rĂ© en une guerre totale qui ne sâest pas achevĂ©e avant 1980. Cette annĂ©e-âlĂ , on a organisĂ© pour la premiĂšre fois des Ă©lections afin de porter la majoritĂ© au pouvoir. Câest Ă la suite de ces Ă©lections que le pays a pris le nom de Zimbabwe. LES RESSOURCES NATURELLES Le Zimbabwe bĂ©nĂ©ficie dâun climat tempĂ©rĂ© et offre tout ce que lâon pourrait dĂ©sirer, si ce nâest davantage des pluies rafraĂźchissantes lâĂ©tĂ© et des journĂ©es chaudes et ensoleillĂ©es lâhiver. Les tempĂ©ratures sont presque idĂ©ales dans la plupart des rĂ©gions. Ă Harare anciennement Salisbury, la capitale, les tempĂ©ratures maximales sont en moyenne de 28 °C en Ă©tĂ© et de 18 °C en hiver. Ce climat a Ă©tĂ© trĂšs favorable au dĂ©veloppement dâune agriculture variĂ©e. Quâest-âce qui flattera le plus votre palais? Les fruits tropicaux doux et fondants, tels que les bananes, les papayes et les mangues? Ou bien des fruits plus juteux, comme les pommes, les poires, les pĂȘches et les nectarines? Vous trouverez tout cela au Zimbabwe. Pour le plaisir des yeux, le pays offre des panoramas magnifiques. Ă lâouest vous dĂ©couvrirez les cĂ©lĂšbres chutes Victoria, une des sept merveilles du monde contemporain. Ă lâest vous pourrez admirer ces impressionnantes rĂ©gions montagneuses, les âEastern Highlandsâ. En outre vous rencontrerez aussi, dispersĂ©es dans le pays, des rĂ©serves dâanimaux sauvages. Toutefois, nous voulons vous entretenir de quelque chose de plus dĂ©sirable encore que tout cela. Il sâagit de ce que JĂ©hovah appelle âles choses dĂ©sirables de toutes les nationsâ. AggĂ©e 27. Oui, nous possĂ©dons Ă©galement au Zimbabwe ces âchoses dĂ©sirablesâ, câest-Ă -dire des personnes qui embrassent le vrai culte. Mais comment sont-âelles apparues dans ce pays? DE LâINTĂRĂT DĂS LE DĂBUT Il est trĂšs difficile de savoir Ă quel moment prĂ©cis le message relatif au Royaume de Dieu a atteint pour la premiĂšre fois ce pays. Cependant, des rapports Ă©tablissent que vers 1910 de nombreux Ă©crits de la SociĂ©tĂ© en anglais circulaient dans le nord du Malawi Ă lâĂ©poque le Nyasaland et en Afrique du Sud. Au plus tard au dĂ©but des annĂ©es 1920, le message renfermĂ© dans ces Ă©crits a pĂ©nĂ©trĂ© au Zimbabwe alors la RhodĂ©sie du Sud par lâintermĂ©diaire dâouvriers itinĂ©rants. Ă partir de ce modeste dĂ©but, des groupes dâĂ©tude ont commencĂ© Ă ĂȘtre formĂ©s en divers endroits, de Mutare, situĂ© Ă la frontiĂšre du Mozambique, jusquâĂ Hwange, une ville miniĂšre importante prĂšs des chutes Victoria, Ă lâouest. Hamilton Maseko est lâun de ceux qui ont connu la vĂ©ritĂ© au tout dĂ©but de lâĆuvre. Il sert toujours fidĂšlement comme ancien Ă Pretoria, en Afrique du Sud. âEn 1924, dit-âil, je me suis rendu du Nyasaland Ă Bulawayo, oĂč jâai commencĂ© Ă frĂ©quenter les Ătudiants de la Bible. Ce que ces gens-âlĂ Ă©tudiaient avait un sens et me permettait de comprendre les promesses consignĂ©es dans la Bible.â Il est restĂ© dans cette ville pendant deux ans avant de se rendre en Afrique du Sud. Nason Mukaronda fait Ă©galement partie de ces premiers proclamateurs de la vĂ©ritĂ© divine au Zimbabwe. Il semble dâailleurs quâil ait Ă©tĂ© la premiĂšre personne Ă se faire baptiser dans ce pays. Cela se passait en 1924. Il a entrepris le ministĂšre Ă plein temps en 1947, puis il est devenu surveillant de circonscription lâannĂ©e suivante. Ă 82 ans, câest encore un pionnier spĂ©cial plein de vigueur. LâĆUVRE PROGRESSE SĂPARĂMENT Ă cause de circonstances particuliĂšres Ă ce pays, lâintĂ©rĂȘt pour le message du Royaume sâest dĂ©veloppĂ© chez les Noirs et chez les Blancs selon deux chemins parallĂšles. Voyons dâabord les progrĂšs accomplis au dĂ©but de lâĆuvre dans le territoire africain. Câest en 1924 que la vĂ©ritĂ© aurait commencĂ© Ă sây implanter. Le premier Ă connaĂźtre la vĂ©ritĂ© a Ă©tĂ© Nathan Muchinguri. Il se trouvait Ă cette Ă©poque dans les districts de lâest. Voici ce quâil dĂ©clare âLes deux hommes qui nous ont apportĂ© la vĂ©ritĂ© venaient du Nyasaland. Ils nous ont non seulement enseignĂ© les vĂ©ritĂ©s doctrinales, mais ils nous ont aussi montrĂ© que si nous voulions appartenir au peuple de Dieu nos cĆurs et nos actions devaient ĂȘtre purs.â Nathan Muchinguri a pris le baptĂȘme en cette annĂ©e 1924, et plus tard il a Ă©tĂ© le premier frĂšre Ă ĂȘtre utilisĂ© par la SociĂ©tĂ© pour traduire des Ă©crits bibliques en chona, la langue parlĂ©e par la majoritĂ© de la population. Wilson Stima et Robin Manyochi sont deux autres frĂšres qui ont jouĂ© un rĂŽle important durant ces annĂ©es-âlĂ . FrĂšre Stima sâest dâabord intĂ©ressĂ© Ă la vĂ©ritĂ© au Malawi, en 1925. Puis il sâest installĂ© au Zimbabwe, Ă Mutare, oĂč il a Ă©tĂ© dâune grande aide pour le groupe nouvellement formĂ©. Il est ensuite parti pour Bulawayo, et en 1948 il est devenu un des premiers pionniers du pays. Depuis 1955, frĂšre Stima sert comme pionnier spĂ©cial. MalgrĂ© ses 76 ans, il persĂ©vĂšre dans ce service. Quant Ă frĂšre Robin Manyochi, il a dĂ©butĂ© sa carriĂšre thĂ©ocratique en 1929 Ă Bulawayo, la deuxiĂšme ville du Zimbabwe. Mais câest Ă Salisbury aujourdâhui Harare quâil a Ă©tĂ© baptisĂ© en 1932. Quand il est arrivĂ© dans cette ville, il nâa pas tardĂ© Ă se joindre Ă Willie Kuchocha et aux quelques autres frĂšres qui composaient alors la seule congrĂ©gation de la rĂ©gion. Toutefois, frĂšres Manyochi et Kuchocha ont pris rapidement conscience que tous ceux qui frĂ©quentaient la congrĂ©gation nâĂ©taient pas des TĂ©moins de JĂ©hovah sincĂšres. Mais laissons frĂšre Manyochi nous relater ce qui est arrivĂ© âEn 1932 nous avons reçu une lettre de la filiale du Cap nous informant que nous devions commencer Ă prĂȘcher de maison en maison, ce que nous nâavions pas fait jusquâĂ prĂ©sent. De toute la congrĂ©gation, seuls frĂšre et sĆur Kaunda, Willie Kuchocha et moi avons pris Ă cĆur de suivre ces instructions, ce qui nous a valu dâĂȘtre exclus. MalgrĂ© tout, dâautres ont compris un peu plus tard que lâactivitĂ© de maison en maison Ă©tait conforme aux Ăcritures, et ils nous ont donc accompagnĂ©s. Mais que sont devenus ceux qui sâopposaient Ă cette façon de prĂȘcher? En 1933 les autoritĂ©s, que lâactivitĂ© croissante des proclamateurs inquiĂ©tait, ont expulsĂ© lâancien surveillant et son adjoint, pensant quâils Ă©taient encore les meneursâ de la congrĂ©gation.â FrĂšre Manyochi a vĂ©cu des moments particuliĂšrement mĂ©morables durant les premiĂšres annĂ©es oĂč il a connu la vĂ©ritĂ©. Une fois on lâa amenĂ© devant le commissaire du district local parce quâil prĂȘchait. Quand on lui a demandĂ© dâoĂč il tenait les choses quâil enseignait, il a rĂ©pondu âDans la Bible, le livre que vous nous avez apportĂ© en Afrique. Je ne fais quâexpliquer aux gens ce que jâapprends dans la Bible.â Robin Manyochi est aujourdâhui ĂągĂ© de 85 ans. Lui et sa femme Rosie ont passĂ© plusieurs annĂ©es dans le service de la circonscription et ils sont maintenant pionniers spĂ©ciaux. Un surveillant de circonscription a rĂ©cemment dĂ©clarĂ© Ă propos de frĂšre Manyochi âCe frĂšre ĂągĂ© accomplit un travail extraordinaire. Il conduit de nombreuses Ă©tudes de la Bible. La plupart des proclamateurs comptent beaucoup sur lui.â LES DĂBUTS DANS LE TERRITOIRE ANGLAIS Tournons-ânous maintenant vers le territoire anglais. Curieusement, les graines de vĂ©ritĂ© ont commencĂ© Ă ĂȘtre rĂ©pandues Ă peu prĂšs Ă la mĂȘme Ă©poque que dans le territoire indigĂšne, mais de façon diffĂ©rente. En 1921 trois frĂšres de la filiale dâAfrique du Sud, Henry Ancketill, P. de Jager et P. Williams, ont fait un voyage Ă©clair au Zimbabwe et ont prononcĂ© des discours Ă Bulawayo et Ă Salisbury. Dâautres frĂšres ont suivi leur exemple en 1924 et en 1925. Leur objectif principal Ă©tait dâobtenir la reconnaissance de lâĆuvre dans le pays. Malheureusement, leurs dĂ©marches nâont pas abouti. LâactivitĂ© de ces TĂ©moins anglophones Ă©tait limitĂ©e. En effet, on leur avait interdit tout contact avec les Africains, qui composaient la grande majoritĂ© de la population. NĂ©anmoins, des graines de vĂ©ritĂ© ont pu ĂȘtre semĂ©es. Entre autres endroits oĂč la vĂ©ritĂ© a pris racine, il y avait un ranch trĂšs isolĂ© de 610 000 hectares, oĂč Jack McLuckie travaillait. CâĂ©tait en 1928. La femme de Jack, Dorell, se trouvait en Afrique du Sud Ă ce moment-âlĂ , et le frĂšre de Jack, Bert, lui a fait part du message du Royaume. Ă la suite de cela, Jack a reçu les sept volumes des Ătudes des Ăcritures. Jack Ă©tait si enthousiasmĂ© par ce quâil apprenait quâimmĂ©diatement il a eu lâimmense dĂ©sir de faire connaĂźtre la bonne nouvelle Ă ses amis. Mais ce nâĂ©tait pas facile. En effet, le bureau de poste le plus proche se trouvait Ă quelque 90 kilomĂštres. Quant aux voisins, ils Ă©taient peu nombreux et habitaient assez loin du ranch. En ce qui concerne les moyens de transport, ils se limitaient au mulet et au char Ă bĆufs. Toutefois, ce nâest pas ce qui a arrĂȘtĂ© Jack. Il a Ă©crit Ă la SociĂ©tĂ© pour demander des brochures afin de les distribuer. Lorsquâil se rĂ©unissait avec des voisins Ă la ferme, il saisissait toutes les occasions de rendre tĂ©moignage au Royaume. Du reste, Jack, son frĂšre Bert surnommĂ©s affectueusement âoncle Jackâ et âoncle Bertieâ et leur famille sont devenus si zĂ©lĂ©s que dans tout le sud du pays la vĂ©ritĂ© allait ĂȘtre connue comme âla religion des McLuckieâ. DANS LES ANNĂES 1930 La filiale dâAfrique du Sud, rĂ©solue Ă implanter solidement la vĂ©ritĂ© parmi toutes les races, a envoyĂ© au Zimbabwe en 1932 quatre pionniers, dont Robert Nisbet qui sert aujourdâhui en Australie. Mais leur voyage ne sâest pas dĂ©roulĂ© sans problĂšmes. Ils Ă©taient dans le pays depuis dix jours seulement que dĂ©jĂ ils Ă©taient convoquĂ©s Ă la police judiciaire. Quelques jours plus tard, on leur a intimĂ© lâordre de quitter le pays dans les quarante-huit heures en leur disant quâil nâĂ©tait pas question pour eux de faire appel. MalgrĂ© tout, ils ont pu interjeter appel. FrĂšre Nisbet raconte âOn nous a autorisĂ©s Ă rester six mois de plus Ă condition de ne pas dĂ©ployer notre activitĂ© parmi les Africainsâ, ce qui semblait ĂȘtre la grande crainte des autoritĂ©s en ce temps-âlĂ . Cette visite effectuĂ©e en 1932 a produit peu de rĂ©sultats. On en a cependant organisĂ© une autre en 1938, et celle-ci a portĂ© plus de fruits. Ă cette Ă©poque, les proclamateurs Ă©taient assez nombreux pour que lâon puisse former la premiĂšre congrĂ©gation dâexpression anglaise. LA BARRIĂRE RACIALE Pendant ce temps, le Zimbabwe ouvrait ses portes Ă un frĂšre qui devait faire beaucoup pour poser les fondements de lâĆuvre dans le pays, et plus particuliĂšrement dans le territoire de Bulawayo. Il sâagit de Willie McGregor. Bien quâil soit maintenant ĂągĂ© de 80 ans, il sert toujours comme ancien dans une congrĂ©gation de Bulawayo. Ce frĂšre a Ă©tĂ© baptisĂ© en Ăcosse en 1924, puis il est venu au Zimbabwe en 1929 oĂč il a travaillĂ© comme employĂ© de banque. En 1933 il sâest installĂ© Ă Bulawayo, et il a Ă©tĂ© dâune aide trĂšs prĂ©cieuse pour les frĂšres durant les annĂ©es difficiles. Nâoubliez pas que pendant cette pĂ©riode le gouvernement ne se montrait guĂšre prĂȘt Ă coopĂ©rer avec les TĂ©moins, notamment avec les frĂšres africains. Robert Nisbet reconnaĂźt que âlâopposition qui venait Ă la fois du gouvernement et de nombreux RhodĂ©siens blancs a Ă©tĂ©, humainement parlant, trĂšs Ă©prouvanteâ. Les adversaires exerçaient de constantes pressions pour empĂȘcher le message de se rĂ©pandre dans le territoire indigĂšne. Ceci prĂ©sent Ă lâesprit, il est intĂ©ressant de savoir comment sâest dĂ©roulĂ©e la premiĂšre Ă©tude de La Tour de Garde qui rĂ©unissait des frĂšres africains et anglais. Pour la circonstance, on avait demandĂ© lâaide de deux traducteurs. Mais Ă©coutons le rĂ©cit de Willie McGregor âLâĂ©tude avait commencĂ© depuis environ une demi-heure, quand nous avons vu sâapprocher douze Ă quinze policiers Ă cheval. Cela a provoquĂ© une certaine tension. Jâai demandĂ© aux frĂšres de poursuivre lâĂ©tude comme si de rien nâĂ©tait. Les policiers se sont avancĂ©s encore un peu plus afin de nous encercler lâĂ©tude se dĂ©roulait sous un arbre, en plein air. Ils sâĂ©taient postĂ©s suffisamment prĂšs pour entendre ce qui Ă©tait dit et leurs chevaux Ă©taient tournĂ©s vers nous. Ils sont restĂ©s lĂ jusquâĂ la priĂšre finale. Au signal donnĂ©, ils ont fait demi-tour et sont partis.â Il nây a eu aucune arrestation, aucune fouille. La barriĂšre qui empĂȘchait nos frĂšres noirs et nos frĂšres blancs de se rĂ©unir avait-âelle disparue? Pas exactement. Mais un pas avait Ă©tĂ© franchi vers sa suppression. DES BATAILLES JURIDIQUES Nâayant pu empĂȘcher la vĂ©ritĂ© de prendre racine au Zimbabwe, les autoritĂ©s ont utilisĂ© dâautres moyens pour sâopposer Ă elle. De fait, lâannĂ©e 1936 a marquĂ© le dĂ©but dâune dĂ©cennie qui a vu la persĂ©cution officielle la plus intense jamais dirigĂ©e contre les TĂ©moins du Zimbabwe. Cette annĂ©e-âlĂ , le gouvernement a promulguĂ© la loi sur la sĂ©dition et a dĂ©crĂ©tĂ© que quatorze publications de la SociĂ©tĂ© Ă©taient sĂ©ditieuses. En 1937, lâaffaire a Ă©tĂ© portĂ©e devant les tribunaux, et le verdict prononcĂ© devait faire jurisprudence. Voici comment Willie McGregor dĂ©crit ce qui sâest passĂ© âLes juges de Bulawayo ont estimĂ© que les publications de la SociĂ©tĂ© incitaient Ă la rĂ©bellion. On a par consĂ©quent fait appel, et la Haute cour de Bulawayo a rendu son verdict Les publications nâĂ©taient pas sĂ©ditieuses.â Montrant Ă quel point il Ă©tait rĂ©solu Ă interrompre la diffusion de nos Ă©crits bibliques, âle gouvernement a lui aussi formĂ© un pourvoi devant la division dâappel Ă Bloemfontein, en Afrique du Sud. En mars 1938, celle-ci a confirmĂ© le jugement de la Haute cour de Bulawayo Les publications nâĂ©taient pas sĂ©ditieuses. Elle a donc rejetĂ© lâappel et a condamnĂ© le gouvernement aux dĂ©pensâ. Cette affaire a permis de donner un excellent tĂ©moignage. Le Chronicle de Bulawayo a publiĂ© tous les attendus du jugement. Au tribunal, George Phillips, membre de la filiale du Cap, Ă©tait assis Ă cĂŽtĂ© de lâavocat de la SociĂ©tĂ©. Il lâaidait Ă trouver des versets de la Bible appropriĂ©s et lui apportait son concours lorsquâil fallait expliquer les extraits des publications jugĂ©es sĂ©ditieuses. Soit dit en passant, lâavocat de la SociĂ©tĂ©, M. Hugh Beadle, est devenu plus tard le prĂ©sident de la Cour suprĂȘme de RhodĂ©sie Zimbabwe. LâOPPOSITION SâACCENTUE En 1939, les adversaires ont intensifiĂ© leurs efforts pour freiner les activitĂ©s de ce groupe de TĂ©moins zĂ©lĂ©s qui sâagrandissait, bien quâil fĂ»t encore assez peu important. En ce temps-âlĂ , il y avait 477 proclamateurs dans le pays, dont 16 Ă©taient de race blanche. CâĂ©tait surtout contre ces derniers que lâopposition Ă©tait dirigĂ©e. Cette mĂȘme annĂ©e, une famille se dĂ©plaçait au Zimbabwe, ce qui allait avoir une grande influence sur lâĆuvre du Royaume dans ce pays. Il sâagissait de Bert McLuckie, le frĂšre de Jack, de sa femme Carmen et de leurs enfants. Aujourdâhui encore Bert McLuckie, pourtant ĂągĂ© de 85 ans Ă prĂ©sent, est connu pour la ferveur de ses discours et son zĂšle infatigable pour JĂ©hovah. Ce zĂšle devait lâamener, lui et sa famille, Ă se trouver au cĆur de nombreux Ă©vĂ©nements passionnants, comme nous allons le voir. Durant lâannĂ©e 1940, les activitĂ©s du peuple de JĂ©hovah donnaient lieu Ă maintes discussions et Ă beaucoup dâinquiĂ©tude, surtout parmi les chefs religieux. Les journaux publiaient des lettres visant Ă discrĂ©diter lâĆuvre de JĂ©hovah. En rĂ©ponse Ă toutes ces attaques, la filiale du Cap avait imprimĂ© un tract intitulĂ© LâintolĂ©rance religieuse en RhodĂ©sie du Sud. Il Ă©tait destinĂ© Ă âtous les habitants de la RhodĂ©sie respectueux de lâordreâ. Ce tract a Ă©tĂ© distribuĂ© dans tous les foyers, les bureaux et les quartiers dâaffaires de Bulawayo et de la banlieue. En novembre 1940, le gouvernement a alors profitĂ© de lâhystĂ©rie de la guerre pour interdire lâimportation et la diffusion de tous les Ă©crits de la SociĂ©tĂ©. La poignĂ©e de frĂšres, stimulĂ©s par le zĂšle de certains dâentre eux, comme Jack et Bert McLuckie et Willie McGregor, ont aussitĂŽt voulu savoir ce que valait une telle restriction. Ils sont partis dans le territoire avec des publications. La rĂ©action des autoritĂ©s ne sâest pas fait attendre! La police a procĂ©dĂ© Ă des arrestations et une sĂ©rie de procĂšs ont suivi. Au dĂ©but, la plupart des frĂšres bĂ©nĂ©ficiaient dâun non-lieu et nâĂ©taient pas jugĂ©s. Mais les choses devaient trĂšs vite changer. Peut-ĂȘtre aimeriez-âvous entendre une anecdote amusante. Un jour Bert et Jack McLuckie se sont retrouvĂ©s au tribunal. Jack nâĂ©tait pas le genre de personne qui aurait aimĂ© ĂȘtre relĂąchĂ© pour une simple question de procĂ©dure; il aurait plutĂŽt prĂ©fĂ©rĂ© aller en prison. Laissons Bert nous faire part de ce qui est arrivĂ© âOn mâa autorisĂ© Ă interroger les tĂ©moins Ă charge. Puisque Jack et moi nous nous ressemblons comme deux gouttes dâeau, je leur ai demandĂ© sâils pouvaient dire avec certitude lequel de nous deux les avait abordĂ©s. Comme ils nâĂ©taient pas affirmatifs, lâaffaire a Ă©tĂ© classĂ©e, au grand dĂ©sappointement de Jack.â Ă cette mĂȘme Ă©poque, un grand nombre de frĂšres se sont retrouvĂ©s en prison, certains parce quâils avaient diffusĂ© des Ă©crits interdits, dâautres Ă cause de leur neutralitĂ© chrĂ©tienne. Willie McGregor Ă©tait de ceux-lĂ . Il Ă©tait employĂ© de banque mais avait Ă©tĂ© renvoyĂ© de son travail. Voici ce quâil explique Ă propos de son emprisonnement âJâĂ©tais le seul dans cette prison pour EuropĂ©ens Ă effectuer des tĂąches pĂ©nibles. Bien que les autres dĂ©tenus aient Ă©tĂ© condamnĂ©s pour meurtre, vol et violence de toutes sortes, ils passaient leur temps Ă jouer aux Ă©checs ou aux dominos et Ă lire des livres. Quant Ă moi, je devais peindre les tuyaux et les boiseries Ă lâextĂ©rieur du bĂątiment.â UN TOURNANT SâAMORCE Au dĂ©but des annĂ©es 1940, les autoritĂ©s nâont pas modifiĂ© leur attitude Ă lâĂ©gard de lâĆuvre du Royaume. En 1942 lâannĂ©e oĂč Bert McLuckie passa encore quatre mois et demi en prison, les frĂšres ont imprimĂ© une brochure qui contenait des extraits de lâAnnuaire et qui Ă©tait intitulĂ©e Les TĂ©moins de JĂ©hovah Qui sont-âils? En quoi consiste leur activitĂ©? Mais les arrestations ne faisaient que se multiplier, et cela bien que la brochure ne portĂąt plus le nom dâaucun proclamateur. Parmi ceux qui ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s figuraient Willie McGregor et Gerry Arsenis, un frĂšre grec baptisĂ© depuis peu qui vivait Ă Salisbury aujourdâhui Harare. Toutefois, la situation devait sâapaiser progressivement. TĂ©moin cette longue lettre quâune femme a adressĂ©e au Bulawayo Chronicle et dont voici le contenu âUn jour M. McLuckie est venu chez nous. Il Ă©tait trĂšs calme et tenait une Bible Ă la main. Quand je suis allĂ©e ouvrir la porte, il mâa dit dâune façon courtoise Je vous apporte un message, aimeriez-âvous lâentendre?â Jâai rĂ©pliquĂ© sĂšchement Vous nâavez pas encore retenu la leçon?â Il mâa alors rĂ©pondu De quoi voulez-âvous parler? De notre sĂ©jour en prison?â Ouiâ, lui ai-âje rĂ©torquĂ©. Sur quoi jâai appelĂ© mon mari pour quâil sâoccupe de lui. Mais lâattitude de cet homme qui avait la Bible Ă la main et qui se montrait poli Ă©tait irrĂ©prochable. On ne pouvait donc pas employer la violence pour le mettre Ă la porte ni mĂȘme appeler la police. Nous nâavons pas su quoi lui dire et il est reparti aussi tranquillement quâil Ă©tait venu.â Pendant la Seconde Guerre mondiale, le nombre des proclamateurs nâa cessĂ© dâaugmenter pour atteindre finalement un maximum de 1 090 prĂ©dicateurs en 1943. LâannĂ©e suivante, en dĂ©pit des restrictions que connaissait lâĆuvre, deux assemblĂ©es ont Ă©tĂ© organisĂ©es pour les frĂšres qui parlaient la langue du pays, et une autre, plus petite, pour la congrĂ©gation dâexpression anglaise. On a enregistrĂ© pour ces trois assemblĂ©es une assistance totale de 1 101 personnes. Durant cette pĂ©riode au cours de laquelle nos frĂšres blancs ont dĂ» affronter maintes difficultĂ©s, les TĂ©moins africains Ă©taient donc trĂšs actifs. LES RESTRICTIONS SONT LEVĂES Les frĂšres se sont vraiment rĂ©jouis dâapprendre en 1946 que le gouvernement ĂŽtait enfin les restrictions sur lâimportation et la diffusion des Ă©crits de la SociĂ©tĂ©. Cependant, il allait y avoir un grand travail Ă effectuer pour apprendre aux proclamateurs Ă donner le tĂ©moignage de maison en maison. Il Ă©tait aussi indispensable dâavoir des frĂšres qui prennent la tĂȘte dans la prĂ©dication. Le 1er juillet 1947, un grand pas a Ă©tĂ© franchi pour combler ce besoin. Ă cette date, Bert McLuckie a Ă©tĂ© chargĂ© dâouvrir un dĂ©pĂŽt pour la SociĂ©tĂ© Ă Bulawayo, sous la direction de la filiale dâAfrique du Sud. DĂBUT DE LâACTIVITĂ DES PIONNIERS Jusquâen 1947 on nâavait pas beaucoup parlĂ© du service de pionnier. Mais Ă partir de cette annĂ©e-âlĂ , on a mis lâaccent sur cette forme de service. Auparavant, le Zimbabwe ne comptait que deux ou trois pionniers, et certaines annĂ©es il y en avait mĂȘme aucun. En 1947 nous avions 3 pionniers, dont Naso Mukaronda et Robin Manyochi. DĂšs lors, le service de pionnier a commencĂ© Ă se dĂ©velopper rapidement. En 1949 nous avions une moyenne de 114 pionniers; en 1950 leur nombre a augmentĂ© de 156 pour cent et sâĂ©levait Ă 292. Câest Ă©galement en 1949 que Zachariah Noah est devenu le premier pionnier spĂ©cial du pays. LâĆuvre prenait son essor. ORGANISĂS POUR ALLER DE LâAVANT Jusquâalors câĂ©tait la filiale dâAfrique du Sud qui sâoccupait de lâĆuvre au Zimbabwe. Mais en 1948 il sâest produit un changement qui devait avoir des effets dâune portĂ©e considĂ©rable. Au mois de janvier est arrivĂ© pour la premiĂšre fois un diplĂŽmĂ© de lâĂcole de Galaad, Eric Cooke, que lâAnnuaire appelait notre âdon de Galaadâ. Peu de temps aprĂšs, frĂšres N. Knorr et M. Henschel ont fait escale ici. Leur visite a marquĂ© une nouvelle Ă©tape importante dans lâamĂ©lioration apportĂ©e Ă la surveillance et Ă lâorganisation des congrĂ©gations. Une filiale a donc Ă©tĂ© ouverte le 1er septembre 1948, et Eric Cooke a Ă©tĂ© dĂ©signĂ© pour en ĂȘtre le surveillant. Il Ă©tait Ă©vident que lâactivitĂ© avait besoin dâĂȘtre mieux dirigĂ©e, car le nombre des proclamateurs avait dĂ©jĂ dĂ©passĂ© le cap des 3 500, rĂ©partis dans 117 congrĂ©gations. Pour ce faire, en 1948 ces congrĂ©gations ont Ă©tĂ© regroupĂ©es en 5 circonscriptions. Imaginez la tĂąche de ces surveillants de circonscription ils Ă©taient 5 pour un pays dâĂ peu prĂšs 400 000 kilomĂštres carrĂ©s! Ils se dĂ©plaçaient parfois en autocar ou en train, mais le plus souvent ils devaient prendre la bicyclette! Ce nâĂ©tait toutefois quâun commencement. DU RENFORT DE GALAAD Vous vous rappelez que dĂšs le dĂ©but lâactivitĂ© Ă©tait freinĂ©e parce que les frĂšres europĂ©ens ne pouvaient pas travailler dans les rĂ©gions oĂč vivaient les Africains. En effet, les frĂšres blancs nâĂ©taient pas autorisĂ©s Ă pĂ©nĂ©trer dans ce quâon appelait les ârĂ©serves indigĂšnesâ, mĂȘme pour surveiller lâĆuvre. Câest dans ce contexte-âlĂ que sont arrivĂ©s en fĂ©vrier 1949 quatre diplĂŽmĂ©s de la dixiĂšme classe de Galaad George et Ruby Bradley, Myrtle Taylor et Phyllis Kite. Eric Cooke et Myrtle Taylor devaient se marier plus tard, et ils servent maintenant comme missionnaires en Afrique du Sud. On avait donnĂ© Ă ces quatre missionnaires une autorisation de sĂ©jour dans le pays, mais seulement Ă titre provisoire. Pourquoi? Parce que, selon le chef du service de lâimmigration, les TĂ©moins de JĂ©hovah Ă©taient encore sur la âliste noireâ des autoritĂ©s. Cependant, aprĂšs plusieurs mois dâactivitĂ© parmi les Blancs Ă Bulawayo, Eric Cooke a Ă©tĂ© convoquĂ© au service de lâimmigration oĂč on lâa informĂ© que la pĂ©riode dâautorisation temporaire Ă©tait achevĂ©e et quâelle devenait permanente pour les quatre missionnaires. Cette victoire allait permettre Ă dâautres diplĂŽmĂ©s de Galaad de se rendre ultĂ©rieurement dans ce pays. LâACCROISSEMENT SE POURSUIT Ce succĂšs nâa pas levĂ© pour autant les restrictions concernant lâactivitĂ© des Blancs dans les endroits rĂ©servĂ©s aux Africains. Il a cependant jouĂ© un rĂŽle non nĂ©gligeable pour affermir la prĂ©dication du Royaume dans les rĂ©gions anglophones. Par exemple, Ă Bulawayo, oĂč la filiale et la maison des missionnaires avaient Ă©tĂ© installĂ©es, la congrĂ©gation a connu en 1949 un accroissement de 54 pour cent du nombre des proclamateurs. Doren Kilgour, qui venait de cette congrĂ©gation, a Ă©tĂ© lâun de nos premiers pionniers Ă se rendre Ă lâĂcole de Galaad, oĂč elle a reçu son diplĂŽme en 1956. AprĂšs quelques annĂ©es passĂ©es au Zimbabwe, elle a Ă©tĂ© envoyĂ©e en Afrique du Sud et y a servi en tant que missionnaire jusquâen fĂ©vrier 1983. Puis elle a dĂ» revenir au Zimbabwe pour prendre soin de sa mĂšre ĂągĂ©e. Elle continue Ă donner un bel exemple en tant que pionnier spĂ©cial. Pendant cette pĂ©riode, lâaccroissement a Ă©tĂ© rapide. De 1948 Ă 1951, le maximum de proclamateurs est passĂ© de 4 232 Ă 9 088, les congrĂ©gations se sont accrues de 117 Ă 191 et les circonscriptions de cinq Ă sept. LâannĂ©e de service 1951 a Ă©tĂ© trĂšs rĂ©jouissante. Il y a eu 37 pour cent dâaccroissement sur la moyenne des proclamateurs. DE LâAIDE INATTENDUE ArrĂȘtons-ânous un moment sur les sentiments que bien des gens avaient dĂ©veloppĂ©s Ă lâĂ©gard des TĂ©moins de JĂ©hovah, sentiments qui les amenaient Ă suspecter les intentions des frĂšres. Pour illustrer cela, voyons ce qui est arrivĂ© Ă George Bradley Ă Salisbury, durant le mois de juin 1950, aprĂšs le transfert dans la capitale du bureau de la filiale et de la maison des missionnaires. Alors que frĂšre Bradley dĂ©ployait son activitĂ© dans les rues, un homme bien vĂȘtu, apparemment surpris de voir La Tour de Garde et RĂ©veillez-vous! prĂ©sentĂ©s au vu et au su de tous, sâest approchĂ© de lui et lui a demandĂ© âEst-âce que câest communiste?â RassurĂ© par la rĂ©ponse nĂ©gative du frĂšre, il a alors dĂ©clarĂ© âJe mâappelle Dendy-Young, je suis membre du Parlement, et je dois avouer que je ne connais absolument pas votre activitĂ©.â AprĂšs avoir acceptĂ© deux pĂ©riodiques, il a demandĂ© Ă ĂȘtre visitĂ© Ă son bureau le lendemain. Au cours de cet entretien, il a reconnu que les pĂ©riodiques Ă©taient tout Ă fait inoffensifs et a demandĂ© quâon lui fasse parvenir une lettre expliquant clairement le but de notre Ćuvre. Pourquoi cela? Eh bien parce que le Parlement allait dĂ©battre la loi sur les activitĂ©s subversives, et M. Dendy-Young avait lâimpression que les TĂ©moins de JĂ©hovah allaient aussi ĂȘtre en cause. Il voulait lire devant le Parlement une lettre qui exposerait les faits. Il a tenu parole et la lettre a Ă©tĂ© lue dans son entier. Quand le projet a eu force de loi, il nâa jamais Ă©tĂ© appliquĂ© Ă lâĆuvre des TĂ©moins de JĂ©hovah. PROBLĂMES DâIMPORTATION Au dĂ©but des annĂ©es 1950, un important conflit a Ă©tĂ© engagĂ© Ă propos de lâimportation dâĂ©crits bibliques dans le pays. Depuis quâun dĂ©pĂŽt avait Ă©tĂ© ouvert en 1947, celle-ci nous Ă©tait accordĂ©e chaque annĂ©e contre une modique somme versĂ©e en dollars. Mais quand nous avons renouvelĂ© la demande au dĂ©but de 1950, on nous lâa refusĂ©e. MĂȘme lorsque la filiale a proposĂ© un accord sur la base dâun don volontaire, la rĂ©ponse a Ă©tĂ© nĂ©gative. Que devions-ânous faire? Nous nâavions pas le choix. Il fallait continuer Ă demander, dans lâespoir que les autoritĂ©s reviendraient sur leur dĂ©cision. Enfin, en aoĂ»t 1951, on nous a donnĂ© lâautorisation dâimporter des publications en tant que don. Ainsi aucune devise Ă©trangĂšre ne sortirait du pays et cela ne toucherait pas non plus les recettes extĂ©rieures du gouvernement. La premiĂšre fois, on nous a permis dâimporter des Ă©crits pour une somme de 11 200 dollars environ 110 000 francs français. Nous avons cru Ă une erreur. Aussi avions-ânous dĂ©cidĂ© dâen profiter au cas oĂč nous nâobtiendrions pas une nouvelle autorisation. Nous avons donc utilisĂ© la somme maximale et en retour nous avons reçu 32 000 exemplaires du livre La religion a-ât-âelle servi lâhumanitĂ©? Nous sommes heureux que ce livre se soit rĂ©vĂ©lĂ© un prĂ©cieux ouvrage pour Ă©tudier la Bible, car nous avons continuĂ© Ă lâoffrir jusquâen 1975, soit 24 ans plus tard. UNE MEILLEURE ORGANISATION POUR RĂPONDRE AUX BESOINS AprĂšs lâouverture de la filiale en 1948, nous avons connu un accroissement trĂšs rapide. Les chiffres peuvent ne pas nous Ă©clairer beaucoup, mais parfois ils sont rĂ©vĂ©lateurs. Par exemple, en 1949 il y a eu 7 415 assistants et 647 baptĂȘmes aux cinq assemblĂ©es de circonscription. Dans les trois annĂ©es suivantes, 5 186 personnes ont Ă©tĂ© baptisĂ©es, soit 1 587 de plus que le nombre moyen de proclamateurs dans le pays lâannĂ©e oĂč la filiale a Ă©tĂ© ouverte. Câest alors quâun autre Ă©vĂ©nement sâest produit. Au mois de dĂ©cembre 1952, frĂšres Knorr et Henschel nous ont rendu une autre visite. Cette fois-âci, lors dâun congrĂšs en plein air qui se dĂ©roulait pendant la saison chaude et pluvieuse, ils se sont adressĂ©s Ă 15 000 personnes, soit une assistance deux fois plus nombreuse quâen 1949. On a donc compris quâune meilleure organisation Ă©tait indispensable. Câest ainsi quâon a achetĂ© un bĂątiment dans le centre de la capitale. La maison des missionnaires et le bureau de la filiale allaient sây installer pour les 20 annĂ©es Ă venir. LâACTIVITĂ DU DISTRICT APPORTE DES BIENFAITS Jusquâen 1953, lâactivitĂ© du surveillant de district Ă©tait dirigĂ©e Ă partir de la filiale. Mais il devenait Ă©vident quâun surveillant de district Ă plein temps Ă©tait nĂ©cessaire, puisque les circonscriptions Ă©taient Ă prĂ©sent au nombre de 13. Depuis lors, on a nommĂ© des surveillants de district Ă temps complet, qui ont Ă©tĂ© surtout dans les annĂ©es suivantes des diplĂŽmĂ©s de Galaad. MĂȘme si les surveillants de district ne pouvaient pas encore se rendre dans certains endroits, leur activitĂ© a nĂ©anmoins apportĂ© beaucoup de bienfaits. Entre autres, elle a aidĂ© un grand nombre de fermiers et de mineurs Ă se dĂ©faire de leurs prĂ©jugĂ©s concernant notre Ćuvre. Voyons-âen un exemple. Un jour, on avait organisĂ© une assemblĂ©e de circonscription Ă Mberengwa, petit village situĂ© au sud du pays dans une vaste rĂ©gion qui comprend beaucoup de fermes et de mines gĂ©rĂ©es par les EuropĂ©ens. Pendant que les prĂ©paratifs allaient bon train, Ruby Bradley Ă©tait allĂ© visiter un retraitĂ© qui habitait prĂšs de la mine. Cet homme avait beaucoup dâidĂ©es prĂ©conçues sur notre activitĂ©. Il Ă©tait profondĂ©ment inquiet des rĂ©percussions quâelle pouvait avoir sur les Africains. AprĂšs quâil eut fini de dire tout ce quâil avait sur le cĆur, sĆur Bradley lui demanda âVoulez-âvous me donner une petite chance de vous montrer en quoi consiste notre Ćuvre?â Il acquiesça. Ainsi, pendant les quelques minutes qui suivirent, elle lui expliqua le but de la prĂ©dication du Royaume. Elle lui dit aussi que des directeurs de grandes compagnies miniĂšres elle en connaissait un avaient remarquĂ© que les TĂ©moins africains Ă©taient honnĂȘtes et dignes de confiance. Cet homme fut si impressionnĂ© par ce quâil entendit quâil prit quatre livres et sâabonna Ă La Tour de Garde et Ă RĂ©veillez-vous! Cette visite sâavĂ©ra finalement trĂšs profitable. Nous savions que beaucoup sâopposaient Ă notre assemblĂ©e et allaient tenter de lâinterrompre. Mais cet homme sincĂšre prit sur lui de clarifier les choses. Il se rendit Ă lâhĂŽtel du village, oĂč de nombreuses personnes sâĂ©taient rassemblĂ©es, et il leur fit part de ce quâil avait appris. Depuis, les assemblĂ©es nâont plus jamais Ă©tĂ© perturbĂ©es dans cette rĂ©gion. Ă cette Ă©poque, lâintĂ©rĂȘt pour le message du Royaume Ă©tait remarquable dans ces endroits isolĂ©s. Il arrivait souvent que le surveillant de district et sa femme placent toutes leurs publications et quâils nâaient alors dâautre ressource que de proposer lâabonnement aux habitants du territoire. Le travail effectuĂ© dans le district a permis Ă©galement de faire connaĂźtre les films de la SociĂ©tĂ©. En 1954, au cours dâune assemblĂ©e de circonscription, on projeta le film intitulĂ© La SociĂ©tĂ© du Monde Nouveau en action. Il Ă©tait trĂšs rĂ©jouissant de voir 3 378 personnes assister Ă la sĂ©ance, alors quâil nây avait que 700 proclamateurs environ dans la circonscription. Dâautres films ont Ă©tĂ© projetĂ©s depuis cette Ă©poque et ont continuĂ© dâattirer des foules de personnes. Beaucoup Ă©taient Ă©tonnĂ©s lorsquâils voyaient que lâorganisation de JĂ©hovah sâĂ©tendait sur toute la terre. LES CONGRĂGATIONS COMMENCENT Ă ĂTRE PURIFIĂES Lâaccroissement trĂšs rapide du dĂ©but des annĂ©es 1950 nâallait pas sans poser de problĂšmes. Il devint Ă©vident quâun grand nombre de ceux qui avaient Ă©tĂ© baptisĂ©s nâavaient pas vraiment abandonnĂ© leurs pratiques et leurs habitudes mauvaises. Certains sâĂ©taient fait baptiser simplement parce quâils assistaient aux assemblĂ©es de circonscription, et ils ne sâĂ©taient pas entiĂšrement vouĂ©s Ă JĂ©hovah. Pour dâautres, le baptĂȘme ne fut quâun feu de paille ou lâattrait de quelque chose de nouveau. De plus, de nombreux mariages chrĂ©tiens nâavaient pas Ă©tĂ© enregistrĂ©s lĂ©galement. Avant que les Blancs nâarrivent au Zimbabwe, les mariages Ă©taient cĂ©lĂ©brĂ©s selon la tradition africaine. Par exemple, on recourait Ă des intermĂ©diaires, ou bien la fiancĂ©e Ă©tait mise Ă prix. Ces pratiques ont continuĂ© aprĂšs que le gouvernement a demandĂ© que les mariages soient reconnus par les autoritĂ©s civiles. Pour rĂ©gler cette question, le gouvernement a dĂ©cidĂ© de valider tous les mariages qui avaient Ă©tĂ© cĂ©lĂ©brĂ©s selon les coutumes tribales avant le 1er janvier 1951. Depuis cette date, tous les mariages doivent ĂȘtre enregistrĂ©s lĂ©galement pour ĂȘtre reconnus par les autoritĂ©s. Mais les coutumes ancestrales sont profondĂ©ment ancrĂ©es dans la vie quotidienne et beaucoup de gens y sont restĂ©s attachĂ©s. La SociĂ©tĂ©, quant Ă elle, ne pouvait Ă©videmment pas accepter les mariages cĂ©lĂ©brĂ©s selon les coutumes tribales aprĂšs le 1er janvier 1951, qui nâĂ©taient plus reconnus par le gouvernement Rom. 131, 2; Luc 21-5. AprĂšs avoir examinĂ© la question sous tous les angles, elle a informĂ© les congrĂ©gations des exigences bibliques. Tous ceux qui nâĂ©taient pas dans une situation matrimoniale lĂ©gale devaient la rĂ©gulariser dans les six mois. PassĂ© ce dĂ©lai, si rien nâavait Ă©tĂ© fait dans ce sens et sâil nây avait aucune circonstance attĂ©nuante, ils Ă©taient exclus. Il est rĂ©jouissant de savoir que de nombreux TĂ©moins, par amour pour JĂ©hovah, ont fait sans tarder les dĂ©marches nĂ©cessaires. Mais ce nâĂ©tait pas une mince affaire. Certains ont dĂ» se rendre dans des pays voisins ou faire venir des parents de ces pays avant de pouvoir entamer la procĂ©dure. Quelques centaines de frĂšres et sĆurs nâont cependant pas voulu apporter les changements nĂ©cessaires pour vivre en harmonie avec les justes principes de JĂ©hovah et ont dĂ» ĂȘtre exclus au dĂ©but de 1955. Mais il est encourageant dâapprendre que rĂ©cemment, aprĂšs avoir rĂ©gularisĂ© leur situation, certains ont Ă©tĂ© rĂ©intĂ©grĂ©s et servent de nouveau JĂ©hovah joyeusement. LE NOMBRE DES PIONNIERS DIMINUE Câest en 1949 que le service de pionnier a commencĂ© Ă se dĂ©velopper. Cette annĂ©e-âlĂ , 114 prĂ©dicateurs servaient dans les rangs des pionniers, et en 1952 leur nombre passait Ă 949, sans compter les 6 pionniers spĂ©ciaux. Quel merveilleux accroissement! Toutefois, au fil du temps on sâest aperçu quâun trĂšs grand nombre de pionniers ne remplissaient pas leurs rapports avec exactitude. Beaucoup ne rapportaient pas les heures effectivement passĂ©es dans la prĂ©dication, mais ils se contentaient dâinscrire le minimum requis, qui Ă©tait de 100 heures. Quelle en Ă©tait la raison? QuantitĂ© de pionniers ne savaient ni lire ni Ă©crire. En 1955, le siĂšge mondial des TĂ©moins de JĂ©hovah informa alors la filiale que pour ĂȘtre sur la liste des pionniers, le frĂšre ou la sĆur devaient savoir lire et Ă©crire. Au fur et Ă mesure que les surveillants de circonscription visitaient les congrĂ©gations oĂč servaient ces pionniers, le nombre de ceux-ci baissait. Mais nous sommes heureux de vous dire que, grĂące aux cours de lecture et dâĂ©criture organisĂ©s dans les congrĂ©gations, certains de ces TĂ©moins ont repris le service de pionnier une quinzaine dâannĂ©es aprĂšs. LA LUTTE POUR LA RECONNAISSANCE LĂGALE Il convient maintenant de reparler du problĂšme de la surveillance des congrĂ©gations dans les territoires nationaux rĂ©servĂ©s aux Noirs. JusquâĂ prĂ©sent les surveillants de district, qui Ă©taient EuropĂ©ens, se voyaient refuser lâentrĂ©e dans ces rĂ©gions, soit dans presque la moitiĂ© du pays. Ils pouvaient collaborer avec les surveillants de circonscription et assister aux assemblĂ©es de circonscription mais uniquement en dehors de ces zones. Bien sĂ»r, cela entravait considĂ©rablement les efforts de la SociĂ©tĂ© pour fortifier ces congrĂ©gations. Mais dâoĂč venait le problĂšme? Notre religion nâĂ©tait pas reconnue officiellement. Alors, que fallait-âil faire pour quâelle le devienne? Lester Davey, qui Ă©tait venu de Galaad en 1959 et qui servait Ă prĂ©sent comme surveillant de filiale, Ă©tait dâavis quâun grand pas serait fait vers la reconnaissance de lâĆuvre si les TĂ©moins obtenaient le droit de cĂ©lĂ©brer des mariages. DĂ©jĂ en 1949 une telle demande avait Ă©tĂ© adressĂ©e aux autoritĂ©s, mais elle nâavait pas Ă©tĂ© acceptĂ©e. Le fait que tous les TĂ©moins de JĂ©hovah soient des ministres Ă©tait lâun des principaux obstacles Ă cette question. Le gouvernement faisait valoir que la loi sur le mariage permettait Ă tout ministre dâune religion officiellement reconnue de cĂ©lĂ©brer un mariage, et que par consĂ©quent tous les TĂ©moins seraient Ă mĂȘme dâunir deux personnes. La filiale sâest alors engagĂ©e Ă ce que seuls des reprĂ©sentants spĂ©ciaux de la SociĂ©tĂ© ayant en leur possession un certificat dâordination cĂ©lĂšbrent les mariages. Finalement les dĂ©marches allaient aboutir. Au mois de mai 1956, sept frĂšres choisis dâentre les diplĂŽmĂ©s de Galaad et les membres du BĂ©thel ont Ă©tĂ© nommĂ©s pour assumer cette responsabilitĂ©. Une Ă©tape dĂ©cisive vers la reconnaissance complĂšte de lâĆuvre avait Ă©tĂ© franchie. DâAUTRES VICTOIRES En juin 1956 Bud et Joan Miller, un couple amĂ©ricain, sont arrivĂ©s au Zimbabwe. AprĂšs avoir suivi les cours de lâĂcole de Galaad, frĂšre Miller a Ă©tĂ© nommĂ© surveillant de la filiale. Lui aussi a poursuivi les dĂ©marches pour que des surveillants itinĂ©rants europĂ©ens puissent se rendre dans les rĂ©serves. Câest Ă ce moment-âlĂ que la dĂ©cision autorisant certains TĂ©moins Ă cĂ©lĂ©brer les mariages sâest rĂ©vĂ©lĂ©e trĂšs utile. Voici quelques extraits de lettres du ministĂšre des Affaires indigĂšnes, avec lequel la SociĂ©tĂ© correspondait rĂ©guliĂšrement 27 septembre 1956 âObjet LâentrĂ©e des surveillants europĂ©ens dans les rĂ©serves. La question est Ă lâĂ©tude.â 8 dĂ©cembre 1956 âSeuls les surveillants europĂ©ens qui ont Ă©tĂ© autorisĂ©s par le ministĂšre de la Justice et de lâIntĂ©rieur Ă cĂ©lĂ©brer les mariages pourront se rendre dans les rĂ©serves.â 14 janvier 1957 âDorĂ©navant, il est permis Ă ces personnes dâentrer dans les rĂ©serves.â Les surveillants de district et de circonscription avaient enfin lâautorisation de visiter les congrĂ©gations dans ces vastes rĂ©gions. Il va sans dire que JĂ©hovah dirigeait les Ă©vĂ©nements pour que sa volontĂ© se fasse dans tout le pays. LE NOMBRE DES PROCLAMATEURS DIMINUE Dâautres raisons expliquent la lenteur de lâaccroissement pendant une certaine pĂ©riode. En effet, pour sâassurer que tous remplissaient bien les conditions requises, il a Ă©tĂ© dĂ©cidĂ© que les candidats au baptĂȘme Ă©tudieraient certaines questions, semblables Ă celles que lâon trouve maintenant dans le livre OrganisĂ©s pour bien remplir notre ministĂšre. Le surveillant de la congrĂ©gation devait ensuite donner son accord. En plus de tout cela, les candidats au baptĂȘme auraient un entretien avec le surveillant de district aux assemblĂ©es de circonscription et avec des reprĂ©sentants spĂ©ciaux de la SociĂ©tĂ© aux assemblĂ©es de district. Comme il fallait sây attendre, le nombre des baptĂȘmes a baissĂ©. Par exemple en 1957, Ă une assemblĂ©e oĂč lâon comptait 16 000 assistants, il nây a eu que 100 baptĂȘmes. Ce nombre Ă©tait nettement infĂ©rieur Ă ceux enregistrĂ©s lors des assemblĂ©es prĂ©cĂ©dentes. Toutefois, grĂące Ă cette disposition les congrĂ©gations Ă©taient spirituellement fortes. En effet, elles se composaient de chrĂ©tiens qui avaient reçu la connaissance exacte et revĂȘtu la nouvelle personnalitĂ©. â Col. 310. Si le nombre des proclamateurs nâaugmentait pas rapidement, câest aussi parce que beaucoup dâentre eux, Ă lâinstar des pionniers, ne reportaient pas correctement leur activitĂ©. Les consĂ©quences de tout cela sont Ă©videntes dans le rapport du pays De 1957 Ă 1962, il y a eu 3 600 baptĂȘmes, alors que le nombre des proclamateurs est restĂ© sensiblement le mĂȘme. Puis de 1962 Ă 1967, ce nombre nâa cessĂ© de baisser. Il a fallu attendre lâannĂ©e 1968 pour que celui-ci augmente de nouveau. LA RECONNAISSANCE COMPLĂTE EST ENCORE Ă VENIR Aussi curieux que cela puisse paraĂźtre, ce nâest pas parce que les ministĂšres de la Justice, de lâIntĂ©rieur et des Affaires indigĂšnes avaient reconnu officiellement les TĂ©moins de JĂ©hovah que les autres ministĂšres ont fait de mĂȘme. En effet, le ministĂšre de lâĂducation refusait de nous considĂ©rer comme une religion, ce qui nous valait bien des difficultĂ©s. En quel sens? Les organisations religieuses avaient le contrĂŽle de la plupart des Ă©coles en dehors des grandes villes. Toutefois, des arrĂȘtĂ©s officiels prĂ©cisaient que ces Ă©tablissements Ă©taient ouverts Ă tous sans discrimination, et que les enfants ne recevraient pas une instruction religieuse autre que celle que leurs parents souhaitaient leur donner. Certaines organisations religieuses ont bien respectĂ© ces dispositions lĂ©gales. Mais dâautres nâont pas voulu accepter les enfants des TĂ©moins de JĂ©hovah, Ă moins quâils ne frĂ©quentent lâĂ©cole du dimanche et suivent des cours dâinstruction religieuse qui nâĂ©taient pas au programme. Don Morrison, qui avec sa femme Marj Ă©tait venu de lâĂcole de Galaad en 1955, servait Ă cette Ă©poque dans le district. Il nous dit âCertaines organisations dĂ©claraient ouvertement que si les TĂ©moins de JĂ©hovah nâobĂ©issaient pas, ils seraient renvoyĂ©s et ne seraient pas acceptĂ©s lâannĂ©e suivante.â Chaque fois que lâaffaire parvenait au ministĂšre de lâĂducation, les Ă©coles avaient lâhabitude de dire quâelles manquaient de place. Si elles ne pouvaient recevoir quâun certain nombre dâĂ©lĂšves, elles sâassuraient toutefois que parmi eux il nây avait pas dâenfants de TĂ©moins de JĂ©hovah. Dâautres Ă©tablissements allĂ©guaient que les TĂ©moins faisaient preuve de âdĂ©sobĂ©issanceâ. En fait, ceux-ci refusaient simplement dâassister Ă lâĂ©cole du dimanche, ce qui nâĂ©tait pas exigĂ© par le ministĂšre. Ă cause de tous ces problĂšmes, il Ă©tait nĂ©cessaire que les TĂ©moins soient reconnus par tous comme une religion officielle. DĂ©jĂ en 1950 le ministĂšre de lâĂducation avait informĂ© les Ă©tablissements scolaires que les TĂ©moins de JĂ©hovah adultes ne pouvaient pas se rendre dans les Ă©coles pour y donner un enseignement religieux, mĂȘme aux enfants des TĂ©moins. En 1956 et en 1957 nous nous sommes vu opposer le mĂȘme refus. Voici la rĂ©ponse des autoritĂ©s âNous avons le regret de vous informer que la Watch Tower Bible and Tract Society of Pennsylvania nâest pas une organisation religieuse habilitĂ©e par le ministĂšre Ă dispenser une instruction religieuse dans les Ă©coles.â Ce nâest que plusieurs annĂ©es aprĂšs que le ministĂšre de lâĂducation a modifiĂ© sa position. Mais nous en reparlerons plus tard. DES FRĂRES MĂRS APPORTENT LEUR AIDE Pour vous faire une idĂ©e de la valeur des missionnaires qui ont Ă©tĂ© envoyĂ©s au Zimbabwe, arrĂȘtons-ânous un instant sur deux couples, Ted et Joyce Buckingham ainsi que John et Val Miles. AprĂšs avoir reçu leur diplĂŽme de lâĂcole de Galaad, Ted et Joyce Buckingham sont arrivĂ©s au Zimbabwe au mois de juin 1959. Ils ont servi dans la circonscription, en exerçant leur activitĂ© surtout dans les territoires anglophones, jusquâau milieu des annĂ©es 1970, aprĂšs quoi ils ont Ă©tĂ© envoyĂ©s en Sierra Leone. Pendant plus de dix ans ils se sont dĂ©placĂ©s presque chaque semaine pour visiter les congrĂ©gations. Leur territoire couvrait tout le pays, qui nâĂ©tait en fait quâune seule circonscription. Ils ont quittĂ© la Sierra Leone lorsque frĂšre Buckingham est tombĂ© gravement malade, et ils sont venus servir Ă la filiale de Londres. Les frĂšres du Zimbabwe Ă©prouvent toujours une chaude affection pour eux. John et Val Miles, dâorigine amĂ©ricaine, ont quittĂ© la Zambie au mois de juin 1960, car il y avait besoin dâun surveillant de district au Zimbabwe. Ils ont vĂ©cu tant dâexpĂ©riences et de mĂ©saventures quâils pourraient bien Ă©crire un livre. Voici un incident qui leur est arrivĂ© tandis quâils visitaient une petite congrĂ©gation situĂ©e prĂšs de la route principale. FrĂšre Miles raconte âNous avions dĂ©cidĂ© de camper Ă cĂŽtĂ© de la route, non loin de la Salle du Royaume. Lâendroit Ă©tait retirĂ© et trĂšs agrĂ©able. Mais les frĂšres nous ont suggĂ©rĂ© dâaller nous installer un peu plus prĂšs de la salle. Bien que le lieu que nous avions choisi nous ait plu davantage, nous nous sommes dĂ©placĂ©s par souci de commoditĂ©. âUn soir au cours de la semaine, alors que nous prenions notre repas, nous avons tout Ă coup entendu quelque chose qui ressemblait Ă des coups de feu, mais nous nây avons pas prĂȘtĂ© attention, pensant que câĂ©tait peut-ĂȘtre un camion qui pĂ©taradait. Le lendemain midi, la radio a annoncĂ© quâil y avait eu une fusillade entre la police et des combattants de la libertĂ©â juste Ă cĂŽtĂ© de lâendroit oĂč nous devions camper. Trois combattants de la libertĂ©â avaient Ă©tĂ© tuĂ©s et plusieurs policiers blessĂ©s. Inutile de vous dire ce que nous avons ressenti lorsque nous avons vu, plus tard, les impacts des balles dans la table de camping, les bancs et les arbres. Comme nous Ă©tions reconnaissants Ă JĂ©hovah que lâon nous ait fait changer de place!â Ă prĂ©sent frĂšre et sĆur Miles servent fidĂšlement au Lesotho. LE SERVICE DU DISTRICT La vie des surveillants de district et de leurs femmes Ă©tait parfois mouvementĂ©e. Voudriez-âvous connaĂźtre quelques faits vĂ©cus par ces TĂ©moins zĂ©lĂ©s? Un jour, Don et Marj Morrison se trouvaient Ă Kariba, dans lâouest du pays. Don Ă©tait assis Ă lâextĂ©rieur de la tente et tapait Ă la machine, tandis que Marj Ă©tait allĂ©e se coucher. âJâĂ©tais allongĂ©e, dit-âelle, quand il sâest produit comme un Ă©trange sifflement. Jâai appelĂ© mon mari mais il ne mâa pas entendue. De nouveau, il y a eu le mĂȘme bruit. Cette fois-âci je suis sortie pour avertir Don.â FrĂšre Morrison poursuit âJâai pris la lampe de poche et je suis entrĂ© dans la tente. Jâai alors aperçu entre le bord de la tente et quelques publications un serpent plus gros que le poing, Ă moitiĂ© cachĂ©. Je suis ressorti aussitĂŽt, jâai saisi un tuyau en fer et jâai fait le tour de la tente. Jâai vu la queue du serpent qui dĂ©passait, et je lâai frappĂ©e avec mon arme de fortune. Tout Ă coup la tĂȘte de lâanimal a surgi et celui-ci sâest dressĂ© et a soufflĂ© dans ma direction. CâĂ©tait une vipĂšre heurtante. Je lâavais dĂ©jĂ blessĂ©e, il ne me restait plus quâĂ lâachever.â Inutile de vous prĂ©ciser que sĆur Morrison nâa pas particuliĂšrement bien dormi cette nuit-âlĂ . De son cĂŽtĂ©, Ruby Bradley nous fait le rĂ©cit suivant âLa premiĂšre fois que nous avons plantĂ© la tente lorsque nous Ă©tions dans le service du district, nous avons fait connaissance avec les scorpions. Nous nous apprĂȘtions Ă aller nous coucher quand nous avons aperçu quelque chose ramper dans la tente. CâĂ©tait un scorpion. Nous lâavons tuĂ© sur-le-champ. Mais bientĂŽt un deuxiĂšme est arrivĂ©, puis un troisiĂšme. AprĂšs avoir dĂ» en tuer quatre, nous nous sommes rendu compte que câĂ©tait notre lumiĂšre qui les attirait. Aussi avons-ânous dĂ©cidĂ© que la meilleure chose Ă faire serait de tout Ă©teindre.â Au mois de mars 1962, un autre couple de missionnaires, John et Irene McBrine, sont arrivĂ©s au Zimbabwe. FrĂšre McBrine avait suivi un cours de dix mois Ă Galaad, et il avait Ă©tĂ© envoyĂ© au Zimbabwe pour ĂȘtre surveillant de filiale. NĂ©anmoins, il a dâabord commencĂ© par servir comme surveillant de district pour se familiariser avec le territoire. Il nous explique ce qui lui est arrivĂ© âGeorge Bradley, qui Ă©tait membre de la filiale, nous avait conduit, Irene et moi, Ă une assemblĂ©e de circonscription qui se tenait dans la brousse, Ă environ 90 kilomĂštres de la ville la plus proche. Il sâest trouvĂ© que nous avons pris la queue dâun ouragan, et il pleuvait Ă seaux. âPour se rendre sur les lieux de lâassemblĂ©e, il fallait traverser ordinairement un petit ruisseau. Mais Ă prĂ©sent câĂ©tait un torrent furieux. LâassemblĂ©e nâa bien sĂ»r pas pu se dĂ©rouler ce jour-âlĂ , et les frĂšres africains ont dĂ» sâabriter comme ils ont pu. âIl nây avait rien de mieux Ă faire que dâattendre. DĂšs notre arrivĂ©e nous avions montĂ© la tente, mais, craignant quâelle ne prenne lâeau, nous avons dĂ©cidĂ© de dormir dans le camion. George a essayĂ© de sâallonger en travers du siĂšge avant, tandis quâIrene et moi nous nous sommes installĂ©s Ă lâarriĂšre. Quelle nuit agitĂ©e! Le vent se dĂ©chaĂźnait de plus en plus et lâorage redoublait de violence. Ă un certain moment nous avons jetĂ© un coup dâĆil dans la tente. Lâeau y avait atteint une hauteur de dix centimĂštres! Quelle bonne idĂ©e avions-ânous eue de dormir, ou plutĂŽt de tenter de dormir dans le camion! âLa journĂ©e du lendemain allait ĂȘtre meilleure. La pluie avait cessĂ©. Les frĂšres locaux nâont pas tardĂ© Ă trouver une salle de classe, et lâassemblĂ©e a donc pu sây dĂ©rouler. Lâamour chaleureux de nos frĂšres qui ont traversĂ© de plus grandes difficultĂ©s que nous a largement compensĂ© nos petites misĂšres.â DES NUAGES Ă LâHORIZON Ă mesure que nous nous approchions du milieu des annĂ©es 1960, des nuages noirs se profilaient Ă lâhorizon. Autrefois les surveillants itinĂ©rants devaient se protĂ©ger contre les bĂȘtes sauvages. Pour ce faire, lorsquâils se dĂ©plaçaient de congrĂ©gation en congrĂ©gation, certains passaient mĂȘme la nuit perchĂ©s sur un arbre, liĂ©s aux branches, pour ĂȘtre Ă lâabri des animaux maraudeurs. Cependant, le danger ne devait maintenant plus venir des bĂȘtes, mais des humains voir II Corinthiens 1123-27. En effet, les hommes politiques nâallaient pas tarder Ă nous susciter des difficultĂ©s. Le 12 janvier 1965, Arimon Muringa, qui Ă©tait surveillant dans une congrĂ©gation de la capitale, a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©. Pour quel motif? Certains auraient reconnu en lui âlâune des nombreuses personnes Ă sâĂȘtre rendues coupables dâactes de violence dans le passĂ©â. CâĂ©tait bien sĂ»r une fausse accusation. Toutefois, il a connu des moments trĂšs pĂ©nibles avant dâĂȘtre disculpĂ© un mois plus tard. Sans mĂȘme ĂȘtre jugĂ©, frĂšre Muringa avait Ă©tĂ© condamnĂ© Ă 90 jours dâemprisonnement. Il a voulu faire appel, mais il sâest vu opposer une fin de non-recevoir. John McBrine, en tant que reprĂ©sentant de la filiale, sâest alors adressĂ© directement au ministre de la Justice. Cette dĂ©marche, appuyĂ©e par lâemployeur de frĂšre Muringa, devait permettre Ă ce dernier dâĂȘtre libĂ©rĂ© de prison au bout dâun mois. Voici en quels termes frĂšre Muringa nous dĂ©crit ses conditions de dĂ©tention âLes autoritĂ©s pĂ©nitentiaires mâont bien traitĂ©, mais par contre certains prisonniers se comportaient comme de vĂ©ritables brutes avec moi. Par deux fois, je me suis Ă©vanoui sous leurs coups. Ils me battaient pour mâobliger Ă adhĂ©rer Ă leur parti politique. Ils se servaient dâun ceinturon pour frapper mon dos nu et se mettaient au moins Ă neuf pour me gifler au visage.â Le bel exemple dâintĂ©gritĂ© de frĂšre Muringa a incitĂ© quelques-uns de ses anciens persĂ©cuteurs Ă prendre sa dĂ©fense, vers la fin de son emprisonnement. Son attitude ferme sâest aussi avĂ©rĂ©e ĂȘtre par la suite un grand encouragement pour dâautres frĂšres. DES SURVEILLANTS DE DISTRICT LOCAUX Pendant de nombreuses annĂ©es, ce sont surtout les missionnaires qui se sont occupĂ©s de lâĆuvre au Zimbabwe. Cependant, au dĂ©but des annĂ©es 1960, il a semblĂ© plus judicieux dâutiliser davantage les capacitĂ©s des frĂšres locaux. Cette disposition allait dâailleurs se rĂ©vĂ©ler trĂšs opportune. Câest ainsi quâau mois de dĂ©cembre 1962, Isaac Chiadzwa et sa femme Yvy ont Ă©tĂ© les premiers TĂ©moins locaux Ă entreprendre le service du district. Puis en 1966 frĂšre Sizulu Khumalo a Ă©galement Ă©tĂ© nommĂ© surveillant de district. Il a Ă©tĂ© dâun secours trĂšs prĂ©cieux pour les frĂšres durant les annĂ©es particuliĂšrement difficiles qui allaient suivre. La prĂ©sence de tels frĂšres comme surveillants de district Ă©tait vraiment trĂšs apprĂ©ciable. DĂ©jĂ , puisquâils connaissaient bien les coutumes et la langue du pays, ils pouvaient mieux cerner les problĂšmes des proclamateurs. De plus, il leur Ă©tait possible de se dĂ©placer plus facilement que les missionnaires. En effet, quand les difficultĂ©s ont surgi, tous les Ă©trangers sont devenus suspects aux yeux des indigĂšnes. Les Ă©vĂ©nements ultĂ©rieurs devaient fournir la preuve que les dispositions prises pour nommer des frĂšres locaux Ă des fonctions de responsabilitĂ© venaient de JĂ©hovah. DES MESURES DâEXCEPTION Quand le gouvernement rhodĂ©sien proclama son indĂ©pendance le 11 novembre 1965, des mesures dâexception, qui allaient aussi toucher nos activitĂ©s, entrĂšrent en vigueur. Dâabord le gouvernement exigea que la commission de censure reçoive un exemplaire de toutes les publications de la SociĂ©tĂ© qui entraient dans le pays, y compris les pĂ©riodiques. CâĂ©tait plus une tracasserie administrative quâautre chose, car pas une seule fois les autoritĂ©s nâont trouvĂ© matiĂšre Ă critique dans nos publications pour pouvoir les empĂȘcher de pĂ©nĂ©trer dans le pays. Par contre, les restrictions concernant les rĂ©unions publiques nous posĂšrent beaucoup plus de problĂšmes. Tout rassemblement de quelques personnes Ă©tait interdit, Ă moins dâune autorisation officielle. Bien que thĂ©oriquement cela ne sâappliquĂąt pas aux rĂ©unions religieuses, dans les endroits oĂč des troubles Ă©clataient de tels rassemblements nâĂ©taient pas autorisĂ©s. Presque chaque fois que la filiale demandait la permission de tenir une assemblĂ©e de circonscription, elle se voyait essuyer un refus. On a donc dĂ©cidĂ© de ne plus en organiser et de concentrer ses efforts sur la prĂ©paration des assemblĂ©es de district, qui se dĂ©rouleraient dans des rĂ©gions bien protĂ©gĂ©es. Vous imaginez alors notre Ă©tonnement quand un beau jour, en 1969, nous avons reçu de plusieurs congrĂ©gations de Bulawayo une lettre qui contenait un programme dâassemblĂ©e de circonscription! Les frĂšres avaient organisĂ© leur propre assemblĂ©e. Ils avaient prĂ©parĂ© leur programme, dĂ©signĂ© des orateurs et prĂ©vu une cafĂ©tĂ©ria. Il est vrai quâils nâauraient pas dĂ» agir ainsi, indĂ©pendamment. NĂ©anmoins les rĂ©sultats se sont avĂ©rĂ©s trĂšs positifs. Plusieurs centaines de frĂšres et de sĆurs Ă©taient prĂ©sents Ă cette assemblĂ©e. Cette initiative nous a donnĂ© des idĂ©es. Au lieu que ce soit la SociĂ©tĂ© qui demande lâautorisation de tenir des assemblĂ©es de circonscription, pourquoi les frĂšres locaux nâen feraient-âils pas la requĂȘte aux autoritĂ©s de lâendroit? Câest ainsi que des assemblĂ©es de circonscription ont Ă©tĂ© organisĂ©es de nouveau. Des frĂšres bien connus dans la rĂ©gion Ă©taient choisis pour sâadresser aux autoritĂ©s. Ă chaque fois nous obtenions le droit de nous rĂ©unir. Depuis ce temps-âlĂ , nous avons toujours pu organiser nos assemblĂ©es, mĂȘme lorsque nous Ă©tions soumis Ă des restrictions. Ă lâĂ©vidence, JĂ©hovah dirigeait les choses. UNE QUESTION ENFIN TRANCHĂE Vous vous rappelez sans doute que les ministĂšres des Affaires indigĂšnes, de la Justice et de lâIntĂ©rieur avaient dĂ©jĂ reconnu notre organisation, mais que le ministĂšre de lâĂducation ne lâavait pas fait. En fĂ©vrier 1966, la filiale abordait Ă nouveau le problĂšme en envoyant une lettre dĂ©taillĂ©e au ministĂšre. Le 8 mars nous recevions la rĂ©ponse suivante âJe suis au regret de vous faire savoir quâaprĂšs examen votre demande ne peut ĂȘtre acceptĂ©e.â Nous avons aussitĂŽt tĂ©lĂ©phonĂ© et, aprĂšs une longue discussion, nous avons rĂ©ussi Ă prendre rendez-vous avec le ministre pour le 23 mars. Quatre mois aprĂšs cette date notre demande restait toujours sans Ă©cho. Puis le 21 juillet nous avons reçu une lettre du ministĂšre de lâĂducation. Voici ce quâon y lisait âAprĂšs un examen approfondi de la question, nous vous informons que les TĂ©moins de JĂ©hovah seront inscrits sur la liste officielle des organisations religieuses reconnues par le ministĂšre de lâĂducation.â AprĂšs 16 ans de lutte, nous obtenions enfin une rĂ©ponse favorable! Non seulement cet arrĂȘtĂ© permettait aux TĂ©moins de JĂ©hovah de se rendre dans les Ă©coles pour dispenser une instruction religieuse, mais cela rĂ©solvait aussi le problĂšme des enfants de TĂ©moins qui Ă©taient expulsĂ©s des Ă©coles. Nous Ă©tions trĂšs reconnaissants Ă JĂ©hovah pour ce quâil venait de rĂ©aliser en notre faveur. DES MISSIONNAIRES ARRIVENT DU MALAWI En 1968 lâhistoire de notre filiale allait ouvrir un nouveau chapitre. Nous avons dĂ» en effet nous occuper de lâĆuvre du Royaume au Malawi, car elle Ă©tait interdite depuis le mois dâoctobre 1967. Au mois de novembre suivant, les missionnaires ont Ă©tĂ© expulsĂ©s du Malawi, et deux couples ont Ă©tĂ© nommĂ©s au Zimbabwe, Keith et Anne Eaton et Hal et Joyce Bentley. UN PRIVILĂGE UNIQUE FrĂšre et sĆur Bentley devaient servir au Mozambique, qui dĂ©pendait de la filiale du Malawi jusquâĂ lâinterdiction. Si vous regardez une carte dâAfrique, vous verrez que le Mozambique est un pays allongĂ©, assez Ă©troit, qui est situĂ© sur la cĂŽte est de lâAfrique. Au sud se trouve lâAfrique du Sud, Ă lâest le Zimbabwe et au nord le Malawi. Le gouvernement du Mozambique nâa jamais reconnu officiellement les TĂ©moins de JĂ©hovah et tous les efforts entrepris dans ce sens ont Ă©tĂ© vains. Voici ce que nous relate frĂšre Bentley au sujet de leur arrivĂ©e dans le pays âJoyce et moi avons Ă©tĂ© nommĂ©s au Mozambique en fĂ©vrier 1942. Notre voyage sâest effectuĂ© en avion de Blantyre, au Malawi, jusquâĂ Lourenço Marques aujourdâhui Maputo, la capitale du Mozambique. Nous y avons rencontrĂ© un petit groupe de personnes intĂ©ressĂ©es Ă la vĂ©ritĂ© qui se rĂ©unissaient dans la maison dâun sergent, laquelle se trouvait Ă lâintĂ©rieur de lâenceinte militaire. âPar la suite nous nous sommes dĂ©placĂ©s en fourgon Volkswagen, en emportant avec nous tout notre matĂ©riel de camping. Nous passions ainsi pour des touristes. Pour se rendre Ă Beira en longeant la cĂŽte, nous devions parcourir environ 1 600 kilomĂštres, souvent en empruntant des routes gravillonnĂ©es et trĂšs bosselĂ©es.â Ă cause de la guerre, frĂšre et sĆur Bentley prĂ©fĂ©raient passer par Salisbury pour aller de Beira Ă Lourenço Marques. Ils faisaient ce voyage de plus de 2 000 kilomĂštres tous les six mois. Cependant, leurs efforts Ă©taient rĂ©compensĂ©s, car le nombre des proclamateurs augmentait. Quelques annĂ©es aprĂšs, ils ont limitĂ© leurs dĂ©placements au nord du pays. Ă ce propos frĂšre Bentley dĂ©clare âCâĂ©tait sans doute JĂ©hovah qui avait influencĂ© notre dĂ©cision, car nous avons appris plus tard que la police secrĂšte attendait notre prochaine visite Ă Lourenço Marques pour nous arrĂȘter.â FrĂšre et sĆur Bentley ont connu parfois des aventures excitantes ils ont Ă©tĂ© arrĂȘtĂ©s, en dâautres occasions Ă deux doigts de lâĂȘtre, et ils ont aussi Ă©tĂ© menacĂ©s dâexpulsion. Mais ils ont accompli un excellent travail en aidant beaucoup de nouveaux proclamateurs et de personnes intĂ©ressĂ©es. SĆur Bentley nous raconte le fait suivant âĂ Beira vivait une jeune femme qui avait Ă©tudiĂ© la Bible au Portugal avant de sâinstaller au Mozambique. LĂ , elle a Ă©crit Ă la SociĂ©tĂ© pour savoir si son Ă©tude pouvait se poursuivre. Quand nous avons sonnĂ© Ă la porte, une femme est venue ouvrir. Nous lui avons demandĂ© Ătes-âvous Clotilde de Gomes?â Je mâappelle bien Clotilde, a-ât-âelle rĂ©pondu, mais je ne suis pas Clotilde de Gomes. Mon nom est Clotilde de Almeida.â Ne voulant surtout pas manquer lâoccasion de rendre tĂ©moignage, nous lui avons expliquĂ© pourquoi nous avions demandĂ© lâautre personne.â Cette femme sâest alors empressĂ©e dâaller appeler un voisin. Plus tard, Clotilde de Gomes a elle aussi Ă©tĂ© visitĂ©e. Quel en a Ă©tĂ© le rĂ©sultat? SĆur Bentley poursuit âClotilde de Gomes est maintenant un TĂ©moin baptisĂ©. Son mari est ancien, et ses cinq enfants, ses beaux-parents et son beau-frĂšre sont tous TĂ©moins. Clotilde de Almeida, ainsi que sa voisine, le mari et le fils de celle-ci, sont Ă©galement baptisĂ©s.â Quand on lui demande ce que lui et sa femme pensent de leur territoire, frĂšre Bentley rĂ©pond âParfois il nous est arrivĂ© de souhaiter nous trouver dans des rĂ©gions moins chaudes, moins humides, et oĂč nous nâaurions pas Ă craindre dâĂȘtre arrĂȘtĂ©s Ă tout instant. Mais lorsque nous faisons un rapide retour en arriĂšre, nous nous rendons compte que servir ici est un privilĂšge unique et que JĂ©hovah nâa jamais manquĂ© de nous protĂ©ger.â Ce couple de missionnaires a par la suite Ă©tĂ© envoyĂ© au Botswana, oĂč il continue Ă donner un excellent exemple. LES PERSĂCUTIONS AU MALAWI En octobre 1967 lâĆuvre a Ă©tĂ© interdite au Malawi, et il en est rĂ©sultĂ© une vague de persĂ©cutions quâun journal a prĂ©sentĂ©e comme âla plus brutale, la plus inhumaine des persĂ©cutions que les chrĂ©tiens du vingtiĂšme siĂšcle ont dĂ» subir. Pour retrouver dans lâHistoire des rĂ©cits de souffrances, de cruautĂ© et dâobscĂ©nitĂ©s aussi rĂ©voltants, il faut remonter au quinziĂšme et seiziĂšme siĂšcles, au moment de lâextermination des Vaudois dans le sud-est de la France et en Italieâ. Câest Ă cause de leur stricte neutralitĂ© vis-Ă -vis des affaires politiques que les TĂ©moins de JĂ©hovah ont Ă©tĂ© victimes de ces atrocitĂ©s. FrĂšre Justin Zacuruka a expliquĂ© pourquoi ils Ă©taient persĂ©cutĂ©s âParce que nous refusions dâacheter la carte dâun parti politique.â Comme leurs frĂšres du monde entier, ces chrĂ©tiens se sont abstenus de violer leur neutralitĂ© chrĂ©tienne, mĂȘme au prix de traitements barbares. Du reste, certains ont dĂ» le payer de leur vie. FrĂšre Samson Khumbanyiwa, un frĂšre ĂągĂ© qui a tout perdu sa maison, ses meubles, ses vĂȘtements rĂ©sume bien la position de tous ceux qui sont restĂ©s fidĂšles âJe suis convaincu, dit-âil, que je ne suis jamais seul et que JĂ©hovah mâa toujours protĂ©gĂ©.â Câest ce que reconnaissait le psalmiste en dĂ©clarant âNombreux sont les malheurs du juste, mais de tous JĂ©hovah le dĂ©livre.â â Ps. 3419. NOS FRĂRES REĂOIVENT DE LâAIDE Pour fuir les cruelles persĂ©cutions, des milliers de TĂ©moins du Malawi ont quittĂ© leur pays. Certains sont allĂ©s en Zambie, mais ils ont Ă©tĂ© aussitĂŽt refoulĂ©s au Malawi. Des milliers dâautres se sont rĂ©fugiĂ©s au Mozambique, Ă Milange, de lâautre cĂŽtĂ© de la frontiĂšre du Malawi, oĂč ils sont restĂ©s jusquâen 1970 avant de revenir par petits groupes dans leur pays dâorigine. Au Mozambique, nos frĂšres nâĂ©taient plus entre les mains de leurs persĂ©cuteurs. Cependant, ils devaient maintenant faire face Ă dâautres problĂšmes. Comme ils avaient tout abandonnĂ© dans leur fuite, ils Ă©taient sans nourriture, sans vĂȘtements et sans abri. Quâallaient-âils faire? Par bonheur, bien que les TĂ©moins nâaient jamais Ă©tĂ© reconnus officiellement au Mozambique ces rĂ©fugiĂ©s Ă©taient lâobjet de grandes attentions. Les autoritĂ©s ont mis des camions Ă la disposition de nos frĂšres pour quâils puissent se rendre Ă Mocuba, Ă environ 160 kilomĂštres de la frontiĂšre du Malawi. LĂ , on leur a donnĂ© des terres, des abris, des houes, des haches et des semences. De plus, chaque jour on leur faisait parvenir des sacs de 90 kilogrammes de farine de maĂŻs pour leurs besoins en nourriture. Ainsi nos frĂšres ont reçu un soulagement Ă leurs Ă©preuves et ils avaient le sentiment que JĂ©hovah prenait soin dâeux. Toutefois, les secours envoyĂ©s par le gouvernement du Mozambique ne suffisaient pas. Il y avait un besoin urgent de nourriture, de vĂȘtements, de couvertures et de mĂ©dicaments. Comment procurer ces nĂ©cessitĂ©s Ă nos frĂšres? Le seul moyen permettant dâacheminer tout cela depuis le Zimbabwe Ă©tait la route... qui traversait le Malawi! AprĂšs ce qui venait de sây passer, avait-âon une chance dâarriver Ă bon port? UN VOYAGE PASSIONNANT Câest la question que se posaient John McBrine et Jim Mundell quand ils quittĂšrent Salisbury, le 22 fĂ©vrier 1968, avec un camion Volkswagen chargĂ© de vĂȘtements et de couvertures qui provenaient de dons. Jim Mundell Ă©tait un missionnaire qui, avec sa femme Kathy, venait dâĂȘtre expulsĂ© de Zambie et se trouvait au Zimbabwe pour quelque temps. Avant leur dĂ©part, les deux frĂšres sâĂ©taient dĂ©menĂ©s afin de se procurer tous les papiers nĂ©cessaires pour passer les diverses douanes, mais ils nâont pu les recevoir en raison des mesures dâexception. Il ne leur restait plus quâĂ se reposer entiĂšrement sur JĂ©hovah. Lorsquâils arrivaient Ă un poste frontiĂšre, les frĂšres avaient une certaine apprĂ©hension, mais ils ont pu passer Ă chaque fois sans difficultĂ©s. CâĂ©tait comme si les anges les accompagnaient. Le voyage nâa pas Ă©tĂ© de tout repos. Une distance de 650 kilomĂštres sĂ©parait Salisbury de la frontiĂšre entre le Mozambique et le Malawi, Ă lâest. La plupart des routes que nos frĂšres ont dĂ» emprunter Ă©taient trĂšs rocailleuses, et les 160 derniers kilomĂštres qui les menaient Ă Mocuba ont Ă©tĂ© les plus difficiles. DES DĂCEPTIONS En arrivant, John McBrine et Jim Mundell ont tout dâabord cherchĂ© Ă rencontrer les frĂšres qui avaient Ă©tĂ© rassemblĂ©s dans les deux camps. Le 24 fĂ©vrier au matin ils ont pris contact avec le responsable du camp. Ă leur plus grand dĂ©sappointement, celui-ci les a informĂ©s quâil ne leur serait pas possible de visiter leurs compagnons, Ă©tant donnĂ© que la religion des TĂ©moins de JĂ©hovah nâĂ©tait pas officiellement reconnue. Le responsable du camp, un homme trĂšs affable, a conseillĂ© aux frĂšres dâattendre quâil soumette la question aux membres du gouvernement. Au bout de trois jours ils recevaient cette rĂ©ponse Il nây a aucun TĂ©moin de JĂ©hovah au Mozambique, mais seulement des rĂ©fugiĂ©s que le gouvernement a aidĂ©s pour des raisons humanitaires. Sâils ont confiance dans le responsable du camp, ils peuvent lui laisser les vĂȘtements, sinon ils nâont quâĂ les remporter.â Vous imaginez lâimmense dĂ©ception des deux frĂšres qui Ă©taient venus de trĂšs loin pour voir leurs fidĂšles compagnons si durement Ă©prouvĂ©s! Malheureusement, ils ne pouvaient rien y changer. Quant Ă leur chargement, ils devaient dĂ©cider ce quâil fallait en faire. Ils ont choisi de le confier au responsable du camp. Ăvidemment, il nây avait pas assez de couvertures et de vĂȘtements pour tous les TĂ©moins qui Ă©taient dans les camps. Mais John et Jim avaient aussi recueilli avant de partir des contributions qui Ă©taient destinĂ©es Ă couvrir les besoins de ces TĂ©moins. Un accord Ă©crit a donc Ă©tĂ© conclu entre les deux frĂšres, le responsable du camp nommĂ© par le gouvernement et un commerçant indien. Lâargent a Ă©tĂ© remis au responsable du camp, et une commande a Ă©tĂ© passĂ©e au commerçant, qui Ă©tait chargĂ© de fournir des jupes, des pantalons et des couvertures. Le responsable du camp devait remettre lâargent au commerçant et distribuer la marchandise reçue en Ă©change aux frĂšres et aux sĆurs qui se trouvaient dans les camps. UN HEUREUX DĂNOUEMENT Sur le chemin du retour, alors quâils se trouvaient encore au Mozambique, les deux frĂšres ont aperçu sur le bord de la route des Africains qui portaient de grosses couvertures sur leurs bicyclettes. Comme vous lâaviez devinĂ©, câĂ©taient des TĂ©moins. Nos deux voyageurs ont Ă©tĂ© soulagĂ©s de savoir que le responsable du camp avait tenu parole et quâil avait fourni trĂšs rapidement les couvertures et les vĂȘtements aux frĂšres. Mais le fait dâavoir pu parler avec quelques-uns des frĂšres qui vivaient dans les camps leur a procurĂ© une joie beaucoup plus profonde encore. Du reste, il en est rĂ©sultĂ© un Ă©change dâencouragements qui a profitĂ© Ă chacun. Ă partir de ce moment-âlĂ , la filiale du Zimbabwe sâest occupĂ©e de lâĆuvre au Malawi et au Mozambique. Le Malawi est restĂ© sous notre surveillance pendant plusieurs annĂ©es, et notre filiale dirige toujours lâĆuvre au Mozambique. LA SORCELLERIE â UNE AUTRE SOURCE DâĂPREUVES Ă cette mĂȘme Ă©poque, beaucoup de frĂšres du Zimbabwe ont dĂ» faire face Ă un autre problĂšme. Depuis des siĂšcles, la sorcellerie Ă©tait pratiquĂ©e dans ce pays. Mais vers 1969 elle a pris un tour qui devait la porter au premier plan. Pour mieux comprendre la situation dans laquelle les frĂšres allaient se trouver, il sera utile de faire un rapide retour en arriĂšre. Bien que la plupart des habitants se disent chrĂ©tiens seul un faible pourcentage de la population est musulman, la superstition et la sorcellerie sont encore largement rĂ©pandues au Zimbabwe. On peut y trouver ces fameux sorciers affublĂ©s dâos, portant peaux dâanimaux et coiffure de plumes, et dĂ©bitant des incantations. On distingue deux sortes de sorciers le muroyi et le nâanga. Le muroyi pratique la magie noire. Il ensorcelle les gens et peut ĂȘtre responsable de leur mort prĂ©maturĂ©e. Il agit dans lâillĂ©galitĂ© et sâil est dĂ©couvert il peut ĂȘtre arrĂȘtĂ© et traduit en justice. Le nâanga est un guĂ©risseur, mais il lui arrive aussi de jeter des sorts qui peuvent entraĂźner la mort. On dit quâil a assez de force pour neutraliser un sort jetĂ© par le muroyi. Il est officiellement reconnu par le gouvernement. Vers 1969 le nâanga a pris une grande importance, car on pensait quâil avait le pouvoir de dĂ©couvrir toute personne qui pratique la sorcellerie. Il connaissait une certaine notoriĂ©tĂ© non seulement dans les territoires nationaux les rĂ©serves, mais aussi dans les fermes et les mines oĂč habitaient des centaines dâouvriers et leurs familles. Voici comment les choses se passaient Quand on signalait un cas de sorcellerie, on appelait le nâanga et tout le village devait se prĂ©senter devant lui. AprĂšs avoir prononcĂ© quelques paroles magiques, le nâanga, accompagnĂ© par des incantateurs, invoquait les esprits pour quâils lui indiquent celui qui pratiquait la sorcellerie. Si le coupable Ă©tait âidentifiĂ©â, le chef du village le prĂ©sentait au tribunal oĂč il Ă©tait jugĂ© dâaprĂšs la loi sur la sorcellerie. Heureusement, il devait ĂȘtre aussi reconnu coupable selon la procĂ©dure normale. UNE ĂPREUVE POUR NOS FRĂRES En quoi tout cela concernait-âil les frĂšres? Bien quâil soit considĂ©rĂ© comme un guĂ©risseur et un homme bon, le nâanga nâen faisait pas moins du spiritisme. Câest pourquoi nos frĂšres allaient rencontrer des problĂšmes. En effet, lorsque les habitants du village Ă©taient convoquĂ©s devant le nâanga, les frĂšres refusaient bien sĂ»r de se prĂ©senter devant lui. Toutefois, dans tous les cas le chef du village, le directeur de la mine ou de la ferme les y amenaient de force. La grande majoritĂ© des frĂšres sont restĂ©s intĂšgres, mais malheureusement, sous les pressions, quelques-uns ont fait des compromis. Plus tard, certains de ces derniers se sont sincĂšrement repentis, et ils servent de nouveau JĂ©hovah avec joie. On peut se faire une idĂ©e du comportement de lâensemble de nos frĂšres en considĂ©rant lâexemple de Paul Ndlovu, un pionnier spĂ©cial. Il avait alors 67 ans et une attaque dâapoplexie lâavait rendu infirme. AprĂšs lâavoir conduit de force devant le chef du village, on lui ordonna de sâagenouiller devant le nâanga, comme les autres lâavaient fait. Sa rĂ©ponse fut claire et nette âJe ne mâinclinerai devant aucun homme quel quâil soit, ce serait de lâidolĂątrie. Vous savez bien que je suis TĂ©moin de JĂ©hovah et que je ne peux pas obĂ©ir Ă votre ordre.â Rendu furieux par lâattitude dĂ©terminĂ©e du frĂšre, le chef du village appela quatre policiers pour quâils lui passent les menottes et lâobligent Ă pĂ©nĂ©trer dans la piĂšce oĂč se trouvait le nâanga. FrĂšre Ndlovu poursuit âJe me suis retrouvĂ© entourĂ© dâincantateurs qui mâont accueilli avec leurs chants rituels comme le veut la tradition. Je leur ai dit que je ne mâassocierai pas au dĂ©monisme et que je ne mâagenouillerai jamais devant eux parce que jâĂ©tais TĂ©moin de JĂ©hovah.â La prise de position trĂšs ferme de notre frĂšre fut largement rĂ©compensĂ©e Le nâanga accepta un livre VĂ©ritĂ© et il remit mĂȘme la contribution volontaire! LE VRAI CULTE SORT VAINQUEUR Cette façon de faire ne tarda pas Ă se gĂ©nĂ©raliser dans le pays, ce qui ajouta aux Ă©preuves des fidĂšles TĂ©moins de JĂ©hovah. Un fait vĂ©cu par une congrĂ©gation situĂ©e prĂšs dâune mine dans le nord du pays va nous montrer jusquâoĂč certains Ă©taient prĂȘts Ă aller pour briser lâintĂ©gritĂ© du peuple de Dieu. Un jour, des cas de sorcellerie ont Ă©tĂ© signalĂ©s Ă la mine, et les employĂ©s les plus anciens ont demandĂ© quâun nâanga soit engagĂ©. Voici le contenu du rapport de police âLe directeur de la mine a accĂ©dĂ© Ă la requĂȘte des ouvriers aprĂšs avoir vĂ©rifiĂ© les piĂšces dâidentitĂ© du Nganga maintenant appelĂ© nâanga et constatĂ© quâelles Ă©taient en bonne et due forme. Il a toutefois posĂ© une condition, que les employĂ©s ont acceptĂ©e Tous câest nous qui soulignons ceux qui demeuraient dans lâenceinte de la mine devaient ĂȘtre prĂ©sents Ă la cĂ©rĂ©monie. âLe jour oĂč le Nganga devait exĂ©cuter son rituel magique, tout le monde sâest prĂ©sentĂ© devant lui, sauf les TĂ©moins de JĂ©hovah. Les employĂ©s se sont heurtĂ©s Ă un refus des membres de la secte. Ces derniers ont Ă©tĂ© amenĂ©s devant le directeur de la mine qui nâa pas eu plus de succĂšs. Ils lui ont mĂȘme dĂ©clarĂ© quâils prĂ©fĂ©raient quitter leur emploi plutĂŽt que de se prĂ©senter devant le Nganga.â Câest exactement ce qui sâest passĂ©. Tous nos frĂšres ont Ă©tĂ© renvoyĂ©s. Mais que sont-âils devenus? Ils ont tous retrouvĂ© un emploi dans une autre mine. Câest ainsi que la congrĂ©gation entiĂšre sâest dĂ©placĂ©e, y compris le pionnier et les frĂšres qui avaient des responsabilitĂ©s. De plus, il sâest avĂ©rĂ© que cette mine se trouvait dans un territoire non attribuĂ©, qui de ce fait allait devenir lâobjet des soins dâune congrĂ©gation bien organisĂ©e. Celle-ci nâa mĂȘme pas eu Ă changer de nom, puisquâelle a quittĂ© une mine de chrome pour une autre. Elle est toujours dĂ©nommĂ©e congrĂ©gation de Chrome. Quant au directeur de la mine, il commençait Ă regretter de sâĂȘtre sĂ©parĂ© de ses meilleurs ouvriers. Dâailleurs, il devait par la suite rĂ©embaucher certains des TĂ©moins quâil avait licenciĂ©s. Il a un jour fait cette remarque au surveillant de district âCe sont mes meilleurs ouvriers que jâai renvoyĂ©s.â Un excellent tĂ©moignage a pu ĂȘtre donnĂ© grĂące Ă la fidĂ©litĂ© de nos frĂšres. DANS LES ANNĂES 1970 En 1960, la moyenne du nombre des proclamateurs a Ă©tĂ© la plus Ă©levĂ©e jamais enregistrĂ©e. Elle Ă©tait de 12 487, et il y a eu un maximum de 13 493 proclamateurs. Mais de 1960 Ă 1967 elle a baissĂ© pour atteindre le chiffre le plus bas depuis 1952, savoir 9 384 proclamateurs. Cela sâexplique en grande partie par lâĂ©puration qui a eu lieu au sein de lâorganisation, laquelle sâest dĂ©tachĂ©e des personnes qui nâĂ©taient pas des vrais TĂ©moins de JĂ©hovah. Puis Ă partir de 1967 le nombre des proclamateurs a de nouveau commencĂ© Ă augmenter. En 1971 ils Ă©taient en moyenne 11 430 Ă prĂȘcher le Royaume, avec un maximum de 12 456. Cette augmentation sâest poursuivie jusquâen 1976, mais une fois de plus le nombre des proclamateurs sâest mis Ă baisser. Pour quelle raison? Câest Ă partir de ce moment-âlĂ que le pays a traversĂ© les annĂ©es les plus sombres de son histoire. Mais pour se rendre compte dans quelle mesure cela a touchĂ© nos frĂšres, revenons au dĂ©but des annĂ©es 1970. Durant cette dĂ©cennie, le peuple de JĂ©hovah a dĂ» faire face Ă de nombreuses difficultĂ©s. Parmi celles-ci citons le problĂšme de lâemploi, la question de la neutralitĂ©, la guerre et ses consĂ©quences, Ă savoir la destruction de maisons, la perte de bĂ©tail et de champs, la persĂ©cution et mĂȘme la mort. Nos adversaires ont mĂȘme exercĂ© des pressions sur le gouvernement pour quâil interdise lâĆuvre du Royaume. Cela nâest pas sans nous rappeler les paroles de lâapĂŽtre Paul qui a dĂ©clarĂ©, aprĂšs avoir Ă©tĂ© lapidĂ© et laissĂ© pour mort en dehors de Lystres âIl nous faut entrer dans le royaume de Dieu Ă travers beaucoup de tribulations.â â Actes 1422. DE LâAIDE VENANT DE JĂHOVAH JĂ©hovah nâallait pas manquer de prĂ©parer son peuple pour affronter toutes ces difficultĂ©s. Il lâa fait de deux maniĂšres. Tout dâabord, en 1972, les congrĂ©gations allaient avoir Ă leur tĂȘte des anciens et des serviteurs ministĂ©riels nommĂ©s par le CollĂšge central. Cette disposition venait Ă point nommĂ©. Il Ă©tait trĂšs rĂ©jouissant de voir la rĂ©action des frĂšres lorsque le CollĂšge central a donnĂ© cette instruction fondĂ©e sur la Bible. Tandis quâelles examinaient les exigences des Ăcritures Ă ce propos, certaines congrĂ©gations se sont rendu compte quâelles ne pouvaient nommer aucun ancien ou serviteur ministĂ©riel. Une congrĂ©gation a Ă©crit âQuand nous avons examinĂ© les conditions requises des anciens et des serviteurs ministĂ©riels avec le surveillant de circonscription, nous nous sommes aperçus que personne ne les remplissait. Mais nous Ă©tions rĂ©solus Ă satisfaire Ă ces exigences lâannĂ©e suivante.â James Mubata, un membre du ComitĂ© de la filiale qui sert au BĂ©thel depuis 1966, a fait rĂ©cemment ce commentaire Ă propos de lâeffet quasi immĂ©diat quâa eu la nomination des anciens dans les congrĂ©gations âNon seulement les congrĂ©gations ont bĂ©nĂ©ficiĂ© dâun plus grand nombre de frĂšres qualifiĂ©s pour enseigner, mais ceux qui servaient dĂ©jĂ comme enseignants ont continuĂ© de progresser dans ce domaine. De plus, on a veillĂ© davantage Ă la puretĂ© des congrĂ©gations. En effet, avant 1972 dans de nombreuses congrĂ©gations les serviteurs ne sâoccupaient pas rapidement des cas dâimpuretĂ©. Mais presque aussitĂŽt aprĂšs la mise en place des collĂšges dâanciens, toute lâattention nĂ©cessaire a Ă©tĂ© accordĂ©e Ă ces problĂšmes. Tant et si bien quâici, au BĂ©thel, pendant quelque temps nous avons Ă©tĂ© occupĂ©s comme jamais auparavant par ces affaires judiciaires.â GrĂące Ă toutes ces dispositions, les congrĂ©gations devenaient beaucoup plus fortes spirituellement. Les frĂšres qui avaient Ă©tĂ© dĂ©mis de leurs fonctions parce quâils ne prĂ©sidaient pas leur famille dâune bonne maniĂšre ont pris conscience quâils devaient mettre en pratique les conseils des Ăcritures dans le cercle familial. Dâautres frĂšres, Ă qui lâon nâavait pas donnĂ© auparavant la possibilitĂ© dâutiliser leurs capacitĂ©s et leurs progrĂšs spirituels Ă©taient maintenant mis Ă contribution dans les congrĂ©gations. Lâorganisation Ă©tait ainsi beaucoup plus forte et mieux Ă©quipĂ©e pour aider les frĂšres Ă affronter les Ă©vĂ©nements futurs. DE NOUVEAUX LOCAUX POUR LA FILIALE Voyons maintenant la deuxiĂšme façon, trĂšs opportune, dont JĂ©hovah a aidĂ© son peuple. Nous voulons parler de la construction dâun nouveau BĂ©thel de deux Ă©tages. Lors de la visite quâil effectua en 1971, frĂšre Knorr se pencha longuement sur la nĂ©cessitĂ© pour notre filiale dâavoir un bĂątiment plus spacieux. Ă cette Ă©poque, plusieurs membres de la famille du BĂ©thel logeaient dans des appartements voisins, et les locaux oĂč se trouvaient les bureaux et le service de lâexpĂ©dition Ă©taient trop exigus. Depuis 1953 nous occupions une maison de plain-pied qui comptait seulement cinq chambres. Et encore, au moment de la visite de frĂšre Knorr trois de ces chambres avaient Ă©tĂ© transformĂ©es en bureaux. On a donc dĂ©cidĂ© de chercher de nouveaux locaux pour notre filiale. Ă plusieurs reprises nous avons essayĂ© dâobtenir lâautorisation de construire un bĂątiment dans un autre endroit, mais en vain. Nous avons alors rĂ©solu de dĂ©molir la maison que nous occupions et de construire un nouveau bĂątiment Ă la mĂȘme place. Ce projet fut mis en Ćuvre au mois de dĂ©cembre 1972. Dix mois plus tard, nous prenions possession des lieux. Quel Ă©vĂ©nement mĂ©morable! Bien que cette construction ne soit en rien comparable au prodige des Salles du Royaume bĂąties en deux jours, elle a cependant permis de donner un bon tĂ©moignage aux autoritĂ©s locales et aux habitants du quartier. Des centaines de personnes, des hommes et des femmes de tout Ăąge, ont participĂ© dâune façon ou dâune autre Ă cette rĂ©alisation, ce qui nâest pas passĂ© inaperçu. Parmi ceux qui ont fait des commentaires favorables sur la construction, on pourrait citer cet inspecteur des travaux publics. Quoiquâun peu distant au dĂ©but, il est devenu petit Ă petit plus chaleureux en voyant lâamabilitĂ© de chacun. Voici la remarque quâil a faite âVous avancez vite. Vous avez dâexcellents ouvriers. Et je suis sĂ»r que si vous aviez payĂ© la main-dâĆuvre dâune entreprise, vous nâauriez pas eu de si bons rĂ©sultats.â Un entrepreneur qui travaillait de lâautre cĂŽtĂ© de la route a dit âIl est rĂ©confortant de savoir quâil y a encore des gens qui ont des convictions assez profondes pour accomplir un tel travail.â Notre bĂątiment a Ă©tĂ© presque entiĂšrement construit par des volontaires ou sous la direction de ceux-ci. Il serait bien sĂ»r impossible de mentionner par leur nom tous ceux qui ont manifestĂ© tant de bonne volontĂ© et un tel esprit de sacrifice, mais nous pourrions nĂ©anmoins parler de quelques travailleurs reprĂ©sentatifs de lâensemble. Peter Drewett, par exemple, a quittĂ© son emploi profane pour se rendre avec sa femme et sa fille dans la ville oĂč devait ĂȘtre construit le nouveau BĂ©thel. Ils ont logĂ© dans une caravane pendant toute la durĂ©e de la construction. Noel Ellerman, sa femme et ses deux enfants ont installĂ© leur petite caravane sur le chantier poussiĂ©reux. Durant huit mois environ ils ont habitĂ© lĂ . Quant Ă Eric Cargill, entrepreneur de son Ă©tat, il a non seulement fourni lâoutillage indispensable et une partie de la main-dâĆuvre quâil emploie ordinairement, mais il a aussi consacrĂ© la moitiĂ© de ses journĂ©es Ă la construction jusquâĂ lâachĂšvement complet des travaux. LA QUESTION DU TABAC Comme nous lâavons dĂ©jĂ dit, au dĂ©but des annĂ©es 1970 nos frĂšres ont dĂ» faire face Ă un certain nombre de difficultĂ©s. Parmi celles-ci il y avait le problĂšme du tabac. En effet, certains TĂ©moins travaillaient dans des plantations ou des manufactures de tabac. Le problĂšme Ă©tait dâautant plus dĂ©licat au Zimbabwe que le tabac est lâune des principales sources de revenus du pays. Câest le produit le plus exportĂ©, celui qui fait entrer de nombreuses devises Ă©trangĂšres dont le Zimbabwe a tant besoin. DĂ©jĂ en 1972 les frĂšres qui occupaient ce genre dâemploi se sont demandĂ© si celui-ci Ă©tait en accord avec les principes des Ăcritures. Dâailleurs, quelques-uns dâentre eux qui avaient Ă©tĂ© recommandĂ©s comme anciens ou serviteurs ministĂ©riels avaient refusĂ© leurs privilĂšges Ă cause de leurs scrupules de conscience. Un surveillant itinĂ©rant a fait cette remarque âDe nombreux TĂ©moins qui avaient une belle conduite et qui remplissaient les conditions requises ont demandĂ©, Ă cause de leur conscience, Ă ne pas ĂȘtre recommandĂ©s comme anciens ou serviteurs ministĂ©riels Ă©tant donnĂ© quâils travaillaient dans une ferme oĂč lâon produisait et mettait en balle du tabac.â Parmi ceux qui cultivaient du tabac, certains nâont pas tardĂ© Ă laisser leur travail tandis que dâautres envisageaient de faire de mĂȘme. Voici ce quâun frĂšre a dĂ©clarĂ© âQuand nous avons compris le point de vue de Dieu sur le mariage, beaucoup dâentre nous ont renvoyĂ© leur seconde femme. DĂšs lors, ne nous sera-ât-âil pas plus facile de cesser de cultiver du tabac?â LES FRĂRES RESTENT FIDĂLES Il Ă©tait bien que les frĂšres tiennent ce raisonnement dĂšs cette Ă©poque, car ainsi il leur serait plus facile de se conformer aux instructions que la SociĂ©tĂ© allait donner deux ans plus tard. Au dĂ©but de 1974, le MinistĂšre du Royaume a publiĂ© un supplĂ©ment intitulĂ© âVotre emploi et lâamour du prochainââ. Celui-ci exposait clairement le point de vue des Ăcritures sur la question. Fumer est une souillure de la chair et un motif dâexclusion, selon ce qui est rapportĂ© en II Corinthiens 71. Par consĂ©quent, serait-âil convenable pour un chrĂ©tien de cultiver, de manufacturer ou de vendre du tabac? DâaprĂšs les Ăcritures, il est Ă©vident que non. On ne peut pas continuer Ă faire cela et prĂ©tendre aimer son prochain. CâĂ©tait lĂ le raisonnement exposĂ© dans le supplĂ©ment. Les frĂšres ont rĂ©agi de façon remarquable. Essayez de vous mettre dans leur situation. Vous avez de hautes responsabilitĂ©s dans une plantation de tabac, vous possĂ©dez une maison qui dĂ©pend de cette plantation et Ă©ventuellement une parcelle de terre oĂč vous pouvez faire paĂźtre votre bĂ©tail. Et soudain voilĂ que vous devez prendre une dĂ©cision lourde de consĂ©quences Votre employeur vous dit que si vous ne voulez pas travailler Ă la production du tabac, vous nâavez quâĂ trouver du travail ailleurs. Vous avez peut-ĂȘtre des enfants en bas Ăąge. Alors, quâallez-âvous faire? Eh bien, nos frĂšres ont prĂ©fĂ©rĂ© renoncer Ă tout cela plutĂŽt que dâĂȘtre sĂ©parĂ©s de lâorganisation de JĂ©hovah. Beaucoup ont subi des prĂ©judices financiers considĂ©rables. Toutefois, ils ont gardĂ© la faveur de JĂ©hovah. Nous pouvons compter sur les doigts de la main ceux qui ont dĂ» ĂȘtre exclus. Nous avons de tout cĆur soutenu nos compagnons qui sont restĂ©s indĂ©fectiblement attachĂ©s Ă la justice de Dieu. DES RĂACTIONS PARTAGĂES Bien Ă©videmment, la prise de position adoptĂ©e par nos frĂšres a provoquĂ© bien des rĂ©actions, le plus souvent hostiles. Les journaux ont publiĂ© de nombreux articles et reçu un abondant courrier Ă ce sujet. Des membres du Parlement, tant Ă lâextĂ©rieur quâĂ lâintĂ©rieur de celui-ci, ont Ă©mis des critiques, parfois virulentes, Ă lâĂ©gard des TĂ©moins. Une remarque parue dans un mensuel va nous donner une idĂ©e de lâampleur des rĂ©actions. Voici ce quâon y lisait âLes TĂ©moins de JĂ©hovah ont Ă©tĂ© trĂšs sĂ©vĂšrement critiquĂ©s, Ă lâintĂ©rieur comme Ă lâextĂ©rieur du Parlement. ... Selon la nouvelle lĂ©gislation en vigueur, on peut dorĂ©navant les priver de leurs droits civiques et les expulser.â Le journaliste a comparĂ© les rĂ©actions suscitĂ©es Ă âune tempĂȘte dans un verre dâeauâ. Les fermiers ont aussi eu des rĂ©actions partagĂ©es. Certains se sont montrĂ©s mĂ©chants. Dâautres ont Ă©crit ou tĂ©lĂ©phonĂ© Ă la SociĂ©tĂ© pour lui dire ce quâils pensaient des TĂ©moins de JĂ©hovah. Cependant, ils auraient aimĂ© continuer de confier Ă ceux-ci des postes de responsabilitĂ© dans leurs exploitations. Ainsi, plusieurs fermiers ont fait de gros efforts pour trouver un accord avec les frĂšres. Ils Ă©taient disposĂ©s Ă leur proposer un travail qui nâaurait rien Ă voir avec le tabac plutĂŽt que de perdre des ouvriers dignes de confiance. Les TĂ©moins ont bien sĂ»r apprĂ©ciĂ© leur geste. On pourrait aussi parler de ce frĂšre qui vendait du tabac et qui un jour a pris conscience quâil ne pouvait pas continuer ainsi. Il a donc prĂ©sentĂ© sa dĂ©mission, mais son patron ne lâa pas acceptĂ©e. MalgrĂ© cela, notre frĂšre nâest pas retournĂ© au travail. Quand son patron est venu le voir chez lui pour lui demander des explications, le frĂšre lui a exposĂ© son problĂšme. Lâemployeur lâa fĂ©licitĂ© pour sa franchise et a insistĂ© pour le garder. Profitant de lâoccasion, notre frĂšre a posĂ© ses conditions il voulait un travail qui nâait pas de rapport avec le tabac et qui lui permette dâassister Ă toutes les rĂ©unions. Lâemployeur a donnĂ© son accord, bien que cela ait reprĂ©sentĂ© une diminution de salaire pour le TĂ©moin. Celui-ci tire cette conclusion de son expĂ©rience âElle mâa appris que nous serons bĂ©nis aussi longtemps que nous tiendrons fermes face aux problĂšmes que nous rencontrons dans notre travail profane. Dâautre part, il nous faut ĂȘtre dĂ©sireux de continuer Ă progresser spirituellement avec lâorganisation de JĂ©hovah.â Ce frĂšre est maintenant ancien dans sa congrĂ©gation. LA BONNE NOUVELLE SE RĂPAND MALGRĂ DES CONDITIONS DĂFAVORABLES Le fait que tous ces frĂšres ont changĂ© de travail a favorisĂ© la diffusion de la bonne nouvelle du Royaume. De nouvelles congrĂ©gations ont mĂȘme Ă©tĂ© formĂ©es dans des territoires isolĂ©s. Par exemple, un frĂšre qui possĂ©dait une mine dans un de ces territoires et qui avait besoin dâouvriers a bien voulu embaucher ceux qui avaient perdu leur emploi. BientĂŽt, 20 frĂšres travaillaient dans sa mine. Une congrĂ©gation composĂ©e de ces frĂšres et de leur famille a vu le jour, et elle existe encore aujourdâhui. Dâautres TĂ©moins ont Ă©galement Ă©tĂ© prompts Ă apporter leur aide. Certains de ceux qui se sont retrouvĂ©s sans emploi sont retournĂ©s chez eux, oĂč souvent il nây avait pas de congrĂ©gation. Ainsi la Parole de JĂ©hovah Ă©tait prĂȘchĂ©e lĂ oĂč elle ne lâavait jamais Ă©tĂ© auparavant. Mais comment tous ces problĂšmes se sont-âils terminĂ©s? Assez curieusement, câest lâAssociation des planteurs de tabac qui a mis un point final Ă cette question en faisant paraĂźtre dans son bulletin mensuel un communiquĂ© de son prĂ©sident. Celui-ci disait que tout cela Ă©tait un problĂšme religieux qui concernait les TĂ©moins et quâil ne fallait pas en faire un sujet de controverse. Le Rhodesia Tobacco Forum, dans son numĂ©ro de juin 1974, Ă la page 27, faisait cette remarque intĂ©ressante Ă propos des TĂ©moins de JĂ©hovah âDans le mĂȘme article [dâun journal], il Ă©tait rapportĂ© que le ministre de lâAgriculture ... aurait dĂ©crit cette attitude comme ce qui semble ĂȘtre une entreprise dĂ©libĂ©rĂ©e pour ruiner lâĂ©conomieâ. Toutefois, si lâon en juge par le nombre de personnes concernĂ©es, cette hypothĂšse est difficilement recevable.â Ce commentaire venant de lâAssociation rhodĂ©sienne des planteurs de tabac a apparemment rĂ©ussi Ă calmer les esprits, de sorte que les frĂšres nâont plus Ă©tĂ© harcelĂ©s par la suite. Un excellent tĂ©moignage a Ă©tĂ© rendu Ă la fidĂ©litĂ© du peuple de JĂ©hovah. LA QUESTION DE LA NEUTRALITĂ Alors que la question du tabac touchait nos frĂšres africains, toujours en 1972 un autre problĂšme allait surgir qui ne concernerait que nos frĂšres blancs, du moins dans un premier temps. Il sâagirait du problĂšme de la neutralitĂ© chrĂ©tienne vis-Ă -vis des affaires de ce monde. Ce problĂšme nâa pas pris de grandes proportions tout dâabord, jusquâau moment oĂč a dĂ©butĂ© ce qui a Ă©tĂ© appelĂ© âla lutte pour la libĂ©rationâ, ou pour reprendre lâexpression utilisĂ©e par certains âla guerre terroristeâ. Bien entendu, les difficultĂ©s ont commencĂ© lorsque le service militaire est devenu obligatoire pour les Blancs. Au fur et Ă mesure que les combats sâintensifiaient, surtout aux frontiĂšres, on a essayĂ© dâenrĂŽler la population tout entiĂšre dans cet effort de dĂ©fense. Toutefois, la conscription sâest dâabord limitĂ©e aux Blancs. De nombreux jeunes TĂ©moins ont donc Ă©tĂ© emprisonnĂ©s, certains dâentre eux Ă plusieurs reprises, parce quâils restaient neutres. Au cours de lâannĂ©e, les appelĂ©s devaient faire un certain nombre de pĂ©riodes. AprĂšs chacune dâelles ils retournaient travailler pour leur employeur. Un frĂšre pouvait passer devant le tribunal Ă chaque fois quâil refusait, par motif de conscience, de faire une pĂ©riode, et par consĂ©quent il pouvait purger plusieurs peines de prison les unes Ă la suite des autres. Du reste, il est arrivĂ© que quelques-uns reçoivent leur convocation pour une pĂ©riode alors quâils Ă©taient encore incarcĂ©rĂ©s. Pour les jeunes pĂšres de famille, cette situation Ă©tait particuliĂšrement pĂ©nible. Non seulement ils devaient laisser leur famille derriĂšre eux, mais en allant en prison ils perdaient souvent leur travail. Lorsquâils Ă©taient libĂ©rĂ©s, ils devaient en chercher un autre. Ă ce moment-âlĂ on leur demandait les papiers militaires, et quand lâemployeur Ă©ventuel Ă©tait mis au courant de la situation, il rĂ©pondait frĂ©quemment âJe suis dĂ©solĂ©. Jâaurais aimĂ© vous embaucher, mais je ne peux pas parce que vous nâavez pas fait votre service militaire.â Pour certains, ce problĂšme a pris des proportions Ă©normes. UN EXEMPLE DâINTĂGRITĂ Bob Hawkes a Ă©tĂ© lâun des premiers Ă endurer ces Ă©preuves. Il avait dĂ©jĂ accompli son service militaire quand il a commencĂ© Ă Ă©tudier la Bible avec les TĂ©moins de JĂ©hovah. Il nâĂ©tudiait que depuis six mois lorsquâil a Ă©tĂ© appelĂ© pour faire une pĂ©riode en janvier 1973. Mais laissons-âle nous raconter son expĂ©rience âEn raison de ce que jâavais appris dans la Bible, jâai dĂ©cidĂ© de ne pas me rendre Ă la convocation. Molly, ma femme, Ă©tait enceinte de deux mois.â Comment les choses se sont-âelles passĂ©es ensuite? âOn mâa convoquĂ© au tribunal; jâai Ă©tĂ© condamnĂ© Ă 30 jours de prison ferme et Ă trois mois avec sursis.â Cela lui a-ât-âil paru difficile Ă supporter? âCâĂ©tait trĂšs dur en effet, dit-âil. Je nâĂ©tais mĂȘme pas baptisĂ©, et me voilĂ derriĂšre les barreaux. Je me suis retrouvĂ© tout seul, dans un monde trĂšs Ă©trange. JâĂ©tais complĂštement perdu. Câest alors que Molly sâest fĂąchĂ©e et mâa Ă©crit pour mâannoncer quâelle allait me quitter. Et pour couronner le tout, mon pĂšre est venu me voir pour mâapporter plusieurs Ă©crits qui diffamaient les TĂ©moins. Je lui ai fait savoir que, quoi quâil arrive, jâĂ©tais rĂ©solu Ă rester sur ma position. Prier JĂ©hovah Ă©tait mon seul rĂ©confort.â DâAUTRES DIFFICULTĂS Quand il a Ă©tĂ© libĂ©rĂ© de prison, Bob Hawkes devait sâapercevoir que dâautres problĂšmes lâattendaient. Lorsquâil est rentrĂ© chez lui, Molly lui a prĂ©sentĂ© un uniforme et lâa invitĂ© Ă aller dans la âbrousseâ, sur le lieu des combats. Bob explique âJe lui ai dit de ne plus jamais me forcer Ă aller lĂ -bas et de ne mĂȘme pas mâen parler.â Bob est alors retournĂ© Ă son travail, seulement pour sâentendre dire quâil Ă©tait renvoyĂ© sur-le-champ. âJe nâen reviens pas que ma femme soit restĂ©e avec moi lorsquâelle a su la nouvelle, car elle sâĂ©tait toujours opposĂ©e Ă la vĂ©ritĂ©.â Peu aprĂšs, Bob a pris le baptĂȘme. Il a dĂ» ensuite regagner la prison, cette fois pour six mois, auxquels se sont ajoutĂ©s les trois mois de sursis qui se sont transformĂ©s en prison ferme. Au total il est allĂ© trois fois en prison, la derniĂšre fois pour huit mois. QUâEN EST-âIL DE MOLLY? Sans doute voulons-ânous savoir quelle a Ă©tĂ© la rĂ©action de Molly. âQuand on Ă©tudiait, dit-âelle, la vĂ©ritĂ© nâavait pas beaucoup de signification pour moi. Pour Bob câĂ©tait diffĂ©rent. DĂšs quâil apprenait quelque chose, il opĂ©rait les changements nĂ©cessaires. Il a cessĂ© de fumer, nâa plus assistĂ© aux rĂ©ceptions et a abandonnĂ© dâautres pratiques encore. Puis je suis devenue enceinte, et je me tracassais Ă cause de la question du sang. La vĂ©ritĂ© commençait Ă influer sur toute notre vie. âEnsuite Bob est allĂ© en prison. Je trouvais cela terrible. Comment pouvait-âil agir ainsi envers nous? Câest alors que jâai dĂ©cidĂ© de lui adresser un ultimatum. Je lui ai donc Ă©crit et je lâai menacĂ© de le quitter. Mais au fond de moi, je savais que je ne pourrais jamais faire cela.â Quâest-âce qui a amenĂ© Molly Ă accepter la vĂ©ritĂ©? âEn grande partie, câest la bontĂ© que me tĂ©moignaient les sĆurs. Elles mâapportaient diverses denrĂ©es alimentaires, de la viande, du pain, et elles mâaidaient matĂ©riellement dâautres façons. Mais en plus, il y avait la sollicitude pleine dâamour des frĂšres et des sĆurs, qui ne manquaient pas de me fortifier spirituellement. Progressivement, cela mâa influencĂ©e et mâa fait rĂ©flĂ©chir. Jâai donc commencĂ© Ă me prĂ©parer en vue du baptĂȘme. Jâai Ă©tĂ© baptisĂ©e peu aprĂšs que Bob est sorti de prison pour la derniĂšre fois.â Quelque temps plus tard, frĂšre Hawkes a de nouveau Ă©tĂ© appelĂ© pour faire une pĂ©riode. Cependant, cette fois on ne lâa pas emprisonnĂ© parce quâil projetait dâaccepter du travail dans un autre pays. Ce fait illustre bien ce que plusieurs de nos frĂšres ont endurĂ©. Dâailleurs, quand lâĂąge limite de la conscription a Ă©tĂ© portĂ© Ă 50 ans et finalement Ă 60 ans, beaucoup de frĂšres se sont trouvĂ©s concernĂ©s. Mais nous parlerons davantage de cela par la suite. LâOPPOSITION SE MANIFESTE Ătant donnĂ© la publicitĂ© accordĂ©e Ă la question du tabac et Ă celle de la neutralitĂ© chrĂ©tienne, on comprend aisĂ©ment que les TĂ©moins dĂ©frayaient la chronique. EncouragĂ©s sans doute par certaines personnes qui Ă©taient irritĂ©es par la neutralitĂ© des frĂšres, plusieurs membres du Parlement ont fait pression sur le gouvernement pour quâil mette un frein Ă lâĆuvre de prĂ©dication. De plus, comme les TĂ©moins Ă©taient lâobjet de critiques et dâattaques de la part des media, ils sont aussi devenus un sujet de discussion courant lors des dĂ©bats parlementaires. Cela a Ă©tĂ© particuliĂšrement vrai le 4 dĂ©cembre 1973, quand le Parlement discutait les amendements Ă la loi sur la dĂ©fense et Ă la loi sur la citoyennetĂ©. Voici quelques extraits de ces dĂ©bats âLes croyances de cette secte [les TĂ©moins de JĂ©hovah] sont lâantithĂšse des enseignements des Ăglises Ă©tablies et estimĂ©es.â â Le ministre de la DĂ©fense. âEn bref, nous suggĂ©rons ... quâun TĂ©moin de JĂ©hovah condamnĂ© Ă six mois dâemprisonnement ou plus, sans substitution dâamende, pour un refus dâobĂ©issance Ă cause de sa conscience religieuse, pourra ĂȘtre privĂ© de sa citoyennetĂ© et, dans le cas dâun Ă©tranger, pourra ĂȘtre expulsĂ©.â â Le ministre de la DĂ©fense. âCes convictions [celles des objecteurs de conscience en gĂ©nĂ©ral] ont le plus souvent trait Ă la suppression des vies humaines. Un moyen de conciliation consiste Ă affecter lâindividu Ă une unitĂ© non-combattante. ... Cependant, ce moyen nâest pas acceptĂ© ... par le culte ou la secte des TĂ©moins de JĂ©hovah qui, Ă mon avis, est une organisation pernicieuse dont lâattitude Ă lâĂ©gard du service militaire nâa aucun fondement et ne peut se justifier.â â Un membre du Parlement. âNous cherchons Ă nous assurer que les TĂ©moins de JĂ©hovah nâinfluencent pas les futurs conscrits et ceux qui effectuent leur service militaire.â â Le ministre de la DĂ©fense. Il semble que la prise de position courageuse des frĂšres a eu plus dâune consĂ©quence. LA TENSION MONTE Vers la fin de 1974, on sentait la tension monter. Câest ce que faisait remarquer la filiale du Zimbabwe au siĂšge mondial de la SociĂ©tĂ© dans une lettre datĂ©e du 8 octobre 1974. Celle-ci faisait Ă©tat dâune rumeur selon laquelle notre organisation serait lâobjet dâune âenquĂȘte approfondieâ. Elle disait ensuite âAu moment oĂč nous rĂ©digeons ces lignes, nous ne savons rien de plus et nous nâavons pas non plus Ă©tĂ© contactĂ©s par les autoritĂ©s. Le bruit court que certaines mesures seront prises en dĂ©cembre, mais nous ne pouvons rien confirmer. âDans tout le pays, beaucoup de gens sont trĂšs hostiles Ă nos activitĂ©s, surtout au ministĂšre de maison en maison.â Un peu partout sont apparus des Ă©criteaux portant lâinscription âDehors les TĂ©moins de JĂ©hovah.â Une personne entreprenante a mĂȘme commencĂ© Ă en vendre de porte en porte. Pendant un moment elle a fait de bonnes affaires. PROPOSITION DâUNE ACTION CONTRE LES TĂMOINS DE JĂHOVAH Au dĂ©but de fĂ©vrier 1975, la filiale est entrĂ©e en possession du compte rendu dâune rĂ©union trĂšs significative. CâĂ©tait celle du bureau du Front rhodĂ©sien, le parti au pouvoir. La quasi-totalitĂ© du programme de cette rĂ©union tenue le 31 janvier 1975 Ă©tait consacrĂ©e aux TĂ©moins de JĂ©hovah. On prĂ©senta un certain nombre dâarguments montrant pourquoi il fallait entreprendre une action contre eux. Vous imaginez sans peine les sentiments qui Ă©taient les nĂŽtres en ce temps-âlĂ . Quâallait-âil se passer? Les TĂ©moins de JĂ©hovah seraient-âils interdits? Allait-âon expulser les missionnaires? Nous ne savions pas Ă quoi nous attendre. Bien que ceux qui donnaient ces suggestions au gouvernement soient des membres du parti au pouvoir, et certains dâentre eux des membres du Parlement, le gouvernement lui-âmĂȘme adoptait manifestement un point de vue plus raisonnable. En effet, ni Ă cette Ă©poque ni plus tard il nâa entrepris une action officielle contre lâĆuvre de prĂ©dication ou contre lâorganisation. Nous en Ă©tions trĂšs reconnaissants Ă JĂ©hovah. LA NEUTRALITĂ DANS LES RĂGIONS âCHAUDESâ Ce nâest pas seulement en rapport avec la question du service militaire que les frĂšres devaient montrer rĂ©solument quâils Ă©taient sĂ©parĂ©s du monde. Ils allaient devoir faire connaĂźtre clairement leur position en dâautres circonstances Jean 1519. Par exemple, frĂšre Will Vosloo possĂ©dait une ferme qui, pendant la guerre, se trouvait dans ce que lâon peut appeler Ă juste titre une zone âchaudeâ. Cette ferme Ă©tait distante dâenviron 62 kilomĂštres de la congrĂ©gation oĂč il servait en tant quâancien. Un peu plus loin Ă©tait situĂ©e une place forte des âcombattants de la libertĂ©â, et câest lĂ que de nombreux affrontements opposaient ceux-ci aux forces de sĂ©curitĂ© du gouvernement. Un jour, peu aprĂšs son baptĂȘme, frĂšre Vosloo et sa femme Gisela Ă©taient assis chez eux en train de lire la Bible au Psaume 1127, oĂč il est dit âIl nâaura pas peur de mauvaises nouvelles. Son cĆur est ferme, confiant en JĂ©hovah.â Moins dâune heure plus tard, un policier vint avertir les Vosloo et leurs voisins quâil y avait des âterroristesâ dans la rĂ©gion. Il insista pour que les fermiers sâarment afin de pouvoir se dĂ©fendre. FrĂšre Vosloo refusa. Il explique âĂ partir de ce moment-âlĂ , on exerça sur moi des pressions de plus en plus fortes pour que je participe Ă la protection de la communautĂ©. Mes voisins ne comprenaient rien Ă mon attitude. Ils me prenaient pour un lĂąche. Tandis que jâĂ©tais en prĂ©dication, un homme me dit Vous serez le premier Ă vous sauver quand ça ira vraiment mal.â Il avait tort. Aujourdâhui je suis encore dans ma ferme, mais eux, ils sont tous partis.â LA NEUTRALITĂ EST UNE PROTECTION Alors quâils Ă©taient harcelĂ©s par les fermiers des alentours, frĂšre Vosloo et sa famille furent rĂ©confortĂ©s de façon inattendue. Un jour, un surveillant de circonscription leur rendit visite et leur dĂ©clara âJe viens de lâautre cĂŽtĂ© de lâUmfuli. Vous ne devez pas vous inquiĂ©ter. Ici les gens savent que vous ĂȘtes neutres. Vous serez en sĂ©curitĂ©.â Ces mots se sont rĂ©vĂ©lĂ©s exacts. Quelques jours plus tard, les conducteurs de tracteurs de frĂšre Vosloo qui travaillaient dans les champs furent soudain accostĂ©s par une bande de guĂ©rilleros. Ceux-ci dirent âNous connaissons cet homme, nous ne voulons pas brĂ»ler ses tracteurs.â Et effectivement, alors que les tracteurs des autres fermiers furent brĂ»lĂ©s et leurs pompes dĂ©truites, le matĂ©riel de notre frĂšre resta intact. Peu de temps aprĂšs, pendant que lui et sa famille Ă©taient en vacances, plusieurs fermes des environs furent dĂ©molies, mais on ne toucha pas Ă sa maison. Tout cela parce que lâon connaissait sa neutralitĂ© en ce qui concerne les affaires politiques. Cette situation dura quelques annĂ©es, en rĂ©alitĂ© jusquâĂ la fin de la guerre. La communautĂ© envoya mĂȘme des dĂ©lĂ©gations chez les Vosloo pour faire pression sur eux et leur faire honte, afin quâils consentent Ă sâarmer pour leur protection et celle des autres. Chacun dans la rĂ©gion se dĂ©plaçait armĂ© jusquâaux dents, exceptĂ© frĂšre Vosloo qui citait les paroles prononcĂ©es par Gisela, inflexible âPas de revolver et pas de fusil.â Les choses allaient de mal en pis On brĂ»lait les magasins et on minait les routes. Ă cause du couvre-feu, il Ă©tait extrĂȘmement difficile pour les enfants de se rendre Ă lâĂ©cole. Finalement, frĂšre Vosloo dĂ©cida de louer une maison en ville pour sa famille, tandis que lui-âmĂȘme continuerait Ă travailler Ă la ferme. Mais au milieu de tous ces Ă©vĂ©nements, il sentait que sa meilleure protection Ă©tait sa neutralitĂ© et sa totale confiance en JĂ©hovah, ainsi quâil est Ă©crit âQuand tu te coucheras, tu ne ressentiras aucun effroi; et assurĂ©ment tu te coucheras, et ton sommeil devra ĂȘtre agrĂ©able. Tu nâauras pas Ă craindre une chose redoutable et soudaine .... Car JĂ©hovah lui-âmĂȘme sera vraiment ton assurance, et, Ă coup sĂ»r, il gardera ton pied de la capture.â â Prov. 324-26. UN PARADOXE Chose vraiment Ă©trange, une mĂȘme attitude valait Ă nos jeunes frĂšres blancs de se retrouver en prison et donnait Ă nos frĂšres africains une libertĂ© dont souvent les autres organisations, religieuses ou non, ne jouissaient pas. Comme lâactivitĂ© des guĂ©rilleros sâintensifiait dans certaines rĂ©gions, les mesures de sĂ©curitĂ© ont Ă©tĂ© renforcĂ©es. Tous les rassemblements ont Ă©tĂ© interdits et les Ă©coles et les magasins ont Ă©tĂ© contraints de fermer. Les frĂšres devaient ĂȘtre particuliĂšrement prudents en ce qui concerne la prĂ©dication et les rĂ©unions chrĂ©tiennes. On avait prĂ©vu de tenir une assemblĂ©e dans une de ces rĂ©gions en fĂ©vrier 1973. Aurions-ânous la permission de le faire? Avec une foi totale dans la direction de JĂ©hovah, les frĂšres de lâendroit se sont rendus chez le chef du village pour lui donner une lettre Ă remettre au commissaire de district. Comme il ne comptait pas remettre cette lettre immĂ©diatement, le chef a autorisĂ© les frĂšres Ă commencer les prĂ©paratifs. Plus tard, lorsque le surveillant de district, Isaac Chiadzwa, est arrivĂ©, il est allĂ© au bureau du commissaire de district pour signaler sa prĂ©sence et solliciter la permission de pĂ©nĂ©trer dans la rĂ©gion afin dâassister Ă une assemblĂ©e de circonscription. âQuand jâai demandĂ© lâautorisation de me rendre dans la rĂ©gion de Dotito, rapporte frĂšre Chiadzwa, tout le monde dans le bureau sâest mis Ă rire. Ils pensaient que jâĂ©tais fou. Ils ont Ă©tĂ© trĂšs surpris en entendant un des fonctionnaires dire Nous connaissons bien votre groupement. Nous savons quelle est votre position Ă lâĂ©gard des conditions actuelles.ââ Naturellement nous avons pu avoir notre assemblĂ©e. La seule restriction que lâon nous imposait Ă©tait de ne pas tenir de sessions le soir. MĂȘme le chef Ă©tait surpris et impressionnĂ©. FrĂšre Chiadzwa explique que lors de ses dĂ©placements en tant que surveillant de district, il rencontrait souvent des barrages sur les routes. âOn me laissait toujours passer, dit-âil, parce que jâĂ©tais TĂ©moin de JĂ©hovah. Un jour, Ă un barrage, chacun a reçu lâordre de dĂ©charger son vĂ©hicule pour lâinspection. DĂšs que jâai sautĂ© de la camionnette, un policier a vu ma serviette. AprĂšs lâavoir ouverte, il mâa demandĂ© qui jâĂ©tais et ce que je faisais. Je lui ai rĂ©pondu que jâĂ©tais TĂ©moin de JĂ©hovah, et aussitĂŽt il mâa dit de ne pas dĂ©charger ma camionnette, laquelle Ă©tait dâailleurs remplie de publications et contenait tout notre matĂ©riel. Quand un autre policier a voulu savoir la raison de cette exception, jâai entendu le premier dĂ©clarer Câest un TĂ©moin de JĂ©hovah. Nous nâavons pas de problĂšmes avec ces gens-âlĂ .ââ DâaprĂšs ce que le surveillant de district rapporte, les frĂšres de cette rĂ©gion avaient toujours sur eux des publications de la SociĂ©tĂ©, mĂȘme lorsquâils travaillaient dans les champs. Bien des fois, cela leur a Ă©vitĂ© dâĂȘtre battus ou de subir dâautres mauvais traitements. Il est vraiment Ă©trange quâun mĂȘme groupe de personnes puisse dans un certain cas ĂȘtre frappĂ© dâanathĂšme par les autoritĂ©s, et dans un autre ĂȘtre tellement favorisĂ©. Mais nous parlerons davantage de cela plus tard. Ă prĂ©sent, retournons au Malawi. LA PERSĂCUTION AU MALAWI La derniĂšre fois que nous avons parlĂ© des frĂšres du Malawi, ils avaient dĂ» fuir leur pays et sâĂ©taient rendus Ă Milange, au Mozambique, Ă lâest du Malawi. Vers 1970 beaucoup dâentre eux ont commencĂ© Ă regagner furtivement leur pays oĂč ils ont essayĂ© de se rĂ©installer. Mais cette situation nâa pas durĂ© longtemps. En 1972, une autre vague de persĂ©cution sâest abattue sur nos frĂšres, ce que le San Francisco Examiner a appelĂ© une âguerre religieuseâ. Ce journal dĂ©clarait âCâest vraiment une guerre Ă sens unique, opposant la force Ă la foi.â Les choses se sont passĂ©es Ă peu prĂšs comme en 1967, mais cette fois la persĂ©cution Ă©tait beaucoup plus intense. La Ligue de la jeunesse et le Mouvement des jeunes pionniers ont pris la tĂȘte dans cette âguerreâ. âIls sâorganisĂšrent en bandes groupant de douze Ă une centaine de jeunes gens. Puis ils sont allĂ©s de village en village, armĂ©s de gourdins, de massues, de pangas et de haches, recherchant les tĂ©moins de JĂ©hovah, les attaquant et dĂ©truisant leurs biens.â â RĂ©veillez-vous! du 8 fĂ©vrier 1973. Ils battaient leurs victimes avec des planches hĂ©rissĂ©es de clous et violaient nos sĆurs. Un frĂšre a Ă©tĂ© couvert dâherbes sĂšches auxquelles ses bourreaux ont mis le feu. Il a Ă©tĂ© brĂ»lĂ© vif. FrĂšre Michael Yadanga et sa famille ont Ă©tĂ© abandonnĂ©s au milieu dâune rĂ©serve dâanimaux sauvages. Ils ont dĂ» parcourir plusieurs kilomĂštres avant de trouver un autobus. Quand ils sont rentrĂ©s chez eux, on a de nouveau essayĂ©, en usant de menaces, de leur faire acheter la carte du parti. Voici ce que frĂšre Yadanga a rĂ©pondu âJâai perdu mes dents parce que je ne voulais pas acheter une carte. Jâai perdu mon emploi parce que je ne voulais pas acheter une carte. Jâai Ă©tĂ© cruellement battu, mes biens ont Ă©tĂ© dĂ©truits et jâai Ă©tĂ© forcĂ© de fuir en Zambie, tout cela parce que je nâai pas voulu acheter une carte. Je ne vais pas en acheter une maintenant.â Plus tard, frĂšre Yadanga a Ă©tĂ© averti par un des membres de la Ligue de la jeunesse bien disposĂ© Ă son Ă©gard quâil allait de nouveau recevoir leur visite. Il sâest donc enfui avec sa famille au Mozambique. Outre ces mauvais traitements, les TĂ©moins se sont vu priver de leur gagne-pain. Leurs magasins ont Ă©tĂ© fermĂ©s, leurs comptes en banque gelĂ©s, leurs biens confisquĂ©s et leurs rĂ©coltes dĂ©truites ou volĂ©es. Il ne leur restait quâune chose Ă faire sâenfuir du pays. Cette fois, la plupart sont allĂ©s en Zambie. Plus de 19 000 dâentre eux ont Ă©tabli un camp de rĂ©fugiĂ©s Ă Sinda Misale. DE LâAIDE DU MONDE ENTIER Ces frĂšres ont reçu de lâaide rapidement. Les secours sont arrivĂ©s du monde entier sous forme dâargent, de vĂȘtements et de denrĂ©es alimentaires notamment. Sans tarder, les frĂšres de Zambie ont envoyĂ©, entre autres, de la nourriture, du matĂ©riel de couchage et des outils de jardinage. Quant aux frĂšres dâAfrique du Sud, ils ont parcouru 2 400 kilomĂštres pour apporter Ă Sinda Misale des camions chargĂ©s de toile goudronnĂ©e, de couvertures, de feuilles de plastique, de pelles, de haches, et de divers autres objets. MalgrĂ© les difficultĂ©s quâils ont rencontrĂ©es, ils ont pu livrer toutes ces marchandises grĂące Ă la direction pleine dâamour de JĂ©hovah. En tout, les frĂšres de Sinda Misale ont reçu de nombreuses tonnes de nourriture, de vĂȘtements et de mĂ©dicaments. DE NOUVEAU OBLIGĂS DE PARTIR Malheureusement, ce rĂ©pit nâa Ă©tĂ© que temporaire. Sous prĂ©texte de conduire ces frĂšres dans un autre endroit, le gouvernement zambien les a en fait renvoyĂ©s au Malawi. LĂ , les persĂ©cutions ont repris de plus belle. De nouveau les frĂšres ont dĂ» fuir leur pays. Cette fois, ils sont allĂ©s au Mlangeni, au Mozambique, dans la partie situĂ©e Ă lâouest du Malawi. BientĂŽt 12 camps de rĂ©fugiĂ©s Ă©taient Ă©tablis au Mozambique, lesquels ont pu recevoir un maximum de 34 000 personnes. Plus tard, en 1975, le gouvernement du Mozambique a rapatriĂ© nos frĂšres de force, mais la plupart se sont de nouveau enfuis vers lâest du Mozambique, et bon nombre dâentre eux y sont encore. Ă prĂ©sent, nous sommes persuadĂ©s que vous lirez avec intĂ©rĂȘt les rĂ©cits relatĂ©s par Cyril et Ina Long. Ces derniers vivaient Ă Blantyre, au Malawi, quand la persĂ©cution a repris en 1972. Voici ce quâils racontent âUne famille traversait un pont qui enjambait une riviĂšre en crue, lorsquâelle fut accostĂ©e par des individus qui lui demandĂšrent les cartes du parti. Quand les parents expliquĂšrent pourquoi ils nâen avaient pas, on lança les enfants dans les eaux furieuses. Lâun des enfants Ă©tait un bĂ©bĂ© de six mois. Heureusement, les plus ĂągĂ©s purent le sauver. GrĂące Ă la protection de JĂ©hovah, tous Ă©chappĂšrent Ă la mort. âUn autre frĂšre fut battu au point de perdre connaissance. On lâarrosa dâessence et on y mit le feu. Il fut brĂ»lĂ© vif sous les yeux de sa femme, qui Ă©tait enceinte, et de ses six enfants. Ceux-ci furent forcĂ©s Ă regarder cette scĂšne cruelle.â NOS FRĂRES PERSĂCUTĂS REĂOIVENT DE LâAIDE FrĂšre Long se rendait compte quâil fallait faire quelque chose pour aider les frĂšres victimes de vols et de mauvais traitements. SecrĂštement il convint avec eux dâun lieu de rendez-vous oĂč il pourrait les prendre pour les conduire Ă la frontiĂšre. La premiĂšre fois, une trentaine de TĂ©moins furent rĂ©partis dans deux camionnettes Volkswagen. Plusieurs dâentre eux Ă©taient venus avec leurs bicyclettes, mais quand ils comprirent quâils ne pourraient les emporter ils les abandonnĂšrent dans la brousse sur le bord du chemin. Ils savaient quâils ne les retrouveraient jamais. âTout le long de la route, dit Ina, il y avait des barrages. Les frĂšres et les sĆurs devaient sâaplatir sur le plancher de la camionnette et se cacher sous des couvertures. Cyril Ă©tant blanc et le seul qui Ă©tait visible, on lui faisait signe de passer. Ă trois heures du matin, tous sont arrivĂ©s sains et saufs au camp de rĂ©fugiĂ©s au Mozambique. âQuelques jours plus tard, un surveillant de circonscription est venu nous dire quâil y avait un urgent besoin de mĂ©dicaments et de couvertures pour les 12 000 sansâabri qui se trouvaient dans le camp en Zambie. CâĂ©tait lâhiver et beaucoup souffraient de rhume, de diarrhĂ©e, de maux de gorge. En outre, plusieurs avaient subi des mauvais traitements et leur corps Ă©tait marquĂ© par des coupures, des meurtrissures ou des brĂ»lures graves. Que pouvait-âon faire pour les aider? âAprĂšs avoir priĂ© JĂ©hovah avec ferveur, nous avons dĂ©cidĂ© de nous rendre chez un pharmacien pour lui demander de nous vendre des mĂ©dicaments. CâĂ©tait une dĂ©marche dangereuse, car il pouvait facilement nous dĂ©noncer aux autoritĂ©s. NĂ©anmoins, nous sommes allĂ©s le trouver et nous lui avons expliquĂ© la situation. âIl sâest avĂ©rĂ© que ce pharmacien Ă©tait furieux contre le gouvernement, qui lâavait obligĂ© Ă licencier un de ses employĂ©s les plus dignes de confiance parce que ce dernier Ă©tait TĂ©moin de JĂ©hovah. Aussi, loin de nous dĂ©noncer, il Ă©tait trĂšs heureux de nous rendre service.â Imaginez la surprise et la joie de Cyril et Ina Long qui Ă©taient venus prendre leur commande le lendemain, quand ils se virent remettre gratuitement deux grands cartons de produits pharmaceutiques pour les frĂšres qui se trouvaient dans le camp de rĂ©fugiĂ©s! Ils insistĂšrent pour payer, mais le pharmacien leur dit âCâest le moins que je puisse faire pour des gens aussi loyaux qui sont traitĂ©s de façon aussi scandaleuse.â Peu aprĂšs, Cyril Long et un autre frĂšre firent un nouveau voyage jusquâau camp, cette fois la nuit et avec un chargement de couvertures. FrĂšre Long raconte âLes larmes nous venaient aux yeux devant le spectacle qui sâoffrait Ă nous une famille de six personnes blotties sous une seule couverture, essayant de se rĂ©chauffer les uns les autres; une sĆur qui avait Ă©tĂ© si cruellement battue et brĂ»lĂ©e avec des bĂ»ches incandescentes quâelle ne pouvait se coucher. Il fallait la soutenir avec des bottes dâherbe.â Pour terminer ce rĂ©cit, nous voulons vous faire part dâune anecdote qui a beaucoup Ă©mu sĆur Long. Puisque le gouvernement avait gelĂ© tous les comptes en banque des TĂ©moins, ceux-ci nâavaient pas pu retirer dâargent pour payer les transports publics et fuir. Notre sĆur raconte âDeux frĂšres sont venus nous trouver pour nous dire Nous avons pu retirer nos Ă©conomies Ă temps. Nous avons achetĂ© des tickets dâautobus pour nos familles et il nous reste cet argent. Pouvez-âvous le donner Ă dâautres qui en ont besoin?â Bien que ces frĂšres aient perdu leur emploi, leur amour chrĂ©tien les poussait Ă partager ce qui leur restait, sachant que JĂ©hovah pourvoirait.â Il ne fait pas de doute que lorsque Cyril et Ina Long repensent Ă cet incident, leur foi dans la sollicitude affectueuse de JĂ©hovah sâen trouve fortifiĂ©e. UN VOYAGE AU MOZAMBIQUE Câest en 1975, alors que les camps de rĂ©fugiĂ©s existaient encore au Mozambique, Ă lâouest du Malawi, quâun problĂšme a surgi, semblable Ă celui quâavait connu la congrĂ©gation chrĂ©tienne au premier siĂšcle Actes 61-6. Il sâagissait de la distribution des secours. On pensait que la visite dâun membre de la filiale en personne contribuerait beaucoup Ă rĂ©gler cette question. Câest ainsi quâen fĂ©vrier 1975, Keith Eaton, du ComitĂ© de la filiale, sâest mis en route pour les camps. Ce nâĂ©tait pas une mince affaire. Il sâest dĂ©placĂ© en avion et a dĂ» faire plusieurs escales. Il sâest rendu de Salisbury Ă Beira, sur la cĂŽte est du Mozambique, oĂč il a passĂ© la nuit et visitĂ© quelques frĂšres qui habitaient lĂ . Puis il est allĂ© Ă Tete, sur le ZambĂšze, et enfin Ă Vila Coutinho Ă prĂ©sent Ulongue oĂč il y avait six camps de rĂ©fugiĂ©s. Lâune des raisons pour lesquelles il Ă©tait difficile de parvenir Ă cette destination, câest que le Mozambique Ă©tait en pleine pĂ©riode de transition. La minoritĂ© portugaise blanche devait cĂ©der le pouvoir Ă la majoritĂ© noire. Traverser la frontiĂšre nâĂ©tait donc pas simple, surtout pour des Ă©trangers. Cependant, avec lâaide des TĂ©moins qui lâavaient rejoint Ă lâaĂ©roport de Vila Coutinho, Keith Eaton a pu visiter les camps. LĂ , il a discutĂ© avec les frĂšres de leurs problĂšmes, Ă©coutĂ© leurs rapports dĂ©chirants et donnĂ© des suggestions utiles. Nul doute que ce contact personnel avec un reprĂ©sentant de la SociĂ©tĂ© a beaucoup encouragĂ© les frĂšres. LâAPOSTASIE DANS LES CAMPS Finalement les frĂšres ont rĂ©ussi Ă sâinstaller Ă peu prĂšs correctement dans les camps de Milange, au Mozambique, Ă lâest du Malawi. Cependant, avec le temps dâautres problĂšmes devaient surgir. En 1976, certains ont soudain commencĂ© Ă se prĂ©tendre oints et Ă tenir des rĂ©unions spĂ©ciales, sĂ©parĂ©ment des rĂ©unions de la congrĂ©gation. Ils professaient des enseignements non bibliques. Ils soutenaient quâils Ă©taient oints et que depuis 1975 JĂ©hovah ne traitait plus avec les congrĂ©gations par lâintermĂ©diaire des anciens, mais par leur intermĂ©diaire. Un jour, la police a trouvĂ© lâun des meneurs complĂštement nu prĂšs du mont Mlanje, Ă la frontiĂšre du Mozambique. Cet homme a dĂ©clarĂ© Ă ses adeptes que, comme MoĂŻse, il avait obĂ©i Ă JĂ©hovah qui lâappelait au sommet de la montagne pour lui donner des instructions. Ces faux enseignants qui se prĂ©tendaient oints ont malheureusement attirĂ© Ă leur suite beaucoup de disciples. Lâapostasie nâa cessĂ© que quand 500 personnes ont Ă©tĂ© exclues. Cependant, bon nombre dâentre elles ont finalement reconnu leur erreur, se sont repenties et ont Ă©tĂ© rĂ©intĂ©grĂ©es. Nous sommes trĂšs heureux que deux des frĂšres responsables de lâĆuvre au Mozambique aient pu aller Ă Galaad pour y suivre un cours de cinq semaines Ă lâintention des membres des ComitĂ©s de filiale. Cela a contribuĂ© dans une large mesure Ă assurer une bonne surveillance thĂ©ocratique de lâĆuvre dans ce pays. LA GUERRE APPORTE DâAUTRES PROBLĂMES Revenons maintenant au Zimbabwe. Ă mesure que la guerre se faisait plus violente, les problĂšmes de nos frĂšres sâaggravaient. Ils menaient une vie trĂšs mouvementĂ©e. Dans bien des endroits, il nâĂ©tait plus question dâavoir une vie normale. Beaucoup ne savaient pas ce que le lendemain leur apporterait. Essayez de vous mettre Ă la place de la famille de ce frĂšre qui a envoyĂ© cette lettre Ă la SociĂ©tĂ© âJe vous Ă©cris pour vous raconter ce qui est arrivĂ© Ă ma femme et Ă mes cinq enfants. Ils ont Ă©chappĂ© de justesse Ă la mort alors quâils travaillaient dans notre champ de maĂŻs. Des soldats appartenant aux deux camps ont commencĂ© Ă se tirer dessus. Ils sâĂ©taient placĂ©s de chaque cĂŽtĂ© du champ. Ma femme et mes enfants Ă©taient couchĂ©s Ă plat ventre sur le sol tandis que les balles sifflaient au-dessus de leurs tĂȘtes. Des obus de mortier ont explosĂ© Ă 10 mĂštres dâeux. Ils se trouvaient littĂ©ralement entre deux feux, et pourtant ils sâen sont sortis indemnes. Je suis persuadĂ© que câest grĂące Ă la protection de JĂ©hovah. Les arbres autour de notre maison ont Ă©tĂ© fortement endommagĂ©s par les bazookas, mais la maison elle-âmĂȘme est restĂ©e intacte.â Ce frĂšre parle ensuite dâune autre sorte de problĂšme âDes soldats sont venus chez nous dans la soirĂ©e. Ils mâont posĂ© plusieurs questions, et je leur ai dit que jâĂ©tais TĂ©moin de JĂ©hovah. Ils voulaient emmener mes filles pour la nuit, mais de leur propre initiative elles ont refusĂ©. MĂȘme des menaces de mort ne les ont pas fait changer dâavis. Elles se rappelaient ce que JĂ©sus a dit en Matthieu 1028 et en RĂ©vĂ©lation 210, textes dont nous avions discutĂ© quelque temps auparavant lors de notre Ă©tude familiale. Finalement, les hommes ont dĂ©cidĂ© de les laisser tranquilles. âLes jeunes filles du monde qui ont acceptĂ© dâaccompagner les soldats ont Ă©tĂ© violĂ©es. Nous sommes reconnaissants Ă JĂ©hovah qui continue de prendre soin de nous dans ces temps pĂ©rilleux.â Malheureusement, toutes nos jeunes sĆurs nâont pas Ă©chappĂ© aussi facilement. MichaĂ«l Chikara, un surveillant itinĂ©rant, raconte ce quâa subi une jeune chrĂ©tienne. Dâabord elle a Ă©tĂ© frappĂ©e au menton. Puis, âcomme elle se remettait de cette blessure, un groupe dâhommes lâont maĂźtrisĂ©e et lâont violĂ©e elle se retrouve Ă prĂ©sent avec un enfantâ. FrĂšre Chikara nous rapporte aussi ce quâune jeune sĆur de 17 ans lui a dĂ©clarĂ©. Voici la triste histoire quâelle lui a confiĂ©e âJâai Ă©tĂ© emmenĂ©e de force par des soldats et jâai Ă©tĂ© battue Ă quatre occasions diffĂ©rentes, deux fois par des soldats dâun camp et deux fois par ceux de lâautre camp. âLa premiĂšre fois que jâai Ă©tĂ© battue, je me demandais mĂȘme si je survivrais. JâĂ©tais en train de guĂ©rir de mes blessures lorsque des soldats de lâautre camp sont arrivĂ©s dans la rĂ©gion. Ils ont rassemblĂ© toutes les jeunes filles et les ont obligĂ©es Ă assister Ă leurs rĂ©unions. âĂ cette occasion, un homme a exigĂ© que jâĂ©tende une couverture par terre et a insistĂ© pour que je couche avec lui. Je me suis sauvĂ©e en pleurant, mais il mâa suivie. Un autre homme sâest joint Ă lui pour me forcer Ă commettre un acte immoral. Jâai reçu un coup de crosse qui mâa renversĂ©e, mais en tombant jâai criĂ© si fort que finalement ils mâont laissĂ©e. Je me suis mĂȘlĂ©e Ă la foule trĂšs dense et par la suite on mâa aidĂ©e Ă rentrer chez moi dans lâobscuritĂ©, Ă lâinsu de ceux qui mâavaient agressĂ©e. âQuelques mois plus tard, une autre troupe de soldats sont arrivĂ©s dans la rĂ©gion. Ils mâont emmenĂ©e avec eux et ont aussi pris neuf autres jeunes filles, en prĂ©tendant que nous avions Ă©tĂ© les amies des soldats de la faction opposĂ©e. Naturellement, en ce qui me concerne ce nâĂ©tait pas vrai. Nous avons Ă©tĂ© battues au point de ne plus pouvoir bouger pendant des semaines. En tout, jâai Ă©tĂ© battue quatre fois.â Cette jeune sĆur remarquable est restĂ©e forte spirituellement, bien quâelle soit la seule de sa famille Ă ĂȘtre dans la vĂ©ritĂ©. LES ENLĂVEMENTS â UNE PRATIQUE COURANTE Les enlĂšvements dâadolescents sont devenus chose courante. Des troupes de soldats arrivaient dans les petits villages et faisaient sortir tout le monde. Alors que les adultes Ă©taient forcĂ©s Ă chanter, les soldats choisissaient des adolescents, garçons et filles. Leur but Ă©tait de former les garçons pour en faire des soldats, et les filles pour quâelles leur servent de cuisiniĂšres et de maĂźtresses. Certains parents nâont jamais revu leurs enfants. MĂȘme nos frĂšres ont parfois Ă©prouvĂ© cette terrible douleur. Un pionnier a Ă©crit ce qui suit Ă la SociĂ©tĂ© âMa fille et cinq autres jeunes ont Ă©tĂ© enlevĂ©s. Tous les six Ă©taient des TĂ©moins de JĂ©hovah baptisĂ©s.â Quelques-uns de nos frĂšres chrĂ©tiens ont eu le chagrin de voir revenir leurs enfants, non plus en tant que TĂ©moins, mais en tant que soldats, entraĂźnĂ©s Ă lâart de la guerre. Cependant, ces cas ont Ă©tĂ© trĂšs rares. UNE JEUNE CHRĂTIENNE COURAGEUSE Voici lâhistoire Ă©mouvante de Catherine Mbona, une jeune sĆur de 14 ans qui habitait dans les districts de lâest et qui avait Ă©tĂ© enlevĂ©e. Ses parents son pĂšre, MichaĂ«l, est pionnier depuis de nombreuses annĂ©es se demandaient sâils la reverraient jamais. Imaginez leur joie et leur soulagement quand elle est revenue au village quelques jours plus tard, saine et sauve. âQuâest-âce quâils tâont fait?â ont-âils demandĂ© Ă Catherine. âRienâ, a-ât-âelle rĂ©pondu. âQuâest-âce que tu faisais alors pendant tout ce temps?â âJe leur parlais de JĂ©hovah. Je leur donnais le tĂ©moignage.â Quelque temps aprĂšs, le chef de la troupe de soldats est arrivĂ© au village et a voulu voir les parents de la jeune fille. Ceux-ci se demandaient avec apprĂ©hension quelle Ă©tait la raison de sa visite. En fait, cet homme Ă©tait venu spĂ©cialement les fĂ©liciter dâavoir aussi bien Ă©levĂ© leur enfant. LES VILLAGES PROTĂGĂS Ătant donnĂ© que de plus en plus de villages devenaient des zones âchaudesâ et que certains dâentre eux servaient Ă prĂ©sent de lieux de refuge et de places fortes pour les guĂ©rilleros, le gouvernement a commencĂ© Ă en Ă©vacuer les habitants. On a conduit ceux-ci dans des zones clĂŽturĂ©es, ou villages protĂ©gĂ©s, quâon appelait âles donjonsâ. Il sâagissait bien sĂ»r dâune mesure de protection. NâempĂȘche que ces gens avaient dĂ» quitter leur maison, leurs biens, leur bĂ©tail et leurs cultures. Ils nâavaient pu prendre avec eux que ce quâils pouvaient porter. DĂ©jĂ en 1973 un surveillant de circonscription, Reuben Mpedza, faisait le rapport suivant âEn ce qui concerne les congrĂ©gations de Mukumbura, de Musingwa et de Chiutsi, les habitants de ces rĂ©gions ont Ă©tĂ© Ă©vacuĂ©s par le gouvernement, qui les a dirigĂ©s vers dâautres endroits. Ă cause de cette mesure, certains de nos frĂšres nâont plus de foyer.â Imaginez que vous et votre famille, vous vous retrouviez soudain dans une zone clĂŽturĂ©e avec presque rien. Ni maison ni installation sanitaire, juste le sol nu pour dormir. Comment nos frĂšres qui se sont trouvĂ©s dans cette situation ont-âils rĂ©agi? Le surveillant de circonscription poursuivait âIl est quand mĂȘme rĂ©jouissant de voir que malgrĂ© ces obstacles les frĂšres prĂȘchent avec zĂšle le Royaume de JĂ©hovah comme le seul espoir de lâhumanitĂ© en dĂ©tresse.â On notera avec intĂ©rĂȘt combien lâattitude des gens en gĂ©nĂ©ral envers ces âdonjonsâ Ă©tait diffĂ©rente de celle des TĂ©moins de JĂ©hovah. Alors que la plupart se lamentaient sur leurs pertes matĂ©rielles, les TĂ©moins, eux, sâoccupaient activement pour sâadapter Ă cette nouvelle situation. Du fait que les gens se trouvaient trĂšs prĂšs les uns des autres, les frĂšres pouvaient les atteindre plus facilement pour leur prĂȘcher le Royaume. Dans un pareil endroit, du reste, les sĆurs ĂągĂ©es Ă©taient trĂšs heureuses. Auparavant, elles ne pouvaient ĂȘtre pionniers auxiliaires Ă cause du couvre-feu et parce que dans le territoire de leur congrĂ©gation les gens Ă©taient trĂšs dispersĂ©s. âĂ prĂ©sent, disaient-âelles, tous les gens sont proches les uns des autres, et il nous sera facile de servir comme pionniers auxiliaires.â Naturellement, ce dĂ©placement de population a eu pour effet dâinterrompre la surveillance de certaines congrĂ©gations. Souvent les surveillants de circonscription ne savaient mĂȘme pas si la congrĂ©gation quâils allaient visiter serait lĂ ou non. NĂ©anmoins, quand les villages protĂ©gĂ©s ont disparu Ă la fin de la guerre, les frĂšres sont retournĂ©s progressivement chez eux, essayant de retrouver leur mode de vie antĂ©rieur. Certaines congrĂ©gations qui nâavaient plus Ă©tĂ© visitĂ©es par un surveillant itinĂ©rant depuis deux ou trois ans ont Ă©tĂ© de nouveau en mesure de bĂ©nĂ©ficier de sa visite. ORGANISĂS POUR FAIRE FACE Ă LA SITUATION Il est Ă©vident que pendant la guerre il a fallu sâadapter Ă diffĂ©rentes circonstances. Pour aider les anciens, on avait prĂ©vu, entre autres, de tenir tous les ans une rĂ©union spĂ©ciale dans chaque circonscription. Les surveillants de circonscription et de district la dirigeaient suivant un programme Ă©tabli par la filiale. Ce programme Ă©tait conçu en fonction des besoins des frĂšres en cette Ă©poque particuliĂšre. Les anciens ont beaucoup apprĂ©ciĂ© cette disposition qui, comme ils le disaient, Ă©tait exactement ce quâil leur fallait pour les aider Ă accomplir leur Ćuvre de berger dans des conditions aussi dĂ©favorables. Non seulement les anciens eux-âmĂȘmes, mais plusieurs autres frĂšres ont fait savoir Ă la SociĂ©tĂ© quâils avaient tirĂ© un grand profit de cette formation reçue par les anciens. Il nây a aucun doute que cette disposition, ainsi que la formation rĂ©guliĂšre des anciens par le moyen de lâĂcole du ministĂšre du Royaume et des rĂ©unions spĂ©ciales lors des assemblĂ©es de circonscription, ont beaucoup contribuĂ© Ă lâunitĂ© des frĂšres pendant toute la guerre. âLIONS-âLE Ă UN ARBRE ET LAISSONS-âLE MOURIRâ Câest juste aprĂšs avoir assistĂ© Ă une de ces rĂ©unions pour les anciens que Jeremiah Chesa, un frĂšre dâun certain Ăąge, a connu une Ă©preuve dont il nous fait le rĂ©cit. FrĂšre Chesa habite une rĂ©gion rurale. Voici ce quâil raconte âUne troupe de soldats sont venus Ă mon domicile la nuit et mâont emmenĂ© dans la brousse. LĂ ils mâont demandĂ© OĂč Ă©tais-âtu samedi et dimanche?â Je leur ai rĂ©pondu que jâĂ©tais allĂ© Ă une rĂ©union religieuse. Sais-âtu, vieil homme, que tu es arrivĂ© Ă la fin de ta vie? Nous avons dĂ©jĂ tuĂ© des gens plus importants quâun pauvre chien comme toi.â Ils ont alors criĂ© Tuons-âle!â âCependant, lâun dâeux a dĂ©clarĂ© Lions-âlui plutĂŽt les mains et les jambes, puis attachons-âle Ă un arbre et laissons-âle mourir lĂ .â AprĂšs avoir Ă©tĂ© chercher une corde, ils mâont dit Maintenant choisis tu meurs ou tu cesses dâadorer ton Dieu.â âFranchement, ai-âje rĂ©pondu, je ne veux pas vous tromper en disant que je vais cesser dâadorer mon Dieu. Je lâadore jour et nuit.â âFurieux, lâun dâeux sâest Ă©criĂ© Lions-âle Ă un arbre et laissons-âle mourir.â Je suis donc restĂ© toute la nuit attachĂ© Ă un arbre.â Le jour suivant, aux environs de midi, un chasseur est passĂ© par lĂ et a aperçu frĂšre Chesa liĂ© Ă lâarbre. Bien quâindignĂ© et un peu effrayĂ© par ce quâil voyait, il a quand mĂȘme eu le courage de dĂ©livrer notre frĂšre, qui est retournĂ© chez lui. Quâest-âil arrivĂ© ensuite? FrĂšre Chesa poursuit âQuelques jours plus tard, les soldats sont revenus chez moi et ont voulu savoir comment jâavais Ă©tĂ© dĂ©tachĂ© de lâarbre. Ils mâont emmenĂ© dans la brousse et mâont demandĂ© qui mâavait dĂ©livrĂ©. Je leur ai dit que la rĂ©ponse se trouvait dans la Bible en Psaume 1465-7. Quelquâun a ordonnĂ© quâon lise ces versets. âCinq hommes Ă qui lâon avait commandĂ© de relire le passage ont Ă©tĂ© battus parce que les chefs pensaient quâils ne lisaient pas correctement. Il Ă©tait intĂ©ressant dâĂ©couter leur conversation. Qui exactement lâa dĂ©livrĂ©?â Nous ferions mieux de le laisser tranquille.â Tu as de la chance, vieil homme.ââ Pourquoi ces assassins en puissance ont-âils soudain changĂ© dâavis? Le passage des Ăcritures quâils avaient lu disait entre autres âHeureux celui ... dont lâespoir est en JĂ©hovah son Dieu. ... JĂ©hovah met en libertĂ© ceux qui sont liĂ©s.â FrĂšre Chesa a pu retourner chez lui librement. âJĂHOVAH ... EST TOUJOURS AVEC VOUSâ Câest ce quâa dit une femme qui nâĂ©tait pas TĂ©moin Ă lâune de nos sĆurs fidĂšles. Dans quelles circonstances a-ât-âelle prononcĂ© ces paroles? FrĂšre Tauzen Chawanda nous raconte lâĂ©preuve que lui et sa femme ont vĂ©cue alors quâils travaillaient dans une plantation de thĂ© dans les districts de lâest. âLe 23 dĂ©cembre 1976, une troupe de soldats ont pĂ©nĂ©trĂ© dans lâenceinte du village et sont venus chez moi. Quelques-uns des soldats ont Ă©tĂ© envoyĂ©s dans toutes les maisons pour rassembler la population. Puis on nous a emmenĂ©s lĂ oĂč se trouvait la fabrique et lâon nous a demandĂ© de nous asseoir en cercle. Ma femme et moi Ă©tions les seuls TĂ©moins. âEnsuite ils ont ordonnĂ© Ă toutes les femmes de reculer et de regarder comment leurs maris allaient ĂȘtre tuĂ©s. Tout haut, nous avons alors priĂ© JĂ©hovah de nous protĂ©ger. Tandis que ma femme sâĂ©loignait, une autre lui a dit Pour vous, cela ira mieux, car JĂ©hovah est votre Sauveur et il est toujours avec vous.â âQuand les femmes ont Ă©tĂ© hors du chemin, les soldats ont dĂ©clarĂ© aux hommes Nous vous avions dit de ne pas travailler, mais vous avez continuĂ© Ă le faire.â Sur ce, deux soldats armĂ©s de mitraillettes ont fait feu sur le groupe dâhommes, puis tous se sont sauvĂ©s rapidement. âAussitĂŽt les femmes ont accouru auprĂšs de leurs maris ne sachant sâils Ă©taient morts ou non. Lorsque ma femme a voulu me relever, je lui ai assurĂ© que jâallais trĂšs bien, mais tout dâabord elle ne mâa pas cru. Tous les autres hommes avaient Ă©tĂ© tuĂ©s, et les femmes sont retournĂ©es dans lâenceinte du village. Lorsque plus tard je mây suis rendu aussi, je me suis aperçu quâelles Ă©taient toutes rassemblĂ©es prĂšs de notre maison. âTandis que je mâapprochais, celle qui avait parlĂ© de la protection de JĂ©hovah dĂ©clarait Ă ma femme Je vous lâavais dit, JĂ©hovah est avec votre mari. Vous voyez, il est vivant grĂące Ă la protection de Dieu.ââ NOS FRĂRES SE RĂUNISSENT MALGRĂ LES DIFFICULTĂS Nous sommes heureux de vous faire savoir que pendant toute cette pĂ©riode critique nous avons pu tenir nos assemblĂ©es de district et de circonscription. Si cela a Ă©tĂ© possible, câest surtout parce quâelles avaient lieu dans les rĂ©gions les plus sĂ»res du pays. Quelquefois, les frĂšres faisant partie de circonscriptions situĂ©es dans des rĂ©gions dangereuses ont dĂ» se rendre dans une autre circonscription pour se rĂ©unir avec leurs compagnons chrĂ©tiens. Mais au moins ils ont pu bĂ©nĂ©ficier du programme et rester forts spirituellement. Dans beaucoup dâendroits, cependant, il nâĂ©tait pas facile de tenir les rĂ©unions de la congrĂ©gation, principalement Ă cause du couvre-feu qui limitait les dĂ©placements. CâĂ©tait le cas en particulier pour la cĂ©lĂ©bration du MĂ©morial, qui doit avoir lieu le soir. Habituellement le couvre-feu allait du crĂ©puscule jusquâĂ lâaube. NĂ©anmoins, il commençait parfois Ă 16 heures et se terminait Ă 9 heures le lendemain. Une excellente disposition a Ă©tĂ© prise pour rĂ©soudre ce problĂšme le soir du MĂ©morial, spĂ©cialement dans les petites congrĂ©gations rurales. Tous les frĂšres se rendaient au domicile dâun TĂ©moin, et lĂ ils pouvaient commĂ©morer la mort du Christ au moment convenable. Ăvidemment, aprĂšs avoir cĂ©lĂ©brĂ© le MĂ©morial il leur Ă©tait impossible de rentrer chez eux, Ă©tant donnĂ© que durant le couvre-feu il ne leur Ă©tait pas permis de sâĂ©loigner de plus de quelques mĂštres du lieu oĂč ils se trouvaient. Alors ils passaient la soirĂ©e Ă chanter des cantiques du Royaume et Ă relater des faits de prĂ©dication. Le lendemain matin ils retournaient chez eux, heureux dâavoir pu se rĂ©unir, conformĂ©ment au commandement de JĂ©sus, pour commĂ©morer cet Ă©vĂ©nement si important. â I Cor. 1123, 24. DE LâAIDE POUR LES NOUVEAUX En rĂ©alitĂ©, ces dispositions spĂ©ciales qui avaient Ă©tĂ© prises pour le MĂ©morial et les autres rĂ©unions de la congrĂ©gation ont Ă©tĂ© dâune grande aide pour les frĂšres et aussi pour toutes les personnes nouvellement intĂ©ressĂ©es Ă la vĂ©ritĂ©. Par crainte des coups ou dâautres mauvais traitements, ces derniĂšres hĂ©sitaient Ă assister aux rĂ©unions ouvertement. Mais cette idĂ©e de passer la nuit chez un TĂ©moin semblait leur donner du courage. Un frĂšre appartenant Ă une congrĂ©gation qui compte 13 TĂ©moins a Ă©crit Ă la filiale pour exprimer la joie que tous avaient ressentie en voyant 106 personnes prĂ©sentes Ă la cĂ©lĂ©bration du MĂ©morial, soit quelque 90 de plus que le nombre de proclamateurs. Un autre frĂšre, MichaĂ«l Mafara, qui servait en tant que pionnier spĂ©cial Ă lâĂ©poque, avait trouvĂ© un moyen original de rĂ©soudre le problĂšme posĂ© par le couvre-feu et en mĂȘme temps dâaider les personnes qui sâintĂ©ressaient Ă la vĂ©ritĂ©. Dans cette rĂ©gion le couvre-feu Ă©tait trĂšs astreignant. On ne pouvait circuler que de midi Ă 14 heures. Dans la congrĂ©gation, les frĂšres Ă©taient rĂ©partis en trois groupes, et le seul moyen de dĂ©placement Ă©tait la marche. Que faire? FrĂšre Mafara eut une idĂ©e. Il dĂ©signa trois foyers oĂč lâon pourrait tenir les rĂ©unions. Ainsi, durant les deux heures au cours desquelles on pouvait se dĂ©placer, tous les frĂšres et les sĆurs se rendaient dans lâun de ces trois foyers. Ils restaient lĂ jusquâau lendemain midi, puis ils rentraient chez eux. Pour la rĂ©union suivante, tout le monde se rendait dans un autre des trois foyers, et ainsi de suite. De cette façon, on avait largement le temps de tenir les rĂ©unions et de jouir de la compagnie des frĂšres et des sĆurs, ce qui permettait de se fortifier spirituellement. Quant aux rĂ©sultats, voici ce quâĂ©crit frĂšre Mafara âEn visitant ces groupes, jâai remarquĂ© que mĂȘme les personnes qui sâintĂ©ressaient depuis peu Ă la vĂ©ritĂ© venaient et passaient la nuit dans ces foyers pour pouvoir assister aux rĂ©unions. Bien quâil nây ait que 13 proclamateurs dans cette congrĂ©gation, Ă lâĂ©poque oĂč le couvre-feu Ă©tait en vigueur il y avait jusquâĂ 21 personnes qui assistaient aux rĂ©unions. Auparavant, il nây avait jamais eu une telle assistance.â âCOMME UNE CACHETTE CONTRE LE VENTâ Le prophĂšte ĂsaĂŻe avait parlĂ© de ceux qui serviraient comme bergers et surveillants dans lâorganisation visible de JĂ©hovah. Il les avait comparĂ©s Ă âune cachette contre le vent et une retraite contre la tempĂȘte de pluieâ. Ăs. 322. Câest bien ce que nos fidĂšles surveillants itinĂ©rants se sont rĂ©vĂ©lĂ©s ĂȘtre pendant les annĂ©es de guerre. Courageusement ils ont endurĂ© toutes sortes dâĂ©preuves pour aider leurs frĂšres. Certains marchaient durant des jours dans la brousse, gravissaient des montagnes, traversaient de dangereuses riviĂšres, dormaient Ă la belle Ă©toile, tout cela pour visiter des congrĂ©gations et des proclamateurs isolĂ©s afin de les encourager Ă rester fermes dans la foi. Pour vous donner un aperçu de ce quâils devaient affronter, nous voudrions vous relater un fait vĂ©cu par un surveillant de circonscription, Isaiah Makore. Avec un autre frĂšre, Obet Sose, il parcourait Ă bicyclette les quelque 130 kilomĂštres qui le sĂ©paraient dâune partie du pays Ă©loignĂ©e et dangereuse pour y visiter trois petites congrĂ©gations. Sur le chemin du retour ils ont Ă©tĂ© accostĂ©s par des âcombattants de la libertĂ©â. Mais laissons le surveillant de circonscription nous relater les faits âNous avions parcouru Ă peu prĂšs 15 kilomĂštres quand soudain nous avons vu dans la brousse des hommes armĂ©s de fusils qui nous appelaient. Nous nous sommes dirigĂ©s vers eux avec nos bicyclettes. AussitĂŽt ils nous ont dĂ©pouillĂ©s de notre argent, de nos montres, toutes neuves, et dâautres objets personnels. Parmi lâargent il y avait les dons que mâavaient remis les congrĂ©gations que nous avions visitĂ©es et que je devais envoyer Ă la SociĂ©tĂ© en leur nom. âPendant ce temps, on nous a demandĂ© qui nous Ă©tions et ce que nous faisions. Il semble que ces hommes nous suspectaient dâĂȘtre des agents ou des employĂ©s du gouvernement. Ne sachant pas ce qui allait nous arriver, je me suis mis Ă prier silencieusement JĂ©hovah pour quâil nous protĂšge, et surtout pour quâil nous aide Ă ne pas faire de compromis. Plus tard, frĂšre Sose mâa dit quâil avait fait de mĂȘme. âFinalement, nous sommes parvenus Ă convaincre ces hommes que nous Ă©tions TĂ©moins de JĂ©hovah et ministres religieux. Jâai Ă©tĂ© vraiment surpris quand ils nous ont remis lâargent quâils nous avaient pris. NĂ©anmoins ils ont gardĂ© nos montres et un ou deux autres objets. âIls nous ont ensuite permis de nous en aller, mais comme nous nous apprĂȘtions Ă partir nous avons entendu un vĂ©hicule de lâarmĂ©e qui sâapprochait. Une bataille sâest dĂ©clenchĂ©e. Nous nous sommes jetĂ©s Ă plat ventre sur le sol tandis quâau-dessus de nous les balles sifflaient. Heureusement, nous sommes sortis de lĂ sans une Ă©gratignure et nous avons parcouru Ă vĂ©lo les 115 kilomĂštres qui nous restaient Ă faire.â ILS ENDURENT LA TORTURE Certains de nos surveillants itinĂ©rants, de mĂȘme que dâautres frĂšres et sĆurs, ont subi de cruelles tortures. Prenons lâexemple de John Hunguka. GĂ©nĂ©ralement, on connaissait et respectait la neutralitĂ© des TĂ©moins de JĂ©hovah. Dans le cas prĂ©sent, cependant, la prise de position ferme de John en tant que TĂ©moin de JĂ©hovah semble avoir Ă©tĂ© Ă lâorigine du terrible traitement quâil a subi. Voici ce quâil a racontĂ© âJe marchais en direction de la congrĂ©gation suivante et jâavais rendez-vous avec un frĂšre qui allait mâaccompagner. Juste au moment oĂč nous nous sommes rencontrĂ©s, nous avons Ă©tĂ© entourĂ©s de soldats. Ils possĂ©daient un appareil Ă©lectrique dont ils se servaient pour torturer tous ceux qui Ă©taient susceptibles de leur donner des informations sur le camp opposĂ©. âCâest frĂšre Mukwambo qui a subi le premier ce genre de torture. Ă plusieurs reprises, on a fait passer Ă travers son corps des dĂ©charges Ă©lectriques pour le forcer Ă donner des renseignements, quâil nâavait dâailleurs pas. Pendant ce temps, on mâa ordonnĂ© de mâasseoir le dos tournĂ© vers les soldats de sorte que je ne voyais pas ce quâil se passait. Jâai alors priĂ© JĂ©hovah silencieusement pour quâil nous aide Ă maintenir ferme notre foi. FrĂšre Mukwambo a finalement perdu connaissance. âAprĂšs cela, on mâa interrogĂ©. Quand les soldats ont appris que jâĂ©tais TĂ©moin de JĂ©hovah, lâun dâeux mâa envoyĂ© des dĂ©charges Ă©lectriques dans le corps jusquâĂ ce que je mâĂ©vanouisse. Lorsque je suis revenu Ă moi, ils ont recommencĂ© Ă me questionner. Je leur ai expliquĂ© de nouveau que jâĂ©tais neutre. Il semble que chaque fois que je mentionnais lâexpression TĂ©moin de JĂ©hovah, leur colĂšre redoublait. âIls mâont alors obligĂ© Ă me dĂ©shabiller, puis ils ont attachĂ© leur appareil Ă mes parties intimes et mâont envoyĂ© des dĂ©charges Ă©lectriques. AprĂšs mâavoir menacĂ© de mort si je racontais ce quâils mâavaient fait, ils mâont laissĂ© partir. Avec lâaide de frĂšre Mukwambo, jâai pu arriver jusque chez lui. Le lendemain, les frĂšres mâont mis dans un autobus qui allait Ă Mutare, oĂč jâai pu recevoir un traitement mĂ©dical.â Que pense John Hunguka de cette Ă©preuve? âJe suis convaincu que JĂ©hovah mâa accordĂ© sa protection pendant cette persĂ©cution. Je me sentais plus proche de lui que jamais auparavant. JâĂ©tais dĂ©terminĂ© Ă continuer Ă visiter les frĂšres dans ces rĂ©gions, malgrĂ© les problĂšmes.â Et câest exactement ce quâil a fait, puisque la semaine suivante il se trouvait de nouveau dans la mĂȘme rĂ©gion afin de poursuivre son service en tant que surveillant de circonscription. DE NOUVEAU LA QUESTION DE LA NEUTRALITĂ Alors que nos frĂšres africains, surtout dans les rĂ©gions rurales, voyaient leur foi fortement mise Ă lâĂ©preuve, plusieurs frĂšres de race blanche devaient encore dĂ©fendre leur foi devant les tribunaux. En rĂ©alitĂ©, beaucoup plus de frĂšres se trouvaient dans ce cas du fait que lâĂąge limite de la conscription avait Ă©tĂ© portĂ© Ă 50 ans. Cette situation avait un aspect positif, car ces TĂ©moins plus ĂągĂ©s, dont bon nombre servaient comme anciens, Ă©taient mieux Ă mĂȘme de parler avec hardiesse de leur fidĂ©litĂ© envers le Royaume messianique. Il en est rĂ©sultĂ© un puissant tĂ©moignage. Par exemple, voici ce que Gordon Hein a dit au conseil de rĂ©vision, sur un ton aimable mais ferme âVous pouvez me mettre contre ce mur et me fusiller, mais rien ne me fera changer dâavis Je resterai fidĂšle Ă JĂ©hovah et Ă son Royaume.â Un autre frĂšre a eu lâoccasion de donner un excellent tĂ©moignage devant le conseil de rĂ©vision. Il sâagit de Koos deWet. Bien que celui-ci ait expliquĂ© sa position trĂšs clairement et avec force, sa demande dâexemption a Ă©tĂ© rejetĂ©e. FrĂšre deWet nous explique ce qui sâest passĂ© ensuite âAprĂšs quâils ont dĂ©cidĂ© de ne pas mâaccorder dâexemption, le chef des effectifs de rĂ©serve est venu mâinformer en privĂ© de cette dĂ©cision. Dans le cours de la discussion, jâai attirĂ© son attention sur le fait que pas un seul TĂ©moin de JĂ©hovah ne se trouvait parmi ceux qui luttaient contre le pays. Il mâa rĂ©pondu quâil le savait. Et comment le savez-âvous?â lui ai-âje dit. Jâai ajoutĂ© Parce que dans tous les pays qui nous entourent les TĂ©moins de JĂ©hovah adoptent la mĂȘme position que celle que jâai adoptĂ©e devant vous aujourdâhui.â âIl a reconnu que sâil avait dans le passĂ© considĂ©rĂ© les TĂ©moins comme un flĂ©au, il sâĂ©tait rendu compte au cours des annĂ©es quâils avaient la meilleure religion.â NOTRE NEUTRALITĂ DEVIENT NOTOIRE Ă prĂ©sent, il Ă©tait clair dans tout le pays que les TĂ©moins de JĂ©hovah nâappartenaient ni Ă un camp ni Ă lâautre. Les frĂšres qui vivaient dans les territoires nationaux Ă©taient bien placĂ©s pour en tĂ©moigner. Le fait suivant a eu lieu en 1978. On avait annoncĂ© lâassemblĂ©e de district âLa foi victorieuseâ. Les frĂšres de la rĂ©gion de Hurungwe voulaient y assister et pour cela ils devaient louer un autocar. Mais laissons David Mupfururirwa nous raconter ce qui sâest passĂ©. Ă lâĂ©poque il Ă©tait surveillant de district, et actuellement il sert comme pionnier spĂ©cial avec sa femme Betty. Il raconte âLes combattants de la libertĂ©â contrĂŽlaient cette rĂ©gion, ce qui voulait dire quâils contrĂŽlaient aussi lâutilisation des autocars qui y venaient et en partaient. Personne ne pouvait louer un autocar ou mĂȘme quitter la rĂ©gion sans leur permission. Et encore avait-âon des ennuis. En effet, Ă un moment donnĂ© on se trouvait bloquĂ© Ă un barrage dressĂ© par les forces de sĂ©curitĂ© du gouvernement. Celles-ci savaient quâun autocar ne pouvait partir quâavec lâautorisation des guĂ©rilleros. Aussi le tenaient-âelles pour suspect. Il Ă©tait donc soigneusement fouillĂ©, ainsi que les bagages et les paquets, au cas oĂč des bombes et dâautres armes y seraient dissimulĂ©es. âOr, un jour le bruit parvint au chef des combattants de la libertĂ©â que les TĂ©moins essayaient de louer un autocar. Certains hommes furent alors envoyĂ©s chez le propriĂ©taire des autocars pour savoir ce quâil en Ă©tait. Ce dernier leur dĂ©clara que câĂ©taient les TĂ©moins de JĂ©hovah qui voulaient louer un vĂ©hicule, mais quâil ne leur avait pas encore donnĂ© son accord. On transmit cette information au chef. DâaprĂšs ce qui fut rapportĂ© aux frĂšres, la conversation se dĂ©roula Ă peu prĂšs comme suit âChef, saviez-âvous que les gens qui veulent louer un autocar sont des TĂ©moins de JĂ©hovah?â Oui.â Pourquoi ne lâavez-âvous pas dit plus tĂŽt? Nous nâaurions pas perdu notre temps Ă prendre des renseignements Ă leur sujet. Vous savez quâils sont neutres. Ils ne sont pas une menace pour nous. Je me sens mĂȘme beaucoup mieux quand je suis parmi eux que quand nous sommes entre nous. Nous allons leur permettre de louer lâautocar.â âPlus tard, le chauffeur de lâautocar dĂ©clara aux frĂšres Vous, vous avez le soutien de JĂ©hovah. Dâautres Ăglises ont essayĂ© de louer un autocar, mais ni les âcombattants de la libertĂ©â ni les forces de sĂ©curitĂ© ne leur en ont donnĂ© lâautorisation.ââ UN AUTRE OBSTACLE Ă SURMONTER Les frĂšres se dirigĂšrent donc vers Chinhoyi oĂč devait avoir lieu lâassemblĂ©e de district. Mais ils arrivĂšrent Ă un barrage. Cette fois ils avaient affaire aux forces de sĂ©curitĂ©. Chacun reçut lâordre de descendre et dâouvrir ses bagages et ses paquets. Comme les frĂšres commençaient Ă sâexĂ©cuter, un soldat demanda dâoĂč ils venaient et oĂč ils allaient. Un frĂšre dit âNous sommes des TĂ©moins de JĂ©hovah et nous allons Ă Chinhoyi pour assister Ă notre assemblĂ©e religieuse.â âVous ĂȘtes tous TĂ©moins de JĂ©hovah?â demanda le soldat. âOui, Monsieur.â âAlors, remettez vos bagages en place et allez Ă votre assemblĂ©e.â Comme les frĂšres remontaient dans lâautocar, ils entendirent la conversation suivante entre deux soldats âEh bien, pourquoi le laisses-âtu partir?â âCe sont des TĂ©moins de JĂ©hovah, les citoyens les plus paisibles qui soient. Inutile de perdre notre temps avec eux.â Soit dit en passant, les âcombattants de la libertĂ©â avaient fait savoir aux frĂšres quâils nâavaient pas Ă sâinquiĂ©ter pour leur assemblĂ©e. Rien ne viendrait entraver son dĂ©roulement. Et il en fut bien ainsi. LES JOURS LES PLUS SOMBRES DE LA GUERRE Ă prĂ©sent nous arrivions dans la pĂ©riode la plus critique de la guerre. Il nây avait plus dâendroits sĂ»rs. Ă mesure que les forces du gouvernement subissaient des pressions de plus en plus fortes, le front pouvait se trouver nâimporte oĂč dans le pays, dans les villes comme dans la campagne. Dans la premiĂšre partie de 1978, les villes Ă©taient le théùtre dâattentats Ă la bombe et Ă la grenade Ă main. Dans la capitale, une bombe a dĂ©truit une façade dâun des bĂątiments de la Woolworth, faisant plusieurs morts et causant la mutilation de beaucoup. Ă Mutare, une femme est entrĂ©e dans un grand magasin une grenade fixĂ©e Ă une jambe. La grenade a explosĂ©, tuant la femme ainsi que dâautres personnes. Pour faire face Ă la situation, on a pris des mesures de sĂ©curitĂ© trĂšs strictes. Quiconque voulait entrer dans un grand magasin Ă©tait fouillĂ© au prĂ©alable. Les chemins ruraux Ă©taient minĂ©s et lâon ne pouvait voyager sur la plupart des grandes routes quâen convoi, sous la protection de lâarmĂ©e et pendant la journĂ©e. LES CONSĂQUENCES POUR LES CONGRĂGATIONS Naturellement, les activitĂ©s des congrĂ©gations ont Ă©tĂ© trĂšs perturbĂ©es, et dans beaucoup dâendroits elles ont mĂȘme cessĂ©. Parfois, les surveillants de circonscription ne pouvaient pas atteindre les congrĂ©gations quâils devaient visiter. Pour essayer de rĂ©soudre ce problĂšme, on a dĂ©signĂ© des frĂšres locaux dignes de confiance qui sâefforceraient de rester en contact avec ces congrĂ©gations. Ces frĂšres locaux avaient un avantage sur les surveillants itinĂ©rants qui souvent Ă©taient Ă©trangers Ă la rĂ©gion. MalgrĂ© cette disposition, certaines congrĂ©gations Ă©taient coupĂ©es de tout, Ă tel point que pendant deux ou trois ans on nâen a plus eu de nouvelles. Selon les rĂ©cits parvenus Ă la filiale, des congrĂ©gations entiĂšres ont dĂ» fuir et ont vĂ©cu dans des cavernes jusquâĂ ce que les circonstances permettent aux frĂšres et aux sĆurs de retourner chez eux. Bien sĂ»r, tout cela nâa pas Ă©tĂ© sans avoir une incidence sur les rapports reçus par la SociĂ©tĂ©. Le nombre de proclamateurs baissait rĂ©guliĂšrement. Ils Ă©taient en moyenne 12 127 en 1976 et seulement 10 087 en 1981. Cette baisse Ă©tait due en majeure partie aux conditions de vie qui existaient Ă cette Ă©poque. DĂšs que cela a Ă©tĂ© possible, les surveillants de circonscription se sont mis en contact avec ces congrĂ©gations âperduesâ. Ă ce propos, voici le rapport trĂšs encourageant quâa envoyĂ© John Hunguka âĂ cause de la guerre, ces frĂšres et ces sĆurs nâont pas eu la visite dâun surveillant de circonscription pendant deux ans. Mais il est rĂ©confortant de savoir comment ils ont fait face aux problĂšmes. Les parents tenaient ferme et protĂ©geaient leurs enfants contre lâintimidation, la violence et les violeurs armĂ©s. Ils restaient attachĂ©s aux principes Ă©levĂ©s de la Bible. Du reste, ils se conduisent toujours en TĂ©moins de JĂ©hovah, bien quâils soient sĂ©parĂ©s des autres depuis au moins deux ans.â FrĂšre Hunguka ajoute que certains sont devenus inactifs pendant cette pĂ©riode et que quelques-uns, ayant cĂ©dĂ© Ă la crainte, ont fait des compromis en ce qui concerne la neutralitĂ©. Mais quelle joie dâapprendre que la grande majoritĂ© des frĂšres ont endurĂ© toutes ces Ă©preuves en gardant intactes leurs relations avec JĂ©hovah! ILS SE SONT CONFIĂS EN JĂHOVAH Quand on passe en revue ces annĂ©es critiques, une chose ressort trĂšs clairement. Ces fidĂšles serviteurs de JĂ©hovah se sont confiĂ©s en lui de tout leur cĆurâ et JĂ©hovah, Ă son tour, leur a accordĂ© sa protection et lâaide nĂ©cessaire pour endurer Prov. 35. Quelques exemples nous aideront Ă mieux comprendre cela. ConsidĂ©rons la situation dâEric Hitz, un surveillant de circonscription qui, accompagnĂ© de sa femme Jane, a desservi les congrĂ©gations dâexpression anglaise pendant la majeure partie de cette pĂ©riode. Nâoubliez pas que, particuliĂšrement durant les derniĂšres annĂ©es de guerre, on ne pouvait voyager sur la plupart des routes principales quâen convoi et que beaucoup de routes secondaires Ă©taient truffĂ©es de mines. De plus, des bandes de malfaiteurs pouvaient surgir Ă tout moment. FrĂšre et sĆur Hitz devaient emprunter nombre de ces routes. Bien quâon les ait fortement conseillĂ©s de porter des armes pour se protĂ©ger, ils ont refusĂ© de le faire. Ils se sont plutĂŽt confiĂ©s en JĂ©hovah. FrĂšre Hitz a dĂ©clarĂ© âSouvent on nous a dit que nous Ă©tions fous de voyager sur certaines de ces routes, que nous y laisserions notre vie. Mais JĂ©hovah nous a protĂ©gĂ©s. Lâamour et la sollicitude des frĂšres que nous visitions Ă cette Ă©poque Ă©taient vraiment remarquables, et nous pensions que les risques que nous prenions en valaient la peine.â SĆur Hitz expliquait quâune fois, pour une raison quelconque, son mari et elle avaient quittĂ© la congrĂ©gation un jour plus tard que prĂ©vu. Le lendemain, en reprenant la route, ils ont vu les vĂ©hicules carbonisĂ©s dâun convoi qui avait Ă©tĂ© attaquĂ©. Sâils avaient voyagĂ© le jour prĂ©cĂ©dent, comme il avait Ă©tĂ© convenu, ils auraient fait partie de ce convoi. âMais je pourrais vous raconter beaucoup dâautres faits semblablesâ, a ajoutĂ© notre sĆur. Plus tard, ces deux TĂ©moins fidĂšles ont suivi les cours de lâĂcole de Galaad et Ă prĂ©sent ils sont missionnaires en Suisse. Stephen Gumpo a lui aussi montrĂ© une totale confiance en JĂ©hovah. Lui et sa femme Gladys servent actuellement au BĂ©thel. Alors quâil Ă©tait pionnier spĂ©cial, frĂšre Gumpo a subi, comme frĂšre Hunguka, la torture par lâĂ©lectricitĂ©. âDans des moments pareils, dit-âil, on ferait nâimporte quoi on mentirait, on consentirait Ă des compromis. On ferait nâimporte quoi pour ne plus Ă©prouver cette douleur atroce. Câest uniquement grĂące Ă la force que mâa donnĂ©e JĂ©hovah que jâai pu endurer et rester fidĂšle.â FrĂšre Gumpo a ajoutĂ© que dâautres sont morts pour avoir subi le mĂȘme traitement. LâESPOIR DE LA RĂSURRECTION AIDE Ă ENDURER Bien quâil y ait de nombreux cas oĂč JĂ©hovah a protĂ©gĂ© et dĂ©livrĂ© miraculeusement ses fidĂšles, cela ne signifie pas quâun serviteur de Dieu Ă©vitera toujours la mort. Parfois il devra prouver sa fidĂ©litĂ© Ă JĂ©hovah jusquâĂ la mortâ; il sera ainsi assurĂ© de recevoir âla couronne de vieâ par le moyen de la rĂ©surrection. â Jacq. 112. Ce quâa racontĂ© Tembe Mtshiywa, un frĂšre fidĂšle qui a montrĂ© sa confiance en JĂ©hovah par une foi solide en la rĂ©surrection, est Ă la fois triste et encourageant. Il a perdu trois fils Ă cause de la guerre. Deux ont Ă©tĂ© tuĂ©s lorsque leur voiture a Ă©tĂ© attaquĂ©e; le troisiĂšme, Abutte, un jeune surveillant de circonscription, a Ă©tĂ© assassinĂ© alors quâil se rendait dâune congrĂ©gation Ă une autre Ă bicyclette. Pour autant que nous le sachions, câest le seul TĂ©moin de JĂ©hovah qui ait Ă©tĂ© tuĂ© pendant la guerre parce quâil Ă©tait TĂ©moin. FrĂšre Mtshiywa a relatĂ© que ses amis, sa parentĂ© et mĂȘme le chef de la rĂ©gion ont fait pression sur lui pour quâil apaise les esprits de ses ancĂȘtres. Ces gens prĂ©tendaient que sâil Ă©tait frappĂ© aussi durement, câĂ©tait pour avoir rejetĂ© le culte de ses ancĂȘtres. NĂ©anmoins, il a rĂ©sistĂ© fermement Ă ces pressions, gardant une foi forte en la rĂ©surrection. Il a dĂ©clarĂ© que ses compagnons chrĂ©tiens et lâorganisation de JĂ©hovah lui ont prodiguĂ© un grand rĂ©confort. Ce frĂšre est toujours pionnier et ancien dans sa congrĂ©gation. âJĂHOVAH SAIT DĂLIVRERâ Comme ces paroles se sont rĂ©vĂ©lĂ©es exactes II Pierre 29! Jeremiah Mupondi est bien placĂ© pour en tĂ©moigner. Câest un jeune pionnier spĂ©cial qui nâa quâune seule oreille. Comment cela est-âil arrivĂ©? Ăcoutons-âle âNous venions juste de quitter le surveillant de circonscription ainsi quâun groupe de proclamateurs et nous retournions chez nous [dans une rĂ©gion rurale]. Une troupe de soldats nous y attendaient. Ils nous avaient vus avec le surveillant de circonscription et pensaient que nous Ă©tions des vendusâ. Ils nous ont dit quâon les avait envoyĂ©s nous chercher. âAu cours de la discussion, ils ont voulu nous forcer Ă crier des slogans tels que Vive la guerreâ et Ă bas JĂ©susâ. Nous avons fermement refusĂ©. Ensuite, avec du fil de fer, ils ont liĂ© les mains des frĂšres derriĂšre leur dos. Ils ont aussi pris nos publications et les ont brĂ»lĂ©es. âIl y avait une jeune sĆur avec nous. Ils ont essayĂ© de lui faire reconnaĂźtre quâelle avait Ă©tĂ© obligĂ©e Ă devenir TĂ©moin de JĂ©hovah. Comme elle refusait, les soldats lâont battue jusquâĂ ce quâelle perde connaissance. Lorsquâelle est revenue Ă elle, elle les a entendu dire quâelle avait admis avoir Ă©tĂ© forcĂ©e Ă devenir TĂ©moin. Du sol oĂč elle gisait, elle a criĂ© Câest un mensonge, je nâai jamais dit cela.â De nouveau elle a Ă©tĂ© battue jusquâĂ ce quâelle sâĂ©vanouisse. âUn autre frĂšre et moi-âmĂȘme avons Ă©tĂ© contraints de nous Ă©tendre sur le sol. Ce frĂšre a Ă©tĂ© si cruellement battu quâil est devenu presque aveugle. Quant Ă moi, ils mâont saisi par lâoreille, ont brandi un couteau et mâont dit quâils me la couperaient si je ne rĂ©pĂ©tais pas les slogans. Je suis restĂ© silencieux. Les soldats ont mis leur menace Ă exĂ©cution, ils mâont coupĂ© lâoreille. Câest alors que jâai commencĂ© Ă puiser beaucoup de force dans lâespoir de la rĂ©surrection. âEnsuite nos persĂ©cuteurs se sont tournĂ©s vers sĆur Muchini et lâont menacĂ©e de couper en morceaux son bĂ©bĂ© de cinq mois si elle refusait de crier Vive la guerreâ et Ă bas JĂ©susâ. Face Ă cette menace et sachant ce quâils avaient dĂ©jĂ fait, cette sĆur fidĂšle a refusĂ©. Sans doute les soldats ont-âils Ă©tĂ© impressionnĂ©s, car ils nâont pas tuĂ© son bĂ©bĂ©. âFinalement, on nous a laissĂ©s partir. Cependant, dix jours plus tard, une autre bande nous a attaquĂ©s. Nous avons connu les mĂȘmes menaces et les mĂȘmes mauvais traitements. Tous les cinq, nous sommes restĂ©s fidĂšles.â En cette derniĂšre circonstance, frĂšre Mupondi a dĂ©clarĂ© aux hommes qui les avaient traitĂ©s si cruellement âNous ne cesserons pas de prĂȘcher ni de nous rĂ©unir, mĂȘme si cela doit nous coĂ»ter la vie. Nous sommes dĂ©terminĂ©s Ă mourir pour le nom de JĂ©hovah.â Câest alors que les frĂšres ont entendu certains de leurs persĂ©cuteurs dire en partant âJĂ©hovah est le vrai Dieu.â Peu aprĂšs, Jeremiah Mupondi ainsi que son frĂšre aĂźnĂ© sont devenus pionniers. Depuis lors, Jeremiah et son compagnon, Arnold Chamburuka, ont vĂ©cu des moments passionnants dans le service de pionnier spĂ©cial. LA RĂORGANISATION APRĂS LA GUERRE Enfin la guerre sâest arrĂȘtĂ©e. Tout dâabord placĂ© sous lâautoritĂ© dâun gouverneur britannique, de janvier 1980 jusquâen avril de la mĂȘme annĂ©e, le pays a ensuite connu son premier gouvernement majoritaire. Il a aussi reçu son nouveau nom Zimbabwe. Alors a commencĂ© une pĂ©riode de rĂ©organisation, dans le pays en gĂ©nĂ©ral mais aussi chez le peuple de JĂ©hovah. Cependant, tandis que le programme de rĂ©organisation du nouveau gouvernement connaissait et connaĂźt encore beaucoup de problĂšmes, le peuple de JĂ©hovah, lui, enregistrait des progrĂšs constants. La situation faisait penser Ă celle quâavait vĂ©cue la congrĂ©gation chrĂ©tienne au premier siĂšcle. AprĂšs toute une pĂ©riode de troubles et de persĂ©cutions, voici ce que rapporte le rĂ©cit contenu en Actes 931 âAlors, vraiment, la congrĂ©gation, dans toute la JudĂ©e, la GalilĂ©e et la Samarie, connut une pĂ©riode de paix, et elle sâĂ©difiait; et, comme elle marchait dans la crainte de JĂ©hovah et dans la consolation de lâesprit saint, elle se multipliait.â Il semblait en aller de mĂȘme au Zimbabwe. ConformĂ©ment au programme dâamnistie du gouvernement, nos frĂšres qui se trouvaient en prison ont Ă©tĂ© relĂąchĂ©s et ont pu reprendre leurs occupations normales. Les frĂšres qui avaient, pendant la guerre, envoyĂ© leur famille dans les villes pour les mettre Ă lâabri ont pu ĂȘtre rĂ©unis Ă leurs ĂȘtres chers. Les congrĂ©gations qui avaient Ă©tĂ© un moment dĂ©sorganisĂ©es ont retrouvĂ© leur stabilitĂ©. Dans une atmosphĂšre de paix, lâĆuvre consistant Ă rendre tĂ©moignage au Royaume a alors connu un essor prodigieux; en lâespace de deux ans nous avons enregistrĂ© un excellent accroissement Moyenne Moyenne Assistance proclamateurs pionniers au MĂ©morial 1981 10 078 484 28 103 1983 11 552 671 33 914 Ainsi que vous pouvez le constater, il nâa pas fallu attendre longtemps pour que nos frĂšres reprennent une excellente activitĂ© thĂ©ocratique. Dâailleurs, les moyennes par proclamateur ont connu un trĂšs bon accroissement, ce qui prouve que les frĂšres et les sĆurs, individuellement, font un meilleur travail quâavant 1981. DAVANTAGE DâINTĂRĂT POUR LE MESSAGE DU ROYAUME Pendant une courte pĂ©riode aprĂšs la guerre, les gens nâavaient pas le temps dâĂ©couter le message du Royaume. Au cours du conflit, beaucoup de promesses avaient Ă©tĂ© faites, et maintenant les gens espĂ©raient les voir se rĂ©aliser. Mais les choses ne se sont pas passĂ©es ainsi. BientĂŽt les rĂ©percussions de la guerre sont devenues Ă©videntes on notait un accroissement du crime et de la violence, choses presque inconnues dans le pays avant la guerre. Pour la premiĂšre fois, les pĂ©nuries devenaient un gros problĂšme. Les enlĂšvements et autres actions des dissidents rendaient certaines rĂ©gions dangereuses. Tout cela nâa pas Ă©tĂ© sans exercer une influence sur beaucoup, qui ont commencĂ© Ă se demander sĂ©rieusement si lâhomme Ă©tait capable de diriger ses propres affaires. Bon nombre de ces gens-âlĂ se sont alors rappelĂ© la position des TĂ©moins de JĂ©hovah durant la guerre, leur fidĂ©litĂ© au Royaume messianique de Dieu, qui est le seul remĂšde aux maux de lâhumanitĂ©. Voici ce quâune personne a Ă©crit Ă la SociĂ©tĂ© âJe mâopposais fortement Ă vous Ă cause de votre position pendant la guerre. Mais maintenant je me rends compte que vous ĂȘtes vraiment le peuple de Dieu.â Dâailleurs, la filiale nâavait jamais reçu autant de lettres demandant lâaide des TĂ©moins de JĂ©hovah que depuis la fin de la guerre. Par exemple, voici le contenu dâune lettre envoyĂ©e par une personne qui sâintĂ©ressait Ă la vĂ©ritĂ© âJâai Ă©tĂ© ravi dâapprendre une aussi bonne nouvelle, car avant quâun ami me donne ce livre jâavais lâhabitude de boire, de fumer et de mâoccuper de politique. Je me sentais esclave de toutes ces choses. Maintenant je me sens libre. Je voudrais Ă©tudier la Bible avec vous, sâil vous plaĂźt. Pouvez-âvous mâenvoyer une Bible pour que je puisse lâĂ©tudier avec lâaide des TĂ©moins de JĂ©hovah?â Les frĂšres dans les congrĂ©gations pourraient nous relater des faits semblables. Rabson Daniel, un surveillant de circonscription qui est dans le service Ă plein temps depuis 34 ans, rapporte que dans certaines rĂ©gions les gens venaient chez les frĂšres Ă la fin du mois pour leur demander des pĂ©riodiques. Une sĆur pionnier qui se prĂ©parait Ă aller distribuer des pĂ©riodiques les a tous placĂ©s Ă ceux qui Ă©taient venus Ă sa porte pour en obtenir. Un directeur dâĂ©cole a rĂ©cemment Ă©crit Ă la SociĂ©tĂ© pour lui demander 45 exemplaires dâun livre ou dâune brochure qui pourrait servir pour lâenseignement religieux. Dâune autre Ă©cole la filiale a reçu cette lettre âJe vous Ă©cris au nom du corps enseignant et des Ă©lĂšves de lâĂ©cole secondaire de Nyangani. FondĂ©e en 1981, notre Ă©cole est en plein dĂ©veloppement, et au cours des derniers mois nous avons entrepris de former une bibliothĂšque. Naturellement, nous estimons que lâinstruction religieuse est un aspect essentiel de lâenseignement. RĂ©cemment nous avons reçu en don quelques-unes de vos publications et nous avons constatĂ© quâelles rĂ©pondaient trĂšs bien Ă nos besoins. Ă prĂ©sent, nous aimerions avoir plus de renseignements. RĂ©veillez-vous!, notamment, est facile Ă lire et contient des articles trĂšs divers. âSi vous avez des brochures contenant les prix courants, elles nous seraient certainement utiles dans lâavenir.â TOUJOURS DES PROBLĂMES Bien sĂ»r, mĂȘme si la situation Ă©voluait, cela ne signifiait pas que les serviteurs de Dieu nâavaient plus de problĂšmes. Ils devaient faire face aux mĂȘmes difficultĂ©s que les autres. Certaines rĂ©gions restaient dangereuses Ă cause de lâaction antigouvernementale, et le crime et les alertes Ă la bombe nâavaient pas disparu. En outre, nos frĂšres devaient faire face Ă dâautres problĂšmes qui mettaient leur foi Ă lâĂ©preuve. Les organisations politiques locales voulaient obliger les TĂ©moins Ă sâoccuper de politique. Notre refus constant nous valait dâĂȘtre sans cesse harcelĂ©s, mais en contrepartie de nombreuses occasions sâoffraient Ă nous pour donner le tĂ©moignage devant les autoritĂ©s locales et devant diffĂ©rents groupes de gens. Ben Mapuranga, un surveillant de circonscription, nous explique que frĂšre Tauzen Brown a Ă©tĂ© amenĂ© devant une foule de plus de 400 personnes pour expliquer sa neutralitĂ©. En premier lieu, il a montrĂ© pourquoi il refusait de rĂ©pĂ©ter un slogan politique. Il a donnĂ© ensuite un excellent tĂ©moignage concernant le Royaume de Dieu et la neutralitĂ© chrĂ©tienne. AprĂšs quoi le prĂ©sident a demandĂ© Ă tous les TĂ©moins de JĂ©hovah prĂ©sents de se lever, puis il leur a posĂ© cette question âEst-âil vrai que vous non plus vous ne voulez pas prendre la carte du parti?â âOui!â ont-âils tous dĂ©clarĂ© avec enthousiasme. Ils ont ajoutĂ© âCar nous aussi nous sommes des ministres de Dieu.â Lâassistance a alors criĂ© quâil fallait les battre, mais le prĂ©sident a rĂ©pondu âIl ne faut pas les battre, ces gens sont innocents. Quâils rentrent chez eux. Ils ont expliquĂ© leur position.â LA POSITION DU GOUVERNEMENT ENVERS LES TĂMOINS Partout dans le pays, les groupes politiques locaux, et surtout les mouvements de la jeunesse, essayaient de forcer nos frĂšres Ă abandonner leur neutralitĂ©. NĂ©anmoins, la position officielle du gouvernement sur cette question Ă©tait trĂšs encourageante. La politique gĂ©nĂ©rale quâil avait adoptĂ©e Ă©tait de laisser les TĂ©moins de JĂ©hovah poursuivre tranquillement lâĆuvre du Royaume. Dans la premiĂšre partie de 1983, un rassemblement politique sâest tenu dans une certaine ville, et un ministre dâĂtat y Ă©tait prĂ©sent. AprĂšs son discours, on a donnĂ© au public la permission de poser des questions. Lâune dâelles portait sur les TĂ©moins de JĂ©hovah et leur refus de prendre part Ă des activitĂ©s politiques. Le ministre a demandĂ© Ă la foule âLes TĂ©moins de JĂ©hovah ont-âils combattu contre nous lors de notre lutte pour la libertĂ©?â âNon.â âCombattent-âils contre nous Ă prĂ©sent?â âNon.â âAlors laissez-âles tranquilles. Ils ne sont pas nos ennemis.â Dans dâautres parties du pays les mĂȘmes questions ont Ă©tĂ© soulevĂ©es et les rĂ©ponses ont Ă©tĂ© semblables Ă celle du ministre. âQUâILS POURSUIVENT LEUR ĆUVREâ Un fait rĂ©cent rapportĂ© par un surveillant de district, Caleb Mandiwanza, nous fera mieux comprendre lâattitude actuelle du gouvernement Ă lâĂ©gard de lâĆuvre du Royaume. Deux frĂšres habitant la campagne avaient Ă©tĂ© amenĂ©s devant les fonctionnaires du parti politique local pour quâils expliquent pourquoi ils refusaient la carte du parti. On nâaccepta pas leurs explications et on les conduisit au siĂšge du parti, dans une grande ville. De nouveau, les deux frĂšres ont pu exposer, Ă lâaide de la Bible, les raisons de leur position. Une fois de plus, les fonctionnaires ne savaient que faire. Ils rĂ©solurent de les renvoyer au bureau principal de la police. LĂ , on dĂ©cida de tĂ©lĂ©phoner au siĂšge du gouvernement, Ă Harare. Quelle fut la rĂ©ponse? âLe gouvernement connaĂźt cette organisation. Laissez partir ces hommes. Ne les accusez plus. Quâils poursuivent leur Ćuvre de prĂ©dication. Ne les inquiĂ©tez pas et ne les convoquez pas Ă vos rĂ©unions [politiques].â âPROGRĂS DE LA BONNE NOUVELLEâ Dans sa lettre Ă la congrĂ©gation de Philippes, lâapĂŽtre Paul disait que ce qui lui Ă©tait arrivĂ© avait âtournĂ© au progrĂšs de la bonne nouvelleâ. Phil. 112. Câest Ă©galement vrai de nos jours. Le fait que nous venons de relater a rendu possible un excellent tĂ©moignage dans la rĂ©gion oĂč habitent ces deux frĂšres. Une personne a quittĂ© officiellement sa religion et a demandĂ© dâĂ©tudier la Bible avec les TĂ©moins de JĂ©hovah. Le rĂ©cit suivant est encore plus probant. Kenias Chemere, un pionnier spĂ©cial, conduisait des Ă©tudes de la Bible avec des professeurs et des directeurs dâĂ©cole notamment. Parmi ces personnes, six se sont rendu compte que ce quâelles apprenaient Ă©tait la vĂ©ritĂ©. Aussi ont-âelles dĂ©missionnĂ© du parti politique local. Cela a dĂ©clenchĂ© la fureur de certains. Le conseiller municipal a pris lâaffaire en main et a ordonnĂ© Ă tous les TĂ©moins de JĂ©hovah de quitter sa juridiction dans un dĂ©lai de quelques semaines. Suivant une suggestion de la filiale, le pionnier spĂ©cial et le surveillant de circonscription, Steyn Madakuchekwa, ont portĂ© lâaffaire devant lâadministrateur du district. Puis la police a Ă©tĂ© saisie de la question. Finalement, le conseiller qui avait ordonnĂ© aux TĂ©moins de quitter la rĂ©gion a Ă©tĂ© averti de les laisser tranquilles. La mĂȘme consigne a Ă©tĂ© donnĂ©e au prĂ©sident du parti politique. Celui-ci a dit Ă frĂšre Chemere âVotre affaire est rĂ©glĂ©e. Nous avons reçu un sĂ©vĂšre avertissement.â Quel a Ă©tĂ© le rĂ©sultat de tout cela? Le âprogrĂšs de la bonne nouvelleâ. Plusieurs nouvelles Ă©tudes de la Bible ont Ă©tĂ© commencĂ©es. Ceux qui sâintĂ©ressaient dĂ©jĂ Ă la vĂ©ritĂ© se sont sentis poussĂ©s Ă prendre fermement position et certains se sont mĂȘme prĂ©parĂ©s au baptĂȘme. Bien que le pionnier spĂ©cial ait Ă©tĂ© nommĂ© dans un autre territoire, le surveillant de circonscription a insistĂ© pour quâil lui soit permis de rester Ă©tant donnĂ© que tout cela avait suscitĂ© beaucoup dâintĂ©rĂȘt pour le message du Royaume. Deux autres jeunes pionniers spĂ©ciaux qui ont connu rĂ©cemment une situation identique ont racontĂ© quels en ont Ă©tĂ© les rĂ©sultats. Ils ont Ă©crit âUn homme qui Ă©tait trĂšs hostile Ă toute la congrĂ©gation Ă cause de la question de la neutralitĂ© Ă©tudie Ă prĂ©sent la Bible avec nous. Il fait dâexcellents progrĂšs. Il a cessĂ© de fumer en une semaine, aprĂšs avoir fait usage du tabac pendant 25 ans. Quand il a appris que sa religion faisait partie de Babylone la Grande, il a rompu tout lien avec elle.â On pourrait relater bien dâautres rĂ©cits semblables qui attestent quâune grande porte a Ă©tĂ© ouverte qui donne accĂšs Ă lâactivitĂ©â. I Cor. 169. Nous remercions JĂ©hovah de nous avoir offert un territoire aussi productif. Mais Paul disait aussi âIl y a beaucoup dâadversaires.â Il faut sây attendre. Cependant, Ă©tant donnĂ© que le gouvernement nous protĂšge contre nos ennemis, la situation sâest beaucoup amĂ©liorĂ©e et nous jouissons dâune plus grande libertĂ©. ZĂLĂS POUR LES BELLES ĆUVRES Nos frĂšres ont rapidement tirĂ© parti des circonstances actuelles pour faire avancer les intĂ©rĂȘts du Royaume. Le Recueil dâhistoires bibliques a joui dâune trĂšs grande popularitĂ© parmi les Ă©lĂšves et les professeurs. Sheva Mawasu, un frĂšre qui est instituteur, a dĂ©clarĂ© âSelon le directeur, le Recueil dâhistoires bibliques est tout Ă fait en accord avec le programme dâinstruction religieuse. Je suis heureux de vous dire quâĂ prĂ©sent il utilise ce livre dans sa classe.â Tirant parti de la situation, ce frĂšre a pris des dispositions pour quâon se serve de la publication Comment apprendre Ă lire et Ă Ă©crire avec les Ă©lĂšves du cours Ă©lĂ©mentaire et du livre Votre jeunesse â Comment en tirer le meilleur parti avec ceux des classes supĂ©rieures. Un autre TĂ©moin plein dâinitiatives a dĂ©couvert comment surmonter un problĂšme Ă lâĂ©cole. Ce jeune frĂšre refusait de chanter des chants patriotiques et de dire la priĂšre avec les autres. Il ne voulait pas non plus prendre part Ă certaines distractions. Il nous raconte ce qui sâest passĂ© âQuand le directeur a appris que je refusais de chanter et de prier avec les autres, il mâa fait appeler dans son bureau. Je lui ai expliquĂ© les raisons de ma conduite. Je lui ai ensuite demandĂ© sâil voulait que nous chantions nos cantiques. Il a acceptĂ©. Peu aprĂšs, les enfants des TĂ©moins de JĂ©hovah, dâautres Ă©lĂšves et mĂȘme le professeur se sont mis Ă chanter le cantique Adore JĂ©hovah durant ta jeunesse!â.â Ce jeune frĂšre, Jerasi Nyakurita, servait comme pionnier auxiliaire pendant quâil Ă©tait Ă lâĂ©cole. Ă prĂ©sent il est pionnier permanent. UN INTĂRĂT ACCRU Toute cette activitĂ© dĂ©ployĂ©e par les proclamateurs, de mĂȘme que les excellents articles de La Tour de Garde et de RĂ©veillez-vous! ainsi que les autres publications ont Ă©veillĂ© un grand intĂ©rĂȘt pour le message du Royaume. Des lettres de remerciement ne cessent dâaffluer Ă la filiale. Voici par exemple ce quâa Ă©crit un jeune Ă©lĂšve dâune Ă©cole secondaire âJe ne vous remercierai jamais assez pour la bontĂ© que vous mâavez tĂ©moignĂ©e. Jâai lâimpression que câest Dieu lui-âmĂȘme qui mâa bĂ©ni. Je vous suis reconnaissant de mâavoir envoyĂ© votre messager fidĂšle et plein dâamour. Je dĂ©sire encourager tous les TĂ©moins de JĂ©hovah Ă poursuivre leur Ćuvre, y compris ceux qui travaillent Ă lâimpression de livres aussi utiles que celui qui sâintitule Comment choisir le meilleur mode de vie. Je ne trouve rien Ă critiquer dans aucun de vos ouvrages.â LĂ oĂč il nây a pas encore de TĂ©moins, certaines personnes qui sâintĂ©ressent depuis peu Ă la vĂ©ritĂ© emploient elles aussi les publications pour enseigner autrui. Lâune dâelles a envoyĂ© de lâargent pour recevoir quatre abonnements Ă La Tour de Garde. Dans sa lettre elle dĂ©clare âNous habitons une contrĂ©e reculĂ©e et nous avons commencĂ© Ă lire Nharire [La Tour de Garde en chona]. Nous vous demanderons bientĂŽt de nous envoyer un responsable pour nous aider. Nous sommes Ă peu prĂšs sept familles, soit environ 12 personnes.â MĂȘme les autoritĂ©s locales font Ă prĂ©sent bon accueil aux TĂ©moins. DerniĂšrement, un pionnier spĂ©cial a Ă©tĂ© nommĂ© dans un territoire isolĂ©. FrĂšre Chinamhora, qui possĂšde une propriĂ©tĂ© dans la rĂ©gion, est allĂ© voir les autoritĂ©s locales pour leur parler de la venue de ce pionnier. Le prĂ©sident du parti politique du village a dit Ă frĂšre Chinamhora âVoilĂ une bonne nouvelle. Amenez-âle-ânous, nous dirons au parti que nous allons avoir un prĂ©dicateur qui ira de maison en maison et quâil ne faut pas lâinquiĂ©ter.â Lâadjoint du chef de la localitĂ© a fait ce commentaire âCâest une bonne chose. La rĂ©gion sera remplie dâamour et la criminalitĂ© baissera.â Si vous Ă©tiez pionnier spĂ©cial, nâaimeriez-âvous pas ĂȘtre nommĂ© dans un tel territoire? LA SĂCHERESSE Au cours des trois derniĂšres annĂ©es, un problĂšme dâun nouveau genre sâest posĂ©. Comme plusieurs autres pays de lâhĂ©misphĂšre austral, le Zimbabwe est durement frappĂ© par la sĂ©cheresse. Cette sĂ©cheresse est la pire que lâon ait jamais connue. Dans certains endroits, les bĂȘtes meurent comme des mouches. Les animaux sauvages dĂ©pouillent les arbres de leur Ă©corce puis la mangent, afin de trouver un peu dâhumiditĂ©. Tous, y compris nos frĂšres, souffrent beaucoup de cette situation. Rapidement, des frĂšres et des sĆurs attentionnĂ©s ont pris des dispositions pour pourvoir aux besoins de leurs compagnons chrĂ©tiens durement touchĂ©s. Câest, entre autres, dans le cadre des circonscriptions que les secours sont maintenant organisĂ©s. Les surveillants de district discutent de la question avec les anciens aux assemblĂ©es de circonscription. Ils ont ensuite la responsabilitĂ© de rassembler les dons et de les faire parvenir lĂ oĂč les besoins sont plus importants. Cette disposition permet dâĂ©viter que des agents de la poste peu scrupuleux ne volent lâargent ou la nourriture envoyĂ©s. Plusieurs lettres exprimant la gratitude des frĂšres pour lâaide quâils ont reçue sont dĂ©jĂ parvenues Ă la filiale. Ă prĂ©sent que nous arrivons Ă la fin de ce rapport, nous avons lieu de nous rĂ©jouir. En effet, au cours des 24 annĂ©es Ă©coulĂ©es, nous nâavions jamais pu dĂ©passer notre maximum de 13 493 proclamateurs. Cependant, en avril 1984 nous avons dĂ©passĂ© ce chiffre, puisque nous Ă©tions 13 621 Ă prĂȘcher le Royaume. De plus, notre dernier maximum en pionniers permanents et auxiliaires Ă©tait de 1 191, mais en avril dernier il y en avait 2 114, presque le double. Au MĂ©morial de 1984, nous Ă©tions plus de 38 000 assistants, soit trois fois le nombre des proclamateurs et quelque 4 000 de plus quâen 1983, oĂč nous avions atteint un maximum de 33 914 personnes prĂ©sentes pour cet Ă©vĂ©nement. Vraiment, JĂ©hovah donne lâaccroissement. JĂHOVAH EST NOTRE SOUTIEN Lâexpression âAh! le bon vieux temps!â nâa pas sa place dans le vocabulaire du peuple de JĂ©hovah qui, lui, regarde vers lâavant. Nous avons trop de choses devant nous pour regretter le passĂ©. NĂ©anmoins, nous pouvons tirer profit dâun rapide retour en arriĂšre. Nous aboutirons Ă la mĂȘme conclusion que le roi David, qui dĂ©clarait en Psaume 3419 âNombreux sont les malheurs du juste, mais de tous JĂ©hovah le dĂ©livre.â Comme ces paroles se sont rĂ©vĂ©lĂ©es vraies au Zimbabwe! Quand on Ă©voque les jours dâautrefois, alors que lâĆuvre du Royaume commençait seulement Ă sâimplanter dans le pays, on pense aux vaillants frĂšres et sĆurs comme Nason Mukaronda, Robin Manyochi, Wilson Stima, Willie McGregor, les McLuckie et bien dâautres. MalgrĂ© les annĂ©es, ils restent toujours fermes dans la foi. Ă nâen pas douter, ils doivent ĂȘtre remplis de joie lorsquâils voient comment JĂ©hovah a soutenu son peuple au milieu de toutes ses Ă©preuves et lâa amenĂ© Ă goĂ»ter une telle prospĂ©ritĂ© spirituelle. Nous sommes reconnaissants aux autoritĂ©s gouvernementales qui ont adoptĂ© une excellente attitude envers notre Ćuvre. Nous prions pour ces autoritĂ©s âafin que nous continuions Ă mener une vie paisible et calme, avec piĂ©tĂ© et sĂ©rieux parfaitsâ. I Tim. 22. Mais en mĂȘme temps nous savons que câest JĂ©hovah qui protĂšge son peuple et le conduit avec amour vers la dĂ©livrance finale, dans son nouvel ordre de choses oĂč rĂ©gnera la justice. Quoi quâil puisse se passer, il sera notre âforteresse au temps de la dĂ©tresseâ et en tout temps parce que nous nous rĂ©fugions en lui. â Ps. 3739, 40. [Cartes, page 173] Voir la publication ZIMBABWE Chinhoyi Chutes Victoria Harare Hwange Mutare Bulawayo ZAMBIE BOTSWANA MOZAMBIQUE Ulongue Tete Milange Mocuba Beira MALAWI Mt. Mlanje Blantyre OCĂAN INDIEN [Illustration, page 114] En 1924 Hamilton Maseko Ă gauche commença Ă prĂȘcher Ă Bulawayo. Nason Mukaronda fut la premiĂšre personne Ă ĂȘtre baptisĂ©e dans ce pays en 1924. [Illustration, page 117] Wilson Stima 76 ans et Robin Manyochi 85 ans connurent la vĂ©ritĂ© dans les annĂ©es 1920. Tous deux sont pionniers spĂ©ciaux. [Illustration, page 119] Quelques membres de la famille McLuckie, qui participĂšrent activement aux dĂ©buts de lâĆuvre de prĂ©dication au Zimbabwe et au Malawi. [Illustration, page 122] Willie McGregor arriva au Zimbabwe en 1929 et joua un grand rĂŽle dans lâaffermissement de lâĆuvre du Royaume dans la rĂ©gion de Bulawayo. [Illustration, page 127] Eric Cooke ici avec sa femme, Myrtle devint le premier surveillant de la filiale du Zimbabwe. [Illustration, page 129] Une assemblĂ©e tenue au Zimbabwe lors de la visite de frĂšre Henschel en 1955. [Illustration, page 130] BaptĂȘmes Ă lâassemblĂ©e de 1955. [Illustration, page 143] John Miles que lâon voit ici avec sa femme, Val fut surveillant de district puis membre de la filiale de 1960 Ă 1979, annĂ©e oĂč ils furent envoyĂ©s au Lesotho pour y servir comme missionnaires. [Illustration, page 145] Des diplĂŽmĂ©s de lâĂcole de Galaad qui servent toujours au Zimbabwe. De gauche Ă droite, au deuxiĂšme plan George Bradley, Irene McBrine, Lester Davey, Keith Eaton, Don Morrison; au premier plan Ruby Bradley, John McBrine, Anne Eaton, Marj Morrison. [Illustration, page 146] Sizulu Khumalo, diplĂŽmĂ© de lâĂcole de Galaad, a apportĂ© une aide prĂ©cieuse aux frĂšres africains lorsquâil servait en tant que surveillant de circonscription et surveillant de district. [Illustration, page 151] AprĂšs avoir servi au Malawi, Hal et Joyce Bentley furent nommĂ©s au Zimbabwe. [Illustration, page 164] Le bĂątiment de la filiale du Zimbabwe, achevĂ© en 1973. [Illustration, page 195] Jeremiah Chesa fut liĂ© Ă un arbre oĂč on voulait le laisser mourir. [Illustration, page 203] John Hunguka qui fut torturĂ© avec un appareil Ă©lectrique et MichaĂ«l Chikara, tous deux surveillants itinĂ©rants. [Illustration, page 212] Lorsque Jeremiah Mupondi refusa de crier des slogans comme âĂ bas JĂ©sus!â, on lui coupa lâoreille.
La République du Zimbabwe est un pays d'Afrique australe, enclavé. Ce pays d'un peu plus de 15 millions d'habitants est entouré de la Zambie, de l'Afrique du Sud, du Botswana et du Mozambique. Sa capitale est Harare. Le Zimbabwe a acquis son indépendance en 1965, alors que le pays s'appelait encore Rhodésie du Sud. Il change de nom en 1980. La population est majoritairement chrétienne. Depuis la fin des années 90, l'économie zimbabwéenne a connu bien des turbulences, jusqu'à un épisode d'hyperinflation en 2008. Il a mené à une chute brutale du PIB et une augmentation de 72% des populations vivant sous le seuil de pauvreté Banque mondiale. La dollarisation de l'économie, en 2009, a permis de stabiliser l'inflation.
comment appelle t on les habitants du zimbabwe